Pluie de sanctions contre l'Iran après l'exécution d'un manifestant
Après l'exécution du manifestant Mohsen Shekari, le Royaume-Uni et l'Union européenne ont décidé de renforcer les sanctions à l'égard de l'Iran. Les autorités iraniennes considèrent cependant avoir fait preuve "de la plus grande retenue face aux émeutes".

L'Iran s'est vu imposer de nouvelles sanctions vendredi après avoir procédé la veille à une première exécution liée au mouvement de contestation violemment réprimé depuis près de trois mois, entraînant de nouveaux appels à manifester.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé pour sa part que la République islamique faisait preuve "de la plus grande retenue face aux émeutes", en réponse aux réactions indignées de pays occidentaux après la pendaison d'un jeune homme pour son implication dans les manifestations.

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L'Iran est confronté à des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée après son arrestation par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique prévoyant notamment le port du voile pour les femmes.

Exécuté jeudi, Mohsen Shekari, 23 ans, avait été condamné à mort pour avoir bloqué une rue et blessé un paramilitaire au début des manifestations, à l'issue d'une procédure judiciaire dénoncée comme un procès-spectacle par des ONG de défense des droits humains.

L'annonce de cette exécution a provoqué de multiples condamnations à l'étranger, notamment des États-Unis et du Royaume-Uni, ainsi que de l'ONU.

Vendredi, le Royaume-Uni a annoncé avoir sanctionné 30 entités ou personnalités originaires de 11 pays parmi lesquels l'Iran, incluant des responsables iraniens accusés d'infliger des "peines choquantes" à des manifestants anti-régime.

L'Union européenne s'apprête elle à ajouter sur sa liste noire 20 personnes et une entité iraniennes pour sanctionner les violations des droits humains commises en Iran lors de la répression des manifestations, ont indiqué vendredi des sources diplomatiques à Bruxelles.

Amnesty International s'est dite "horrifiée" par la pendaison de Mohsen Shekari, une exécution qui "met en évidence l'inhumanité" du système judiciaire iranien, où "de nombreuses autres personnes risquent de subir le même sort", a déploré Amnesty.


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Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l'ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo, a de son côté appelé à une forte réaction internationale pour dissuader la République islamique de procéder à d'autres exécutions.

Pour sa part, le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé dans un communiqué jeudi soir que l'Iran avait fait preuve "de la plus grande retenue face aux émeutes". Et "contrairement à de nombreux régimes occidentaux qui répriment violemment, même les manifestants pacifiques", l'Iran a recours à "des méthodes anti-émeutes mesurées", a-t-il ajouté.
"Mort au dictateur"

L'exécution de Shekari a déclenché de nouvelles manifestations et des appels à protester. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des manifestants sont descendus dans la rue où Shekari avait été arrêté, en criant "Ils ont emmené notre Mohsen et ont ramené son corps", dans une vidéo publiée par le média en ligne 1500tasvir.

Au cours d'une autre manifestation dans le quartier de Chitgar à Téhéran, des manifestants ont scandé "Mort au dictateur" et "Mort à Sepah", en référence au guide suprême Ali Khamenei et aux Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran.

Hamed Esmaeilion, un militant irano-canadien qui a organisé des manifestations de masse à Berlin, à Paris et dans d'autres villes, a annoncé d'autres rassemblements ce weekend: "Quelles que soient les croyances et les idéologies, rejoignons ces rassemblements pour protester contre l'exécution terrifiante de #MohsenShekari", a-t-il tweeté.

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L'exécution de Shekari s'est produite avec une telle précipitation que sa famille attend toujours de connaître le résultat de son appel, a relevé 1500tasvir, qui a diffusé des images présentées comme le moment où sa famille a appris la nouvelle de l'exécution devant sa maison à Téhéran. Elles montrent une femme criant maintes fois "Mohsen !"

Selon l'IHR, les forces de sécurité iraniennes ont tué au moins 458 manifestants depuis le début du mouvement de contestation. Au lendemain de l'exécution de Mohsen Shekari, une dizaine d'autres personnes au moins risquent également la pendaison après avoir été condamnées à mort pour leur implication dans les manifestations, ont averti des ONG de défense des droits humains.

Avec AFP
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