Un double crime non résolu à Kfar Abida
Nada Raphaël et Joëlle Sfeir

Le lundi 13 décembre, en fin d’après-midi, deux corps d’hommes sans vie et une femme vivante, ligotée, traumatisée, enfermée dans une chambre d’une usine de Kfar Abida, ont été trouvés par les forces de l’ordre.



Entourée d’un petit champ d’oliviers, de quelques immeubles à une dizaine de mètres à vol d’oiseau, et dans le voisinage quasi-immédiat d'une petite usine de parpaing, l’usine de Kfar Abida est une installation en pierres, couverte d'un toit en fibre - comme sa production principale. C'est là où a été perpétré un double crime, dans un secteur situé à côté de l’ancien chemin de fer,
Il existe même un petit interstice entre les murs et le toit, qui permet de voir une usine encombrée de stock divers, mais où tout semble en ordre. Devant la portière blanche, en fer, de l’usine, une voiture est garée. Celle du propriétaire. Et à côté, sur une sorte de parapet, une paire de chaussures oubliée.

Et de là, un brouhaha : une usine avoisinante, des ouvriers, des voitures, le vent et le bruit de la mer… Et pourtant, personne n’a, semble-t-il, entendu quelque chose – ou en tout cas ils ont bien trop peur de le dire, pour ne pas, comme disent certains, avoir à se faire interroger par les forces de l’ordre.

Anis, membre de la police municipale, raconte "qu’en cette journée du 13 décembre, la femme de Joseph s’inquiète". "Son mari ne répond pas au téléphone, poursuit-il. Vers 16 heures, elle demande à un ami d’aller vérifier à l’usine si tout va bien. Cet ami sera le premier à découvrir la scène du crime. » Joseph, tué d’un coup de feu dans la poitrine, selon une source à l’hôpital gouvernemental de Batroun. Le sort de son employé Ahmad, Syrien, est bien pire: un corps inerte, couvert de plaies de plus de 27 coupures au couteau, selon la même source. Et dans un espace séparé, la secrétaire libanaise, ligotée, traumatisée, mais physiquement indemne.


Le crime aurait eu lieu dans la journée. L’heure est encore incertaine. Un voisin raconte ce que la secrétaire aurait dit dans l’ambulance: "Ils nous ont pris nos téléphones. J’ai crié longtemps mais personne ne m’a entendue." Les deux corps inertes des hommes sont transportés à l’hôpital gouvernemental de Batroun et la femme est examinée à Jbeil pour ensuite être accompagnée par les forces de l’ordre pour témoigner devant la juge Samaranda Nassar, chargée de l’enquête à Tripoli.

Police municipale, sûreté nationale, ambulanciers, pompiers, armée et la magistrate arrivent sur les lieux du crime vers 17h, lundi. L’enquête commence à porte fermée, jusqu’à 20h environ, selon Anis.



Depuis ce matin, l’enquête continue auprès des habitants et plusieurs voisins sont interpellés afin de répondre aux questions.

"Joseph était une personne courtoise, sérieuse, aimée de tout son entourage, même s’il n’était pas de la région, raconte un voisin. Il avait loué cette usine afin de fabriquer du fibre glass. Et comme tout le monde, en cette période difficile, il a dû remercier bon nombre de ses employés." D’autres parlent d’une histoire passionnelle et de crime d’honneur, ou encore d’une mauvaise affaire ou d’un vol de marchandise – tout de même peu probable, selon plusieurs voisins.
Aucun constat officiel n’est encore émis. L’enquête se poursuit.
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