Après trois ans de politique zéro-Covid, l'État chinois et les médias officiels ont effectué une volte-face spectaculaire, minimisant dorénavant la dangerosité du virus. L'assouplissement des restrictions sanitaires fait partie de la stratégie traditionnelle du parti, qui consiste à répondre aux manifestations "par la politique de la carotte et du bâton".
Depuis bientôt trois ans, Pékin applique une stricte politique sanitaire impliquant confinements à répétition et tests PCR devenus quasi-quotidiens. (AFP)
Récemment encore, la Covid était décrit comme une maladie très dangereuse dans les médias chinois, qui critiquaient la gestion chaotique de la pandémie à l'étranger. Mais alors que la Chine semble amorcer sa sortie du "zéro Covid", soudain tout semble moins grave.
"Ne soyez pas trop terrifiés, mais prenez aussi quelques précautions" contre le virus, a lancé ces derniers jours à ses lecteurs le Beijing Youth Daily, quotidien d'État de la capitale, en publiant des témoignages de convalescents.
Dans ce pays où la presse est presque exclusivement sous contrôle de l'État chinois, les médias n'ont pas tardé à suivre la nouvelle ligne officielle, une semaine après les manifestations historiques contre les restrictions sanitaires.
Depuis bientôt trois ans, Pékin applique une stricte politique sanitaire impliquant confinements à répétition et tests PCR devenus quasi-quotidiens. Mais la colère populaire pousse désormais les autorités à alléger ces mesures.
Cela s'accompagne d'un message officiel qui se veut plus rassurant sur la dangerosité du virus, le président chinois Xi Jinping reconnaissant lui-même que le pays peut dorénavant s'autoriser "plus de souplesse".
Le variant Omicron "n'a rien à voir avec le variant Delta de l'an dernier", assure le professeur de médecine Chong Yutian, de Canton, dans un article publié par le China Youth Daily.
"Après une infection au variant Omicron, la grande majorité des personnes n'auront aucun symptôme ou très légers, et très peu en auront de sévères, c'est déjà largement connu", ajoute-t-il.
De nombreuses manifestations ont eu lieu en Chine, contre la politique zéro Covid et la censure autour de la crise sanitaire. (AFP)
Vendredi, le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste au pouvoir, a cité plusieurs experts en santé se disant favorables aux décisions de certains gouvernements locaux d'autoriser les personnes testées positives à effectuer leur quarantaine chez elles - et non plus dans des centres spécialisés, au confort aléatoire.
C'est un changement radical par rapport à la norme en vigueur jusque-là.
"Il s'agit d'une sorte de propagande officielle pour préparer la population à plus d'assouplissements et donner au gouvernement les moyens de se retirer (de la politique zéro-Covid)", explique à l'AFP Willy Lam, expert en politique chinoise basé à Hong Kong.
Les médias permettent ainsi de préparer le terrain, mais aussi, si besoin, de reporter la faute sur les autorités locales, blâmées pour excès de zèle dans l'application des restrictions.
L'organisme chargé de la réponse face au virus a prévenu, dans le Quotidien du peuple samedi : les fonctionnaires locaux qui en ont trop fait seront "strictement tenus pour responsables".
"De nombreux responsables locaux vont être punis", prédit Willy Lam.
Un premier exemple est venu samedi de la province du Hunan (centre). Un responsable local de la sécurité a été expulsé du Parti communiste et licencié pour avoir agressé un habitant lors d'une altercation liée au confinement.
Les sociétés chargées de traiter les tests sont aussi montrées du doigt, les médias d'État ayant rapporté ces derniers jours plusieurs cas d'infractions qu'elles auraient commises.
Ces entreprises "seront les premières à être sacrifiées par le gouvernement", a estimé sur Twitter le blogueur politique chinois Jing Zhao, s'exprimant sous son nom de plume Michael Anti.
De quoi satisfaire "le souhait de certaines personnes de trouver des boucs émissaires", tandis que "l'abandon des tests PCR, pour les remplacer par des tests antigéniques moins sensibles, est plus logique avec Omicron et peut alléger la pression sur le contrôle de la pandémie".
L'appareil sécuritaire s'est mis en branle pour réprimer les manifestations, tandis qu'en parallèle les autorités ont annoncé un allègement des mesures anti-Covid (AFP)
Pour le gouvernement chinois, effectuer une volte-face après trois ans de propagande anxiogène autour du virus n'est pas chose aisée.
Mais il semble déjà retomber sur ses pieds, affirmant agir ainsi pour le bien de la population.
Alors que plusieurs autorités locales ont annoncé que les personnes âgées et ceux quittant rarement leur domicile seraient exemptés des tests PCR à grande échelle, l'agence d'État Chine Nouvelle s'est empressée de décrire cette mesure comme la preuve que "le gouvernement répond aux demandes du peuple".
Le Parti communiste chinois "admet que la politique du zéro Covid a mis en péril un pilier fondamental de sa légitimité : sa promesse de fournir un niveau de vie minimum aux citoyens", analyse pour l'AFP Diana Fu, professeure associée de sciences politiques à l'Université de Toronto.
Selon elle, l'assouplissement des restrictions sanitaires fait partie de la stratégie traditionnelle du parti, qui consiste à répondre aux manifestations "par la politique de la carotte et du bâton".
"Alors que l'appareil sécuritaire s'est mis en branle pour réprimer les manifestants, les gouvernements locaux font également des concessions en termes d'assouplissement des restrictions anti-Covid, pour faire retomber la pression."
Avec AFP
Depuis bientôt trois ans, Pékin applique une stricte politique sanitaire impliquant confinements à répétition et tests PCR devenus quasi-quotidiens. (AFP)
Récemment encore, la Covid était décrit comme une maladie très dangereuse dans les médias chinois, qui critiquaient la gestion chaotique de la pandémie à l'étranger. Mais alors que la Chine semble amorcer sa sortie du "zéro Covid", soudain tout semble moins grave.
"Ne soyez pas trop terrifiés, mais prenez aussi quelques précautions" contre le virus, a lancé ces derniers jours à ses lecteurs le Beijing Youth Daily, quotidien d'État de la capitale, en publiant des témoignages de convalescents.
Dans ce pays où la presse est presque exclusivement sous contrôle de l'État chinois, les médias n'ont pas tardé à suivre la nouvelle ligne officielle, une semaine après les manifestations historiques contre les restrictions sanitaires.
Depuis bientôt trois ans, Pékin applique une stricte politique sanitaire impliquant confinements à répétition et tests PCR devenus quasi-quotidiens. Mais la colère populaire pousse désormais les autorités à alléger ces mesures.
Cela s'accompagne d'un message officiel qui se veut plus rassurant sur la dangerosité du virus, le président chinois Xi Jinping reconnaissant lui-même que le pays peut dorénavant s'autoriser "plus de souplesse".
Le variant Omicron "n'a rien à voir avec le variant Delta de l'an dernier", assure le professeur de médecine Chong Yutian, de Canton, dans un article publié par le China Youth Daily.
"Après une infection au variant Omicron, la grande majorité des personnes n'auront aucun symptôme ou très légers, et très peu en auront de sévères, c'est déjà largement connu", ajoute-t-il.
Des boucs émissaires
De nombreuses manifestations ont eu lieu en Chine, contre la politique zéro Covid et la censure autour de la crise sanitaire. (AFP)
Vendredi, le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste au pouvoir, a cité plusieurs experts en santé se disant favorables aux décisions de certains gouvernements locaux d'autoriser les personnes testées positives à effectuer leur quarantaine chez elles - et non plus dans des centres spécialisés, au confort aléatoire.
C'est un changement radical par rapport à la norme en vigueur jusque-là.
"Il s'agit d'une sorte de propagande officielle pour préparer la population à plus d'assouplissements et donner au gouvernement les moyens de se retirer (de la politique zéro-Covid)", explique à l'AFP Willy Lam, expert en politique chinoise basé à Hong Kong.
Les médias permettent ainsi de préparer le terrain, mais aussi, si besoin, de reporter la faute sur les autorités locales, blâmées pour excès de zèle dans l'application des restrictions.
L'organisme chargé de la réponse face au virus a prévenu, dans le Quotidien du peuple samedi : les fonctionnaires locaux qui en ont trop fait seront "strictement tenus pour responsables".
"De nombreux responsables locaux vont être punis", prédit Willy Lam.
Un premier exemple est venu samedi de la province du Hunan (centre). Un responsable local de la sécurité a été expulsé du Parti communiste et licencié pour avoir agressé un habitant lors d'une altercation liée au confinement.
Les sociétés chargées de traiter les tests sont aussi montrées du doigt, les médias d'État ayant rapporté ces derniers jours plusieurs cas d'infractions qu'elles auraient commises.
Ces entreprises "seront les premières à être sacrifiées par le gouvernement", a estimé sur Twitter le blogueur politique chinois Jing Zhao, s'exprimant sous son nom de plume Michael Anti.
De quoi satisfaire "le souhait de certaines personnes de trouver des boucs émissaires", tandis que "l'abandon des tests PCR, pour les remplacer par des tests antigéniques moins sensibles, est plus logique avec Omicron et peut alléger la pression sur le contrôle de la pandémie".
La politique de la carotte et du bâton
L'appareil sécuritaire s'est mis en branle pour réprimer les manifestations, tandis qu'en parallèle les autorités ont annoncé un allègement des mesures anti-Covid (AFP)
Pour le gouvernement chinois, effectuer une volte-face après trois ans de propagande anxiogène autour du virus n'est pas chose aisée.
Mais il semble déjà retomber sur ses pieds, affirmant agir ainsi pour le bien de la population.
Alors que plusieurs autorités locales ont annoncé que les personnes âgées et ceux quittant rarement leur domicile seraient exemptés des tests PCR à grande échelle, l'agence d'État Chine Nouvelle s'est empressée de décrire cette mesure comme la preuve que "le gouvernement répond aux demandes du peuple".
Le Parti communiste chinois "admet que la politique du zéro Covid a mis en péril un pilier fondamental de sa légitimité : sa promesse de fournir un niveau de vie minimum aux citoyens", analyse pour l'AFP Diana Fu, professeure associée de sciences politiques à l'Université de Toronto.
Selon elle, l'assouplissement des restrictions sanitaires fait partie de la stratégie traditionnelle du parti, qui consiste à répondre aux manifestations "par la politique de la carotte et du bâton".
"Alors que l'appareil sécuritaire s'est mis en branle pour réprimer les manifestants, les gouvernements locaux font également des concessions en termes d'assouplissement des restrictions anti-Covid, pour faire retomber la pression."
Avec AFP
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