Et les sanctions ne vinrent pas…
Au lendemain de l’assassinat de Walid Eido, le 13 juin 2007, l’on m’avait invité à commenter l’événement à l’émission Akhbar el-Sabah, les nouvelles matinales de 8h00 diffusées par la Future TV.

Pendant une bonne vingtaine de minutes, j’avais hurlé ma haine du régime syrien.

J’avais dit entre autres que le compte à rebours de la fin de ce régime avait commencé.

Dès la fin de l’émission, après avoir branché mon téléphone portable, j’entendis aussitôt une voix à l’accent syrien m’insulter en ces termes: "Le régime syrien va s’occuper de ta mère."

Menaces et insultes se poursuivirent. Chaque jour, je recevais mon lot de mots doux de la part de mon interlocuteur, qui refusait évidemment toute interlocution. Ce n’était qu’intimidation.

Au bout d’un moment, j’eus peur. Que faire ? A qui m’adresser ?

Je décidais de m’adresser à un ami français de l’ambassade de France.

J’eus, entre autres, les réponses suivantes: "Ne fais plus d’interventions pendant un bon moment" (autrement dit, "tais-toi") ; "Tu dois avoir deux téléphones portables" ; "Pour aller à ton boulot, tu dois changer de route tous les jours" ; « Tu peux faire démarrer le moteur de ta voiture à distance" ; "Utilise le miroir détecteur des bombes sous la voiture" (lorsque je lui demande ce que dois rechercher au juste, il me répond: "Une bombe", et lorsque je l’interroge sur la possibilité d’obtenir l’aide éventuelle de services de renseignements français, il me répond qu’ "ils sont affectés à la protection de l’ambassadeur").


J’ai compris que les Français ne m’aideraient pas, que je n’étais pas une personne importante et ne représentais rien pour eux.

Mais lorsque je constate que depuis quelques mois déjà, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères déclare connaître le nom des responsables libanais coupables de l’effondrement du Liban et affirme que les sanctions ne tarderont pas à venir, je me dis : "Là, c’est du sérieux, c’est une affaire d’État".

Or, jusqu’à ce jour, nous n’avons vu aucune ébauche de sanctions.

Il aurait mieux valu ne rien dire, et surtout ne pas menacer. Car les soi-disant responsables libanais qui sont toujours accrochés au pouvoir et qui sont sans foi ni loi, s’en donnent à cœur joie et continuent de piller le pays et à saper ses fondements démocratiques. Les magouilles pour reporter les élections ou carrément les annuler vont bon train. Le président de la République se voit déjà parti pour un second mandat, et M. Duquesne peut s’enorgueillir de ne pas avoir visité Baabda pendant son séjour officiel de quatre jours…

Quant aux sanctions américaines, les pseudo-responsables s’en foutent totalement.

On peut même se demander si le Tribunal spécial pour le Liban n’avait pas donné le "la" en promettant vainement que tous les crimes commis contre le Liban resteront impunis.

La solution ne nous viendra d’aucun pays étranger, même des pays "amis". Elle ne peut venir que de nous-mêmes, l’exemple que nous pouvons prendre étant celui de l’Afrique du Sud et des pays qui ont mis en place les fameuses "commissions vérité, justice et réconciliation". Nous arriverons alors peut-être à connaître la vérité. Non seulement sur le drame du 4 août 2020, mais aussi sur l’assassinat de Rafic Hariri et de tous ceux qui l’ont précédé et suivi.

Sinon, tel Hamlet qui n’a pas pu honorer la mémoire de son père en désignant l’assassin et en le punissant, nous verrons la haine continuer de se transmettre de génération en génération et le Liban partir en déliquescence comme la Couronne du Danemark.
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