
Le Conseil des ministres libanais s’est réuni jeudi à Baabda pour examiner un seul point à l’ordre du jour: la proposition américaine présentée par l’émissaire Tom Barrack. Cette initiative prend la forme d’un mémorandum diplomatique de sept pages, articlulé en trois chapitres, qui vise à établir un cessez-le-feu durable entre le Liban et Israël, tout en enclenchant une série de réformes sécuritaires et de politiques d’ampleur.
Les engagements libanais
Dans une publication sur la plateforme X, le Premier ministre Nawaf Salam a détaillé les objectifs énoncés dans l'introduction du document soumis par M. Barrack et adoptés par le gouvernement:
-
Mise en œuvre de l’accord de Taëf, de la Constitution libanaise et des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, notamment la résolution 1701. Le Liban doit étendre la souveraineté de l’État sur l’ensemble du territoire, renforcer les institutions légitimes et consacrer le monopole de l’État sur la décision de guerre et de paix ainsi que sur la détention des armes.
-
Garantie de la pérennité du cessez-le-feu, y compris la cessation de toutes les violations terrestres, aériennes et maritimes, via un processus structuré menant à une solution durable, globale et garantie.
-
Désarmement progressif de toutes les factions armées non étatiques, y compris le Hezbollah, sur l’ensemble du territoire libanais, au sud comme au nord du fleuve Litani, avec un soutien approprié à l’armée libanaise et aux Forces de sécurité intérieure.
-
Déploiement de l’armée libanaise dans les zones frontalières et les régions intérieures stratégiques, avec un soutien renforcé aux forces armées et sécuritaires.
-
Retrait d’Israël des cinq points contestés et résolution des différends frontaliers et des dossiers des prisonniers par des négociations indirectes et des voies diplomatiques.
-
Retour des habitants dans les localités et les villages frontaliers.
-
Retrait complet d’Israël du territoire libanais et cessation de toutes les hostilités, y compris les violations terrestres, aériennes et maritimes.
-
Délimitation permanente et visible de la frontière internationale entre le Liban et Israël.
-
Délimitation et définition définitive de la frontière entre le Liban et la Syrie.
-
Organisation d’une conférence économique internationale avec la participation des États-Unis, de la France, de l’Arabie saoudite, du Qatar et d’autres pays amis du Liban, afin de soutenir la reconstruction économique, conformément à la vision du président américain Donald Trump.
-
Soutien international accru aux forces de sécurité libanaises, notamment à l’armée, à travers la fourniture de moyens militaires adaptés à la mise en œuvre du plan et à la protection du territoire national.
أقرّت الحكومة اليوم "الأهداف" الواردة في مقدمة الورقة الأميركية لتثبيت وقف إطلاق النار التي استلمناها من السفير توم باراك، وهي:
1- تنفيذ لبنان لوثيقة الوفاق الوطني المعروفة بـ"اتفاق الطائف" والدستور اللبناني وقرارات مجلس الأمن وفي مقدمها القرار 1701 واتخاذ الخطوات الضرورية لبسط…
Une feuille de route en quatre phases
La feuille de route américaine, la plus détaillée jamais proposée sur ce dossier, s’organise en quatre phases successives.
Dans un premier temps, le gouvernement libanais est appelé à adopter, dans un délai de quinze jours, un décret actant son engagement officiel à procéder au désarmement complet du Hezbollah avant le 31 décembre 2025. En contrepartie, Israël devra cesser toutes ses opérations militaires sur le territoire libanais, qu’elles soient terrestres, aériennes ou maritimes.
La deuxième phase prévoit, dans un délai de soixante jours, l’approbation par le gouvernement libanais d’un plan de déploiement de l’armée libanaise, qui précisera les zones concernées ainsi que les objectifs opérationnels du processus de désarmement. Durant cette période, Israël entamera un retrait progressif des cinq positions militaires qu’il occupe toujours au sud du Liban. Des échanges de prisonniers, sous supervision du Comité international de la Croix-Rouge, sont également envisagés.
La troisième phase, qui doit s’achever dans les 90 jours suivant le début du processus, prévoit le retrait israélien des deux dernières positions restantes. Cette étape marquera également le début d’un vaste chantier de déblaiement et de réhabilitation des infrastructures dans les régions sinistrées, financé par des contributions internationales.
Enfin, la quatrième phase, à finaliser dans les 120 jours, portera sur le démantèlement des dernières armes lourdes encore détenues par le Hezbollah, notamment les missiles et les drones. À ce stade, une conférence économique internationale réunissant les États-Unis, la France, l’Arabie saoudite, le Qatar et d’autres partenaires du Liban sera organisée afin de soutenir l’effort de reconstruction et de relance économique.
Le retour de Tom Barrack
L’annonce du gouvernement a aussitôt fait réagir Tom Barrack, qui a salué une décision qu’il a qualifiée d’historique, estimant qu’elle concrétisait enfin le principe d’un État souverain disposant du monopole de la violence légitime. Il a également exprimé le soutien de l’administration Trump au gouvernement libanais dans la mise en œuvre de ce processus.
Selon plusieurs médias, M. Barrack devrait revenir à Beyrouth la semaine prochaine pour superviser l’avancement des discussions et accompagner les premières étapes de la mise en œuvre du calendrier, notamment l’adoption du décret attendu avant la mi-août. Ce retour marquerait une nouvelle phase diplomatique dans ce dossier particulièrement sensible, qui pourrait redéfinir les équilibres sécuritaires et politiques du pays.
Commentaires