La circulaire 161 atteindra-t-elle son objectif?
La circulaire 161 de la Banque du Liban du 16 décembre, qui parait être un montage compliqué et technique, présente de nombreuses zones d’ombre. Avant d’essayer de déchiffrer les intentions de la BDL et les avantages potentiels pour les clients, on peut en déduire ce qui suit: cette circulaire n’est autre qu’un moyen déguisé d’intervenir sur le marché en vendant des dollars pour enrayer la hausse et donner aux déposants des dollars décotés encore une fois, avec un montant très plafonné. Et ces mêmes dollars font probablement partie des réserves obligatoires à la BDL qu’elle a décidé d’utiliser contrairement à sa position récente qui dit qu’il ne fallait pas toucher aux 14 milliards de dollars qui restent.

Le but annoncé est de retirer des livres libanaises du marché pour arrêter la spéculation, ce qui est très étrange pour deux raisons:
1- La BDL n’a fait qu’imprimer des livres depuis la crise, ce qui a augmenté l’offre 7 fois, à 48 trillions de livres.
2- Quand une banque centrale vend des dollars sur le marché, elle n’achète pas obligatoirement la monnaie locale en échange.


En grande partie, cette décision est politique et le but est de réduire la pression sur le gouvernement; la preuve est qu’elle a été décidée mardi après une réunion avec le Premier ministre. La BDL n’est-elle pas censée être indépendante de par la loi, comme toutes les banques centrales du monde libre?

En fait, cette décision risque d’avoir l’effet contraire car les déposants, prévoyant que le dollar va poursuivre sa hausse, vont avoir tendance à stocker ces dollars qu’ils encaissent des banques, au lieu de les écouler sur le marché, pour les revendre plus tard à 30 ou 40 mille livres, et le but de la BDL ne sera atteint qu’à moitié. Les banques elles-mêmes, n’ayant pas compris cette gymnastique, n’ont pas appliqué la mesure le premier jour après la circulaire et sont perdues. De leur côté, les déposants, qui auront 8 jours ouvrables pour profiter de cette circulaire avant la fin de l’année, vont se bousculer aux guichets des banques pour essayer de profiter de ce petit pécule. En parallèle, la circulaire 158 est de nouveau remise sur le tapis car ses 400 dollars reçus en livres libanaises vont maintenant en principe faire partie des dispositions de cette circulaire 161. De quoi donner le tournis.
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