©Le chef du CPL, Gebran Bassil, a été reçu jeudi dans la matinée par le patriarche Béchara Raï. (Photo al-Markaziya)
Le fondateur et le chef du CPL, Michel Aoun et Gebran Bassil, lâchés ponctuellement par le Hezbollah, se tournent vers Bkerké, où ils se sont rendus séparément venredi.
«Lâché» ponctuellement par son allié chiite, le Hezbollah, qui lui a servi de levier pendant toute la durée du mandat de l’ex-président Michel Aoun, le camp aouniste, en quête d’un nouvel appui tactique, se tourne maintenant vers Bkerké et espère, à travers le patriarcat, atteindre les Forces libanaises. Totalement isolés sur la scène politique locale, Michel Aoun et le chef du parti qu’il a fondé, le Courant patriotique libre, Gebran Bassil, ont entamé vendredi un pèlerinage au siège du patriarcat maronite. M. Bassil y a été reçu dans la matinée alors que Michel Aoun lui a emboîté le pas en fin d’après-midi. Deux visites séparées donc, mais avec un même objectif – opportuniste, est-on tenté d’ajouter – qui s’inscrit dans le prolongement de la campagne menée par le CPL contre le Hezbollah dans le double dossier de la présidentielle et des Conseils des ministres appelés à se tenir en l’absence d’un président: constituer un bloc chrétien capable de peser au niveau de l’élection d’un nouveau chef de l’État et former un barrage devant les tentatives de banaliser le vide à la tête de l’État par le biais des Conseils des ministres convoqués pour plancher sur des dossiers jugés urgents ou qui s’inscrivent dans le cadre de l’expédition des affaires courantes.
Pourtant, si le Liban se trouve aujourd’hui dans une situation de blocage inédit avec un vide total au niveau de l’Exécutif, c’est en grande partie à cause du camp aouniste, qui avait mis des bâtons dans les roues du processus de formation d’un nouveau gouvernement lorsqu’il avait cherché à imposer au Premier ministre désigné, Najib Mikati, une mouture ministérielle qui lui aurait permis de gagner en termes de pouvoir, ce qu’il aurait perdu à ce niveau avec la fin du sexennat et l’élection d’un remplaçant à Michel Aoun.
Idem pour la présidentielle. Alors qu’il crie au scandale à cause d’une atteinte, «inacceptable», selon lui, à la Constitution, le bloc du CPL est engagé à fond dans la mascarade électorale qui se joue chaque jeudi, au Parlement. Il fait partie de ce groupe de députés qui s’amusent à balancer dans l’urne des slogans, des noms qui ne veulent rien dire, des bulletins blancs ou encore à provoquer un défaut de quorum. Tout cela pour arracher au camp adverse, un consensus autour d’un candidat dit de compromis, c’est-à-dire incolore, inodore et dont la qualité principale serait de ne pas bousculer les habitudes politiciennes des forces aujourd’hui aux commandes du pays.
Contrecarrer Nabih Berry
À Bkerké, Gebran Bassil, en froid depuis quelque temps avec le Hezbollah parce que ce dernier soutient la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, à la tête de l’État, ainsi que les réunions du gouvernement d’expédition des affaires courantes, a joué la carte de la coordination et de l’ouverture politiques, proposant la tenue d’un dialogue inter-chrétien et tendant la main dans ce but à son rival chrétien, les Forces libanaises. Une proposition qui vise surtout à couper l’herbe sous le pied du président de la Chambre, Nabih Berry, qui avait annoncé jeudi vouloir consacrer la dixième réunion électorale, le 15 décembre, à un dialogue interparlementaire si jamais les concertations qu’il envisage d’engager d’ici là avec les blocs parlementaires au sujet de la présidentielle, n’aboutissent pas. Gebran Bassil table sur les réserves de Bkerké et des FL au sujet de ces deux dossiers, pour essayer de constituer un front face à celui du tandem Amal-Hezbollah. Un front à travers lequel il espère jouer un rôle de faiseur de président.
Si le patriarche maronite a salué l’appel au dialogue qui représente, selon lui, «la voie vers une solution», il a mis en relief la difficulté de convoquer des assises chrétiennes élargies. «Nous sommes des partisans d’un dialogue auquel j’appelle depuis 2009, dans la mesure où celui-ci représente la voie vers une solution. Qu’il s’agisse d’un dialogue bilatéral, entre chaque partie et nous-mêmes, ou multilatéral, entre les parties concernées. Mais un dialogue multilatéral fait face à des difficultés», a-t-il souligné à la presse au terme de la réunion, répondant ainsi indirectement à l’appel de Gebran Bassil pour des concertations inter-chrétiennes.
«Nous avons discuté avec le patriarche des moyens de parvenir à un consensus autour d’un candidat à la présidence de la République, qui puisse bénéficier de l’appui des deux tiers ou de la majorité simple (la moitié plus un) des députés. (…) J’ai réaffirmé devant le patriarche la nécessité de fournir des efforts en vue de parvenir à une position unifiée et à nous entendre sur un nom ou une série de noms de candidats afin de briser cet immobilisme. Nous sommes ouverts à toutes les parties, contrairement à d’autres que nous ne pouvons pas obliger » à s’entendre avec nous, a dit Gebran Bassil au terme de l’entretien, dans une déclaration à la presse, en allusion aux Forces libanaises.
Les FL, qui détiennent le plus grand bloc parlementaire chrétien, soutiennent, avec d’autres députés indépendants, la candidature du député Michel Moawad. Elles ont déjà fait savoir qu’il n’est pas question pour elles de s’engager dans le bazar proposé par le camp du 8 Mars, pour une entente autour d’un candidat et de rééditer ainsi l’expérience désastreuse de l’élection de Michel Aoun à la tête de l’État en 2016, fruit d’une entente politique entre les principales parties politiques de l’époque.
Même si elles partagent les réserves exprimées par le CPL au sujet de la convocation d’un Conseil des ministres en l’absence d’un président, cette convergence de positions n’est pas suffisante pour justifier un front commun avec le parti que préside Gebran Bassil, une formation qui façonne et change ses alliances au gré de ses intérêts.
La solution à ce que Michel Aoun a laconiquement désigné par une «atteinte énorme à la Constitution et au Pacte national», réside dans l’élection d’un président qui pourra mettre en place un nouveau gouvernement. Ce que ni le CPL ni le tandem Amal-Hezbollah envisagent pour le moment.
Ce dossier a été longuement discuté par l’ancien président qui a dit «ne pas avoir abordé le dossier de la présidentielle avec Mgr Raï». Pour le patriarche, le Conseil des ministres qui s’était tenu lundi pour discuter de dossiers urgents, notamment les sommes dues aux hôpitaux, «n’était pas supposé se tenir, d’autant que plusieurs parties y étaient absentes», en référence au boycottage des ministres proches du CPL.
Gebran Bassil avait à son tour dénoncé «une atteinte grave et énorme» à la Constitution et jugé que «toutes les parties, chrétiennes et musulmanes, assumeront une responsabilité historique si elles se taisent sur ce qui s’est passé». Il a stigmatisé la signature de dix décrets qui ne portent pas celle d’un président, ce qui équivaut à supprimer cette fonction». Dans sa critique, le chef du CPL s’est contenté de s’en prendre au fait et non pas à ceux qui en sont responsables, ce qui a poussé un journaliste à l’interroger sur le point de savoir si la guerre entre le Hezbollah et lui est terminée au stade d’échanges de communiqués. «La balle est dans leur camp. Je suis un homme pacifique», a-t-il répondu, en annonçant qu’il «poursuivra ses démarches au double plan interne et externe», mais qu’il n’en dira pas davantage pour le moment.
«Lâché» ponctuellement par son allié chiite, le Hezbollah, qui lui a servi de levier pendant toute la durée du mandat de l’ex-président Michel Aoun, le camp aouniste, en quête d’un nouvel appui tactique, se tourne maintenant vers Bkerké et espère, à travers le patriarcat, atteindre les Forces libanaises. Totalement isolés sur la scène politique locale, Michel Aoun et le chef du parti qu’il a fondé, le Courant patriotique libre, Gebran Bassil, ont entamé vendredi un pèlerinage au siège du patriarcat maronite. M. Bassil y a été reçu dans la matinée alors que Michel Aoun lui a emboîté le pas en fin d’après-midi. Deux visites séparées donc, mais avec un même objectif – opportuniste, est-on tenté d’ajouter – qui s’inscrit dans le prolongement de la campagne menée par le CPL contre le Hezbollah dans le double dossier de la présidentielle et des Conseils des ministres appelés à se tenir en l’absence d’un président: constituer un bloc chrétien capable de peser au niveau de l’élection d’un nouveau chef de l’État et former un barrage devant les tentatives de banaliser le vide à la tête de l’État par le biais des Conseils des ministres convoqués pour plancher sur des dossiers jugés urgents ou qui s’inscrivent dans le cadre de l’expédition des affaires courantes.
Pourtant, si le Liban se trouve aujourd’hui dans une situation de blocage inédit avec un vide total au niveau de l’Exécutif, c’est en grande partie à cause du camp aouniste, qui avait mis des bâtons dans les roues du processus de formation d’un nouveau gouvernement lorsqu’il avait cherché à imposer au Premier ministre désigné, Najib Mikati, une mouture ministérielle qui lui aurait permis de gagner en termes de pouvoir, ce qu’il aurait perdu à ce niveau avec la fin du sexennat et l’élection d’un remplaçant à Michel Aoun.
Idem pour la présidentielle. Alors qu’il crie au scandale à cause d’une atteinte, «inacceptable», selon lui, à la Constitution, le bloc du CPL est engagé à fond dans la mascarade électorale qui se joue chaque jeudi, au Parlement. Il fait partie de ce groupe de députés qui s’amusent à balancer dans l’urne des slogans, des noms qui ne veulent rien dire, des bulletins blancs ou encore à provoquer un défaut de quorum. Tout cela pour arracher au camp adverse, un consensus autour d’un candidat dit de compromis, c’est-à-dire incolore, inodore et dont la qualité principale serait de ne pas bousculer les habitudes politiciennes des forces aujourd’hui aux commandes du pays.
Contrecarrer Nabih Berry
À Bkerké, Gebran Bassil, en froid depuis quelque temps avec le Hezbollah parce que ce dernier soutient la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, à la tête de l’État, ainsi que les réunions du gouvernement d’expédition des affaires courantes, a joué la carte de la coordination et de l’ouverture politiques, proposant la tenue d’un dialogue inter-chrétien et tendant la main dans ce but à son rival chrétien, les Forces libanaises. Une proposition qui vise surtout à couper l’herbe sous le pied du président de la Chambre, Nabih Berry, qui avait annoncé jeudi vouloir consacrer la dixième réunion électorale, le 15 décembre, à un dialogue interparlementaire si jamais les concertations qu’il envisage d’engager d’ici là avec les blocs parlementaires au sujet de la présidentielle, n’aboutissent pas. Gebran Bassil table sur les réserves de Bkerké et des FL au sujet de ces deux dossiers, pour essayer de constituer un front face à celui du tandem Amal-Hezbollah. Un front à travers lequel il espère jouer un rôle de faiseur de président.
Si le patriarche maronite a salué l’appel au dialogue qui représente, selon lui, «la voie vers une solution», il a mis en relief la difficulté de convoquer des assises chrétiennes élargies. «Nous sommes des partisans d’un dialogue auquel j’appelle depuis 2009, dans la mesure où celui-ci représente la voie vers une solution. Qu’il s’agisse d’un dialogue bilatéral, entre chaque partie et nous-mêmes, ou multilatéral, entre les parties concernées. Mais un dialogue multilatéral fait face à des difficultés», a-t-il souligné à la presse au terme de la réunion, répondant ainsi indirectement à l’appel de Gebran Bassil pour des concertations inter-chrétiennes.
«Nous avons discuté avec le patriarche des moyens de parvenir à un consensus autour d’un candidat à la présidence de la République, qui puisse bénéficier de l’appui des deux tiers ou de la majorité simple (la moitié plus un) des députés. (…) J’ai réaffirmé devant le patriarche la nécessité de fournir des efforts en vue de parvenir à une position unifiée et à nous entendre sur un nom ou une série de noms de candidats afin de briser cet immobilisme. Nous sommes ouverts à toutes les parties, contrairement à d’autres que nous ne pouvons pas obliger » à s’entendre avec nous, a dit Gebran Bassil au terme de l’entretien, dans une déclaration à la presse, en allusion aux Forces libanaises.
Les FL, qui détiennent le plus grand bloc parlementaire chrétien, soutiennent, avec d’autres députés indépendants, la candidature du député Michel Moawad. Elles ont déjà fait savoir qu’il n’est pas question pour elles de s’engager dans le bazar proposé par le camp du 8 Mars, pour une entente autour d’un candidat et de rééditer ainsi l’expérience désastreuse de l’élection de Michel Aoun à la tête de l’État en 2016, fruit d’une entente politique entre les principales parties politiques de l’époque.
Même si elles partagent les réserves exprimées par le CPL au sujet de la convocation d’un Conseil des ministres en l’absence d’un président, cette convergence de positions n’est pas suffisante pour justifier un front commun avec le parti que préside Gebran Bassil, une formation qui façonne et change ses alliances au gré de ses intérêts.
La solution à ce que Michel Aoun a laconiquement désigné par une «atteinte énorme à la Constitution et au Pacte national», réside dans l’élection d’un président qui pourra mettre en place un nouveau gouvernement. Ce que ni le CPL ni le tandem Amal-Hezbollah envisagent pour le moment.
Ce dossier a été longuement discuté par l’ancien président qui a dit «ne pas avoir abordé le dossier de la présidentielle avec Mgr Raï». Pour le patriarche, le Conseil des ministres qui s’était tenu lundi pour discuter de dossiers urgents, notamment les sommes dues aux hôpitaux, «n’était pas supposé se tenir, d’autant que plusieurs parties y étaient absentes», en référence au boycottage des ministres proches du CPL.
Gebran Bassil avait à son tour dénoncé «une atteinte grave et énorme» à la Constitution et jugé que «toutes les parties, chrétiennes et musulmanes, assumeront une responsabilité historique si elles se taisent sur ce qui s’est passé». Il a stigmatisé la signature de dix décrets qui ne portent pas celle d’un président, ce qui équivaut à supprimer cette fonction». Dans sa critique, le chef du CPL s’est contenté de s’en prendre au fait et non pas à ceux qui en sont responsables, ce qui a poussé un journaliste à l’interroger sur le point de savoir si la guerre entre le Hezbollah et lui est terminée au stade d’échanges de communiqués. «La balle est dans leur camp. Je suis un homme pacifique», a-t-il répondu, en annonçant qu’il «poursuivra ses démarches au double plan interne et externe», mais qu’il n’en dira pas davantage pour le moment.
Lire aussi
Commentaires