Au début de sa vie, le nourrisson se trouve en fusion totale avec son environnement dont la figure principale est celle de sa mère.
Entre eux, un lien essentiel va se nouer qui permettra à la mère d’assurer les soins psychosomatiques indispensables à la croissance de son enfant et à l’émergence des sentiments de sécurité, d’omnipotence et de plénitude chez lui. C’est une relation de type narcissique enveloppante durant laquelle la libido du nourrisson est tournée vers sa personne propre. Il est l’objet de son amour et le lieu de tous les plaisirs que son environnement lui procure. Ce stade, appelé narcissisme primaire, est fondamental pour l’éclosion du vrai self (Winnicott), alors même que le bébé n’en a pas encore conscience. Il est à la base de la construction de la confiance en soi et de la capacité à affronter les difficultés futures. Dans le cas où cette relation symbiotique manque son but, si, par exemple, l’environnement est défaillant, l’évolution psychosomatique de l’enfant se trouvera largement perturbée.
Progressivement la symbiose ira en s’atténuant, élargissant la perception de l’univers du nourrisson au-delà de sa mère, elle-même se décentrant à son tour de la fusion pour se tourner plus souvent vers ses propres activités. Pour l’enfant, ce sera une période de deuil narcissique, étape nécessaire pour atteindre le stade suivant. Toutefois, le narcissisme primaire, s’il s’atténue, n’en demeure pas moins latent, resurgissant, par exemple lors de crises profondes qu’un sujet peut traverser à certains moments de précarité existentielle.
Freud illustre cette étape par le jeu de la bobine observée chez son petit-fils, inaugurant le processus de symbolisation. L’enfant jouait avec une bobine reliée à un fil. Il s’amusait à la faire tantôt disparaître en prononçant «Fort» (partie) et tantôt la faisant réapparaitre en disant «Da» (revenue) avec un plaisir évident. Ce jeu inaugure deux nouvelles acquisitions: une maîtrise pulsionnelle lui permettant d’apprivoiser l’absence de sa mère, ayant acquis un sentiment suffisant de sécurité pour ne plus en être angoissé, ainsi que la mise en route d’un processus de symbolisation annonciateur d’une subjectivation en cours ouvrant ainsi l’avènement du narcissisme secondaire. L’amour de l’enfant se déplacera vers un objet extérieur – la mère dans le plus souvent des cas –, fort des capacités développées durant le stade du narcissisme primaire. Il investira cet objet affectivement, dans l’ambivalence des sentiments d’amour et de haine, comme tout d’objet d’amour, présent ou futur. Ce stade constituera une importante évolution vers une augmentation de l’intensité des échanges relationnels.
Un stade qui servira de charnière entre le narcissisme primaire et le narcissisme secondaire est celui que J. Lacan a élaboré sous l’appellation de stade du miroir, analogue dans une certaine mesure à la découverte par Narcisse de son image dans la source.
En se regardant dans le miroir, entre six et dix-huit mois, l’enfant, porté par sa mère, reconnait son image comme étant la sienne et se voit confirmer cette perception dans le regard de sa mère: «Oui c’est bien toi.» Sa perception antérieure se situait dans une indifférenciation avec son environnement, maintenant il perçoit son corps, dans une sorte de fulgurance, comme une totalité unifiée. Il en jubile et son désir est de partager cette jubilation narcissique avec sa mère.
Comme Narcisse, l’enfant ne se reconnaît pas d’abord dans le miroir parce qu’il se perçoit comme quelqu’un d’autre. Puis il comprend que cette image est lui-même. C’est néanmoins une perception qui demeure fugitive bien que déterminante des changements futurs: elle anticipe l’appréhension par l’enfant de son futur «je», autrement dit d’un je sujet de l’inconscient.
Ce stade comporte deux aspects: l’un de plaisir jubilatoire à la reconnaissance de son image, l’autre est plus mystérieux puisque qu’il met l’enfant sous la dépendance de sa confirmation par l’autre, dépendance porteuse d’angoisse et d’aliénation.
On peut dire qu’au fond, le vrai miroir est le regard porté par l’autre sur l’enfant, regard narcissisant ou au contraire dévalorisant. D. Winnicott situe ce phénomène à l’aube de la vie.
Entre eux, un lien essentiel va se nouer qui permettra à la mère d’assurer les soins psychosomatiques indispensables à la croissance de son enfant et à l’émergence des sentiments de sécurité, d’omnipotence et de plénitude chez lui. C’est une relation de type narcissique enveloppante durant laquelle la libido du nourrisson est tournée vers sa personne propre. Il est l’objet de son amour et le lieu de tous les plaisirs que son environnement lui procure. Ce stade, appelé narcissisme primaire, est fondamental pour l’éclosion du vrai self (Winnicott), alors même que le bébé n’en a pas encore conscience. Il est à la base de la construction de la confiance en soi et de la capacité à affronter les difficultés futures. Dans le cas où cette relation symbiotique manque son but, si, par exemple, l’environnement est défaillant, l’évolution psychosomatique de l’enfant se trouvera largement perturbée.
Progressivement la symbiose ira en s’atténuant, élargissant la perception de l’univers du nourrisson au-delà de sa mère, elle-même se décentrant à son tour de la fusion pour se tourner plus souvent vers ses propres activités. Pour l’enfant, ce sera une période de deuil narcissique, étape nécessaire pour atteindre le stade suivant. Toutefois, le narcissisme primaire, s’il s’atténue, n’en demeure pas moins latent, resurgissant, par exemple lors de crises profondes qu’un sujet peut traverser à certains moments de précarité existentielle.
Freud illustre cette étape par le jeu de la bobine observée chez son petit-fils, inaugurant le processus de symbolisation. L’enfant jouait avec une bobine reliée à un fil. Il s’amusait à la faire tantôt disparaître en prononçant «Fort» (partie) et tantôt la faisant réapparaitre en disant «Da» (revenue) avec un plaisir évident. Ce jeu inaugure deux nouvelles acquisitions: une maîtrise pulsionnelle lui permettant d’apprivoiser l’absence de sa mère, ayant acquis un sentiment suffisant de sécurité pour ne plus en être angoissé, ainsi que la mise en route d’un processus de symbolisation annonciateur d’une subjectivation en cours ouvrant ainsi l’avènement du narcissisme secondaire. L’amour de l’enfant se déplacera vers un objet extérieur – la mère dans le plus souvent des cas –, fort des capacités développées durant le stade du narcissisme primaire. Il investira cet objet affectivement, dans l’ambivalence des sentiments d’amour et de haine, comme tout d’objet d’amour, présent ou futur. Ce stade constituera une importante évolution vers une augmentation de l’intensité des échanges relationnels.
Un stade qui servira de charnière entre le narcissisme primaire et le narcissisme secondaire est celui que J. Lacan a élaboré sous l’appellation de stade du miroir, analogue dans une certaine mesure à la découverte par Narcisse de son image dans la source.
En se regardant dans le miroir, entre six et dix-huit mois, l’enfant, porté par sa mère, reconnait son image comme étant la sienne et se voit confirmer cette perception dans le regard de sa mère: «Oui c’est bien toi.» Sa perception antérieure se situait dans une indifférenciation avec son environnement, maintenant il perçoit son corps, dans une sorte de fulgurance, comme une totalité unifiée. Il en jubile et son désir est de partager cette jubilation narcissique avec sa mère.
Comme Narcisse, l’enfant ne se reconnaît pas d’abord dans le miroir parce qu’il se perçoit comme quelqu’un d’autre. Puis il comprend que cette image est lui-même. C’est néanmoins une perception qui demeure fugitive bien que déterminante des changements futurs: elle anticipe l’appréhension par l’enfant de son futur «je», autrement dit d’un je sujet de l’inconscient.
Ce stade comporte deux aspects: l’un de plaisir jubilatoire à la reconnaissance de son image, l’autre est plus mystérieux puisque qu’il met l’enfant sous la dépendance de sa confirmation par l’autre, dépendance porteuse d’angoisse et d’aliénation.
On peut dire qu’au fond, le vrai miroir est le regard porté par l’autre sur l’enfant, regard narcissisant ou au contraire dévalorisant. D. Winnicott situe ce phénomène à l’aube de la vie.
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