Pour l’ancien président de la République française François Hollande, le pire scénario pour le Liban serait "l’indifférence de l’Europe ou de la communauté internationale, le fait que le Liban cesse de devenir un enjeu". Dans un entretien exclusif accordé à "Ici Beyrouth", l'ancien président français appelle à une initiative franco-allemande en faveur du pays du Cèdre et insiste sur le fait "qu’il est plus que jamais nécessaire que l’Europe puisse constituer une avant-garde pour qu’elle puisse agir en politique extérieure".
https://youtu.be/4obFfl389PQ
« Le devoir de la France c’est de soutenir le Liban »
L’actuel locataire de l’Elysée s’implique dans les affaires libanaises depuis le début de son mandat : après avoir exfiltré l’ancien premier ministre Saad Hariri de sa cage dorée saoudienne en novembre 2017, Emmanuel Macron a tenté de s’imposer comme le sauveur du Liban au lendemain de la double explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020. « L’initiative française » devait permettre au Liban de se redresser un an après le début de la crise économique et financière, aggravée par la pandémie. Au début du mois, le président français a une nouvelle fois dû essayer de sortir le pays d’une crise diplomatique avec les pays du Golfe en lançant une nouvelle initiative, « franco-saoudienne » cette fois.
Mais pour son prédécesseur François Hollande, la situation politique et économique du Liban exige davantage d’efforts de la part de la France : « Le premier devoir de la France c’est de soutenir le Liban. [L’initiative] n’a pas donné les résultats que l’on souhaitait et que l’on attendait et c’est une très grande déception pour la population libanaise. Une déception d’abord parce que le gouvernement n’a pas été véritablement constitué sur ces bases, et l’autre déception c’est que l’aide n’est pas venue ou n'est pas suffisamment venue. Et même si maintenant les liens avec l’Arabie saoudite se sont rétablis, il n’en reste pas moins que les investissements ne sont pas là. »
L’ancien locataire de l’Elysée va même plus loin que son successeur en estimant qu’il faut "apporter des moyens au Liban, des financements, en passant par les ONGs mais aussi par les autorités libanaises". "Le Liban a un gouvernement, même si ce n’est pas celui avec lequel nous aurions souhaité conversé », souligne le président Hollande. Emmanuel Macron et la communauté internationale refusent qu’un centime soit versé en aide au développement du pays tant que les réformes structurelles nécessaires et requises depuis CEDRE (conférence de soutien au Liban tenue en avril 2018 à Paris) ne sont pas implémentées. Or François Hollande s'inquiète de l'influence iranienne qui occupe le vide laissé par la communauté internationale.
« Je sais bien que l’on est devant un dilemme, mais ce dilemme, il dure depuis des années, on ne le découvre pas aujourd’hui, relève l'ancien chef de l'Etat français. Il serait bien sûr préférable qu’il y ait un autre gouvernement. Il serait bien sûr préférable qu’il y ait une autre façon de repartir les postes au Liban. Il serait préférable qu’il y ait une lutte efficace contre la corruption. Oui. Mais pendant ce temps-là, le Liban expire. Je pense qu’il y a une solidarité qui doit s’affirmer ce qui ne signifie pas qu'il ne faut pas poser des exigences politiques. Moi ce qui m’inquiète au Liban, c’est que c’est plutôt les Iraniens qui viennent travailler à l’intérieur du Liban pour montrer qu’eux ils sont généreux, ils peuvent apporter un certain nombre de soutiens directs ou indirects, et l’on voit bien les risques que ça peut avoir sur la société libanaise.
François Hollande appelle à travers Ici Beyrouth à une initiative franco-allemande pour le Liban pour que l’Europe s’investisse plus dans les affaires étrangères : « L’Europe ne doit pas simplement être une caisse qui s’ouvre, et encore assez timidement. Elle doit être capable, non seulement de fournir un soutien mais poser des règles politiques. Et le pire pour le Liban c’est l’indifférence, c’est qu'il ne devienne même plus un enjeu, que l’on pense que ça a toujours été comme ça et qu’il continuera à être comme ça. Je pense qu’effectivement la bonne initiative après les élections en France, maintenant qu’un gouvernement est installé en Allemagne, c’est qu’il puisse y avoir une initiative franco-allemand sur le Liban. C’est ce que je ferais en tant que président, parce qu’à chaque fois que la France le fait, elle le fait au nom de son amitié, au nom de sa présence historique, mais c’est bien qu’il y ait un grand pays comme l’Allemagne qui s’investisse sur les sujets du Proche et Moyen-Orient. »
Il est possible qu’Israël prenne des initiatives
François Hollande est aussi inquiet de la situation à l’échelle de la région, car "l’idée de la guerre qui avait été récusée depuis 1945, s’est installée aujourd’hui" et il ne cache pas ses appréhensions d'une guerre dans la région si les négociations sur le nucléaire iranien n'aboutissent pas. « L’hypothèse de la guerre est là, déclare-t-il. Pas seulement là dans cette région du Moyen-Orient, mais elle est là en Ukraine, là en mer de Chine. Donc l’idée de la guerre que l’on avait pendant longtemps repoussée, l’idée de guerre générale, elle est là. Donc, oui, il est possible que si les discussions n'aboutissent pas avec l’Iran, qu’Israël prenne des initiatives. On le sait. Quand, avec Laurent Fabius, j'ai fait participer la France à l’accord sur le nucléaire, c’est parce qu'on savait qu’il y avait une menace très directe et que si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, Israël ne resterait pas sans réponse et on savait aussi que les Etats-Unis de Barack Obama aurait appuyé peut-être la réaction d’Israël. A partir de là, nous avons tout fait pour qu’il y ait cet accord sur le nucléaire. Donald Trump a fait une grave faute en l’abandonnant. Maintenant il faut le reprendre et il faut que les Iraniens sachent bien que le temps est compté. »
Mais l’ancien président tente également de rassurer les Libanais qui s’inquiètent des répercussions des discussions sur le nucléaire qui se tiennent actuellement à Vienne, notamment à travers la présence du Hezbollah à la solde des Iraniens : « Il faut que le Liban cesse de penser qu’il va perdre dans tous les cas de figure et qu’il est l’objet de tractations sombres. Non, le Liban existe, continuera de vivre, et le Liban n’est pas au cœur des négociations. Je n’ai pas d’informations particulières, mais ce n’est pas le Liban qui est en cause. Pardon pour le Liban, mais c’est encore plus grave que ça. »
Concernant les tensions internationales à travers le monde, François Hollande pense qu’une guerre globale est très probable. « C’est très inquiétant. Je suis inquiet de la situation du monde. Jusque-là, la guerre avait toujours été présente, les conflits ont été nombreux depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais nous sommes maintenant dans des tensions extrêmes. La Russie a amassé des troupes à la frontière ukrainienne, pour négocier peut-être, mais s’il y a des troupes c’est pour qu’elles soient utilisées à un moment. La Chine est de plus en plus attentive à la situation de Taiwan et les Etats-Unis ne savent pas comment répondre à une éventuelle incursion chinoise dans les eaux territoriales. Donc on voit bien qu’il y a des tensions très fortes.
L’Europe ne doit pas être neutre, mais active
Pour l’européen convaincu qu’il est, François Hollande pense « qu’aujourd’hui, plus aucun pays en Europe ne veut quitter l’UE. De ce point de vue, le Royaume-Uni a été le contre-exemple parfait, […] personne, même les partis d’extrême-droites, en Europe demande à sortir de l’UE. » Mais le président n’en est pas plus rassuré à cause des difficultés à prendre des décisions au sein du Conseil européen : « Est-ce que l’UE va mieux ?! Non, elle s’est bien comportée lors de la crise sanitaire mais on voit bien qu’il y a un manque de dynamique, qui ne peut pas venir à 27 »
Pour l’ancien président français, il faut également que l’Europe soit plus active au niveau de la défense et de sa politique étrangère : « On peut attendre des prochains mois ou années, une Europe de la défense avec quelques pays et qui pourrait justement marquer sa première préférence pour l’action extérieure, son acte d’existence là où il y a des menaces sérieuses sur sa propre sécurité ». Il rajoute également que c’est l’Europe qui peut calmer les tensions mondiales : « Aujourd’hui, il faut réagir. La communauté internationale doit absolument montrer plus de solidité et ça, cela dépend d’abord de l’Europe, parce qu’avec les Etats-Unis qui sont de plus en plus dans la région pacifique, préoccupés par la Chine, c’est à l’Europe d’être un facteur d’équilibre. Et pour l’être, il ne faut pas être neutre, il faut être actif. Là où l’Occident recule, là où l’Europe n’est pas là, là où les Etats-Unis ne veulent plus s’investir, ce sont d’autres Empires qui y sont, comme la Chine quand elle le peut, la Russie parce que sa perspective s’est de reprendre ce qui était autrefois le glacis soviétique, la Turquie qui rêve d’un Empire et l’Iran qui continue ses actions de conversions autour du chiisme ».
« Nous aurions fait partir Bachar el-Assad si nous avions bombardé en 2013 »
Interrogé sur les frappes militaires décidées puis abandonnées en août 2013 contre le régime de Bachar el-Assad après le bombardement à l’arme chimique de la banlieue de Damas, François Hollande reconnaît « qu’il n’y aurait pas eu la création de l’ « État islamique » et de groupes radicaux en Syrie » « Si Barack Obama avait fait le choix que j’étais prêt à partager, nous aurions sans doute fait partir Bachar el Assad à terme. Mais puisqu’il n’y a pas eu ce coup d’arrêt, on voit ce qui s’est produit. L’ « État islamique » et Bachar el-Assad. L’EI a été éradiqué par la coalition que nous avons constituée, mais Bachar el Assad s’est affirmé sur une partie de la Syrie, la Syrie utile. C’est d’une certaine façon, une victoire pour les Russes. Une victoire pour les Iraniens, et une défaite pour l’Occident et, au-delà de ses intérêts géostratégiques, une défaite pour l’idée que l’on se fait des droits humains, puisque Bachar el-Assad a massacré son peuple et a utilisé des armes chimiques, puisqu’il continue encore à agir. »
S’agissant des élections présidentielles françaises qui doivent se tenir en avril 2022 et où la gauche semble affaiblie ne rassemblant pas plus de 25% des intentions de votes dans les différents sondages, l’ancien président socialiste appelle la gauche française à au moins exprimer des positions fortes et crédibles « car elle est complétement divisée et les électeurs sont très préoccupés parce que si la gauche n’est pas là - pas forcément rassemblée comme certains l’imaginent - exprimant des positions fortes et crédibles, la droite et l’extrême-droite occuperont la scène et Emmanuel Macron sera regardé comme un barrage. Or dans une élection présidentielle, on ne vote pas simplement contre, mais pour. Que la gauche ne cherche pas plus longtemps son unité mais qu’elle affirme au moins ses positions. »
https://youtu.be/4obFfl389PQ
« Le devoir de la France c’est de soutenir le Liban »
L’actuel locataire de l’Elysée s’implique dans les affaires libanaises depuis le début de son mandat : après avoir exfiltré l’ancien premier ministre Saad Hariri de sa cage dorée saoudienne en novembre 2017, Emmanuel Macron a tenté de s’imposer comme le sauveur du Liban au lendemain de la double explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020. « L’initiative française » devait permettre au Liban de se redresser un an après le début de la crise économique et financière, aggravée par la pandémie. Au début du mois, le président français a une nouvelle fois dû essayer de sortir le pays d’une crise diplomatique avec les pays du Golfe en lançant une nouvelle initiative, « franco-saoudienne » cette fois.
Mais pour son prédécesseur François Hollande, la situation politique et économique du Liban exige davantage d’efforts de la part de la France : « Le premier devoir de la France c’est de soutenir le Liban. [L’initiative] n’a pas donné les résultats que l’on souhaitait et que l’on attendait et c’est une très grande déception pour la population libanaise. Une déception d’abord parce que le gouvernement n’a pas été véritablement constitué sur ces bases, et l’autre déception c’est que l’aide n’est pas venue ou n'est pas suffisamment venue. Et même si maintenant les liens avec l’Arabie saoudite se sont rétablis, il n’en reste pas moins que les investissements ne sont pas là. »
L’ancien locataire de l’Elysée va même plus loin que son successeur en estimant qu’il faut "apporter des moyens au Liban, des financements, en passant par les ONGs mais aussi par les autorités libanaises". "Le Liban a un gouvernement, même si ce n’est pas celui avec lequel nous aurions souhaité conversé », souligne le président Hollande. Emmanuel Macron et la communauté internationale refusent qu’un centime soit versé en aide au développement du pays tant que les réformes structurelles nécessaires et requises depuis CEDRE (conférence de soutien au Liban tenue en avril 2018 à Paris) ne sont pas implémentées. Or François Hollande s'inquiète de l'influence iranienne qui occupe le vide laissé par la communauté internationale.
« Je sais bien que l’on est devant un dilemme, mais ce dilemme, il dure depuis des années, on ne le découvre pas aujourd’hui, relève l'ancien chef de l'Etat français. Il serait bien sûr préférable qu’il y ait un autre gouvernement. Il serait bien sûr préférable qu’il y ait une autre façon de repartir les postes au Liban. Il serait préférable qu’il y ait une lutte efficace contre la corruption. Oui. Mais pendant ce temps-là, le Liban expire. Je pense qu’il y a une solidarité qui doit s’affirmer ce qui ne signifie pas qu'il ne faut pas poser des exigences politiques. Moi ce qui m’inquiète au Liban, c’est que c’est plutôt les Iraniens qui viennent travailler à l’intérieur du Liban pour montrer qu’eux ils sont généreux, ils peuvent apporter un certain nombre de soutiens directs ou indirects, et l’on voit bien les risques que ça peut avoir sur la société libanaise.
François Hollande appelle à travers Ici Beyrouth à une initiative franco-allemande pour le Liban pour que l’Europe s’investisse plus dans les affaires étrangères : « L’Europe ne doit pas simplement être une caisse qui s’ouvre, et encore assez timidement. Elle doit être capable, non seulement de fournir un soutien mais poser des règles politiques. Et le pire pour le Liban c’est l’indifférence, c’est qu'il ne devienne même plus un enjeu, que l’on pense que ça a toujours été comme ça et qu’il continuera à être comme ça. Je pense qu’effectivement la bonne initiative après les élections en France, maintenant qu’un gouvernement est installé en Allemagne, c’est qu’il puisse y avoir une initiative franco-allemand sur le Liban. C’est ce que je ferais en tant que président, parce qu’à chaque fois que la France le fait, elle le fait au nom de son amitié, au nom de sa présence historique, mais c’est bien qu’il y ait un grand pays comme l’Allemagne qui s’investisse sur les sujets du Proche et Moyen-Orient. »
Il est possible qu’Israël prenne des initiatives
François Hollande est aussi inquiet de la situation à l’échelle de la région, car "l’idée de la guerre qui avait été récusée depuis 1945, s’est installée aujourd’hui" et il ne cache pas ses appréhensions d'une guerre dans la région si les négociations sur le nucléaire iranien n'aboutissent pas. « L’hypothèse de la guerre est là, déclare-t-il. Pas seulement là dans cette région du Moyen-Orient, mais elle est là en Ukraine, là en mer de Chine. Donc l’idée de la guerre que l’on avait pendant longtemps repoussée, l’idée de guerre générale, elle est là. Donc, oui, il est possible que si les discussions n'aboutissent pas avec l’Iran, qu’Israël prenne des initiatives. On le sait. Quand, avec Laurent Fabius, j'ai fait participer la France à l’accord sur le nucléaire, c’est parce qu'on savait qu’il y avait une menace très directe et que si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, Israël ne resterait pas sans réponse et on savait aussi que les Etats-Unis de Barack Obama aurait appuyé peut-être la réaction d’Israël. A partir de là, nous avons tout fait pour qu’il y ait cet accord sur le nucléaire. Donald Trump a fait une grave faute en l’abandonnant. Maintenant il faut le reprendre et il faut que les Iraniens sachent bien que le temps est compté. »
Mais l’ancien président tente également de rassurer les Libanais qui s’inquiètent des répercussions des discussions sur le nucléaire qui se tiennent actuellement à Vienne, notamment à travers la présence du Hezbollah à la solde des Iraniens : « Il faut que le Liban cesse de penser qu’il va perdre dans tous les cas de figure et qu’il est l’objet de tractations sombres. Non, le Liban existe, continuera de vivre, et le Liban n’est pas au cœur des négociations. Je n’ai pas d’informations particulières, mais ce n’est pas le Liban qui est en cause. Pardon pour le Liban, mais c’est encore plus grave que ça. »
Concernant les tensions internationales à travers le monde, François Hollande pense qu’une guerre globale est très probable. « C’est très inquiétant. Je suis inquiet de la situation du monde. Jusque-là, la guerre avait toujours été présente, les conflits ont été nombreux depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais nous sommes maintenant dans des tensions extrêmes. La Russie a amassé des troupes à la frontière ukrainienne, pour négocier peut-être, mais s’il y a des troupes c’est pour qu’elles soient utilisées à un moment. La Chine est de plus en plus attentive à la situation de Taiwan et les Etats-Unis ne savent pas comment répondre à une éventuelle incursion chinoise dans les eaux territoriales. Donc on voit bien qu’il y a des tensions très fortes.
L’Europe ne doit pas être neutre, mais active
Pour l’européen convaincu qu’il est, François Hollande pense « qu’aujourd’hui, plus aucun pays en Europe ne veut quitter l’UE. De ce point de vue, le Royaume-Uni a été le contre-exemple parfait, […] personne, même les partis d’extrême-droites, en Europe demande à sortir de l’UE. » Mais le président n’en est pas plus rassuré à cause des difficultés à prendre des décisions au sein du Conseil européen : « Est-ce que l’UE va mieux ?! Non, elle s’est bien comportée lors de la crise sanitaire mais on voit bien qu’il y a un manque de dynamique, qui ne peut pas venir à 27 »
Pour l’ancien président français, il faut également que l’Europe soit plus active au niveau de la défense et de sa politique étrangère : « On peut attendre des prochains mois ou années, une Europe de la défense avec quelques pays et qui pourrait justement marquer sa première préférence pour l’action extérieure, son acte d’existence là où il y a des menaces sérieuses sur sa propre sécurité ». Il rajoute également que c’est l’Europe qui peut calmer les tensions mondiales : « Aujourd’hui, il faut réagir. La communauté internationale doit absolument montrer plus de solidité et ça, cela dépend d’abord de l’Europe, parce qu’avec les Etats-Unis qui sont de plus en plus dans la région pacifique, préoccupés par la Chine, c’est à l’Europe d’être un facteur d’équilibre. Et pour l’être, il ne faut pas être neutre, il faut être actif. Là où l’Occident recule, là où l’Europe n’est pas là, là où les Etats-Unis ne veulent plus s’investir, ce sont d’autres Empires qui y sont, comme la Chine quand elle le peut, la Russie parce que sa perspective s’est de reprendre ce qui était autrefois le glacis soviétique, la Turquie qui rêve d’un Empire et l’Iran qui continue ses actions de conversions autour du chiisme ».
« Nous aurions fait partir Bachar el-Assad si nous avions bombardé en 2013 »
Interrogé sur les frappes militaires décidées puis abandonnées en août 2013 contre le régime de Bachar el-Assad après le bombardement à l’arme chimique de la banlieue de Damas, François Hollande reconnaît « qu’il n’y aurait pas eu la création de l’ « État islamique » et de groupes radicaux en Syrie » « Si Barack Obama avait fait le choix que j’étais prêt à partager, nous aurions sans doute fait partir Bachar el Assad à terme. Mais puisqu’il n’y a pas eu ce coup d’arrêt, on voit ce qui s’est produit. L’ « État islamique » et Bachar el-Assad. L’EI a été éradiqué par la coalition que nous avons constituée, mais Bachar el Assad s’est affirmé sur une partie de la Syrie, la Syrie utile. C’est d’une certaine façon, une victoire pour les Russes. Une victoire pour les Iraniens, et une défaite pour l’Occident et, au-delà de ses intérêts géostratégiques, une défaite pour l’idée que l’on se fait des droits humains, puisque Bachar el-Assad a massacré son peuple et a utilisé des armes chimiques, puisqu’il continue encore à agir. »
S’agissant des élections présidentielles françaises qui doivent se tenir en avril 2022 et où la gauche semble affaiblie ne rassemblant pas plus de 25% des intentions de votes dans les différents sondages, l’ancien président socialiste appelle la gauche française à au moins exprimer des positions fortes et crédibles « car elle est complétement divisée et les électeurs sont très préoccupés parce que si la gauche n’est pas là - pas forcément rassemblée comme certains l’imaginent - exprimant des positions fortes et crédibles, la droite et l’extrême-droite occuperont la scène et Emmanuel Macron sera regardé comme un barrage. Or dans une élection présidentielle, on ne vote pas simplement contre, mais pour. Que la gauche ne cherche pas plus longtemps son unité mais qu’elle affirme au moins ses positions. »
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