«Bagdad II» invite l'Iran à laisser l'Irak tranquille
Un Irak libre et indépendant de toute influence étrangère. Voilà ce qu'ont souhaité une majorité de pays participants au sommet "Bagdad II" qui s'est tenu en Jordanie ce 20 décembre. Beaucoup craignent, en effet, de voir l'Iran devenir trop influent chez son voisin, dont le nouveau gouvernement lui est très explicitement favorable.

La France et des acteurs régionaux ont appelé mardi l'Irak, lors d'un sommet en Jordanie, à s'éloigner de l'axe iranien afin de favoriser une résolution des crises qui secouent le Moyen-Orient.

La conférence Bagdad II s'est tenue sur les rives de la mer Morte, après une première édition dans la capitale irakienne en août 2021, à l'initiative du président français Emmanuel Macron et de l'Irak.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell et le président français Emmanuel Macron arrivent avec d'autres dignitaires au début de la "Conférence de Bagdad pour la coopération et le partenariat" à Sweimeh sur la mer Morte. La réunion "Bagdad II" fait suite à un sommet en août 2021 dans la capitale irakienne organisé à l'initiative du président français Emmanuel Macron.

Dans un communiqué final, les participants ont assuré qu'ils continueraient "à coopérer avec l'Irak pour soutenir sa stabilité, sa souveraineté et le processus démocratique dans ce pays" qui sort d'une crise politique de plus d'un an.

Ils ont affirmé qu'ils soutenaient "les efforts de l'Irak visant à consacrer le dialogue comme moyen de résoudre les crises régionales".

Cette conférence faisait figure de test pour le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani, désigné en octobre après plus d'une année d'impasse politique et considéré comme plus proche de l'Iran que son prédécesseur.



Dans son discours, le président français a appelé l'Irak à suivre une autre voie que celle d'un "modèle dicté de l'extérieur", dans une allusion à l'Iran.

"L'Irak aujourd'hui est le théâtre d'influences, d'incursions, de déstabilisations qui sont liées à toute la région", a ajouté Emmanuel Macron sans citer l'Iran, représenté par son chef de la diplomatie Hossein Amir-Abdollahian.

Il a appelé Bagdad à suivre une voie "qui ne soit pas celle d'une forme d'hégémonie, d'impérialisme, de modèle qui serait dicté de l'extérieur".

Le sommet a été l'occasion d'une rencontre entre le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell et son homologue iranien.

Avec des partis pro-iraniens dominant le Parlement irakien et un gouvernement issu de cette majorité, l'Iran, où M. Soudani s'est rendu fin novembre, consolide son emprise sur son voisin.

Téhéran soutient également militairement le régime du président Bachar al-Assad en Syrie, appuie les rebelles houthis au Yémen et jouit d'une influence au Liban, sans président depuis près de deux mois, à travers le puissant Hezbollah chiite.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui participe au sommet, a souligné "le refus par l'Égypte de toutes les interventions extérieures en Irak".

"L'Irak veut construire des relations de coopération fortes et justes avec tous les partenaires régionaux et internationaux" et adopter "une politique de calme et de désescalade", déclare le Premier ministre irakien Mohammed Chia al-Soudani lors de la conférence.


Dans son allocution, le Premier ministre irakien s'est engagé à avoir "des relations équilibrées avec tous les partenaires régionaux et internationaux" et à rester "à l'écart des axes" politiques.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal ben Farhane, dont le pays est le grand rival régional de l'Iran, a assuré que son pays se tenait "aux côtés de l'Irak pour préserver sa stabilité et sa souveraineté".

Dans une allocution prononcée en partie en français, le roi Abdallah II de Jordanie a lui souligné "le rôle pivot de l'Irak" dans le maintien de la "stabilité" régionale.

La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna.

Ce sommet a par ailleurs été l'occasion d'une rencontre entre le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell et son homologue iranien.

"J'ai souligné la nécessité de stopper immédiatement le soutien militaire à la Russie et la répression interne en Iran", a affirmé M. Borrell dans un tweet.

La rencontre est intervenue alors que les négociations sur le nucléaire iranien sont au point mort et que l'UE a imposé de nouvelles sanctions à l'Iran pour protester contre sa répression des manifestations qui secouent le pays et la fourniture de drones à la Russie pour sa guerre en Ukraine.

Les dirigeants qui participent à la conférence "Bagdad II" posent pour une photo de famille.

M. Amir-Abdollahian a "condamné l'approche des pays occidentaux consistant à soutenir les émeutiers et à imposer des sanctions illégales".

La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a indiqué avoir brièvement échangé avec son homologue iranien, auquel elle a demandé la "libération immédiate des otages" français détenus par l'Iran.

Selon les autorités françaises, sept Français sont aujourd'hui détenus en Iran, qui est accusé de se servir des ressortissants occidentaux comme monnaie d'échange.

Emmanuel Macron se présente en combinaison bleue de la Marine nationale lors du dîner de Noël à bord du porte-avions Charles de Gaulle en mer Rouge.

Pour l'analyste Riad Kahwaji, basé à Dubaï, il faudra voir "quelle est la disposition de Téhéran, qui joue un rôle central dans les crises de la région, de l'Irak à la Syrie en passant par le Liban et le Yémen, à faire des compromis".

Emmanuel Macron, qui s'est rendu lundi sur le porte-avions français Charles de Gaulle au large de l'Égypte pour la fête de Noël avec les troupes françaises, doit s'entretenir mercredi avec le roi Abdallah II, "allié dans la lutte contre le terrorisme", selon Paris.

Avec AFP
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