La présidentielle au point mort
En l’absence de progrès aux niveaux local, régional et international, la nouvelle année ainsi que la reprise potentielle des séances parlementaires pour l’élection d’un président de la République ne changeront rien à la donne.

Dans ce cadre, tout dénouement interne serait lié à deux facteurs:

- Tout d’abord, le Hezbollah doit se rendre à l’évidence ; il ne peut pas imposer cette fois-ci son candidat pour la présidentielle. Cependant, comme il n’en est toujours pas convaincu, le parti de Dieu met tout en œuvre afin de garantir l’élection du chef du mouvement Marada, Sleiman Frangié.

- De son côté, le chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, devrait également comprendre qu’il n’a aucune chance d’être élu à la présidence de la République. Et au lieu d’agir en conséquence, M. Bassil et son entourage refusent toujours de divulguer les noms de leur candidat, étant convaincus que le moment viendra où la situation changera et M. Bassil redeviendra un candidat sérieux.

À l'échelle régionale, l'Arabie Saoudite ne semble pas prêter attention à la question de la présidentielle, contrairement à ce que certains semblent suggérer. En effet, l’Arabie saoudite, qui avait déjà évoqué le profil du président sans s’y attarder, appelle simplement à l’élection d’un président de la République sans se mêler des noms.


Par ailleurs, les démarches des Qataris n’ont pas abouti à un résultat significatif malgré leurs efforts. En effet, ces derniers se sont heurtés à l’intransigeance du Hezbollah et du député Bassil, et ont fini par jeter l’éponge afin de ne pas provoquer l’Arabie saoudite et la République islamique d’Iran.

Les Iraniens, quant à eux, tiennent la carte de la présidentielle par le truchement du Hezbollah, la branche militaire et politique indispensable aux Gardiens de la révolution iranienne dans la région. D’ailleurs, tout démenti de leur ingérence n’est que de la poudre aux yeux et du mépris à l’égard des Libanais. Le Hezbollah ne changera pas d’attitude sauf si les Iraniens en décidaient autrement en fonction de l’évolution dans la région et des négociations avec les Américains, quasi bloquées actuellement.

À l’échelle internationale, les États-Unis ne font pas pression pour élire un président et se contentent de réitérer leurs appels en faveur de l'élection. En outre, ils ne nomment pas de candidats et préfèrent orienter leurs efforts vers des projets de développement au Liban et poursuivre l’appui à l’armée libanaise. En revanche, les Américains s'informent auprès des Français sur les progrès accomplis concernant l'élection présidentielle. À ce titre, les Français semblent frustrés, déçus et floués, croit-on savoir, comme ils l’ont été après l’explosion du port de Beyrouth et la visite du président français Emmanuel Macron ainsi que ses rencontres avec les leaders politiques. C'est en effet tardivement qu'ils ont réalisé que leur rapprochement avec le Hezbollah et leur tentative de véhiculer son approche pour la présidentielle leur ont été préjudiciables sur les plans local, régional et international.

 
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