Pour un dialogue sur la base de l’accord de Taëf
Au Liban, la nature de la structure libanaise, ses composantes et les rapports entre les factions politiques font que le dialogue reste incontournable. Force est de reconnaître, au grand dam de certains, que le dialogue reste un passage obligé pour prendre des décisions et élaborer des politiques. Le Liban, fondé sur les principes de l'ouverture, du dialogue et des libertés, ne serait pas compatible avec des politiques d'isolement et de rupture.

Cette option peut-elle être conciliée avec le processus constitutionnel censé être au-dessus de toute autre considération ? D’aucuns pourraient s’y opposer. Qu'adviendrait-il si la question était posée autrement : sombrer dans un cycle de violence sert-il à protéger la formule libanaise que nous connaissons et souhaitons préserver ?

Il convient de rappeler que dans l'histoire moderne du Liban, certaines forces politiques ont porté atteinte à cette formule précaire du consensus, bénéficiant d'un soutien extérieur, pour des considérations politiques, sectaires, confessionnelles et régionales qui relèvent dans une grande mesure de pratiques tribales. Ce qui pourrait sans doute conduire à de sérieux dérapages.

La formule appelée «démocratie consensuelle libanaise» possède ses propres spécificités, au premier rang desquelles figure la démocratie. En effet, le Liban n'a jamais connu de dictatures ou de coups d'État militaires, à l'instar des pays arabes, ce qui, à bien des égards, constitue un exploit.

Pourtant, nombre de Libanais n’apprécient pas cette «particularité» à sa juste valeur, malgré son importance, et indépendamment de ses failles, parce qu'ils n’ont tout simplement pas vécu sous une dictature militaire, qui oppresse les citoyens, confisque leurs libertés et les enferme dans une grande geôle.

En conséquence, les secousses qui malmènent la «démocratie libanaise» ne devraient pas pour autant constituer des raisons de venir à bout de cette formule au profit d’un nouveau système politique incompatible avec les exigences de liberté, de pluralisme et de diversité qui prévalent actuellement au Liban. Il faudrait plutôt s'efforcer de l’épurer des deux défauts majeurs qu'elle comporte, à savoir le confessionnalisme et le sectarisme.


Les propositions théoriques telles que le fédéralisme, qui ne correspond pas à la réalité libanaise, n’apportent pas de solution, et pourraient entraîner une partition qui ne dit pas son nom ainsi qu’un tri sectaire et confessionnel détestable.

Par ailleurs, la formation de «zones sectaires pures», ainsi que la création de cantons sectaires qui concluraient aussitôt des accords avec l’étranger, contribueraient à transposer les conflits extérieurs sur le territoire libanais «fédéralisé» !

En outre, le système fédéral requiert un accord local sur la politique étrangère et la stratégie de défense, qui sont à l'origine du différend national libanais. Partant, comment les fédéralistes voudraient-ils résoudre ces deux dilemmes, qui ne feront qu'empirer si l'on acte la fragmentation du Liban en provinces et cantons confessionnels en conflit, de surcroit ?

Les Libanais doivent dialoguer, sur la base de l'accord de Taëf et de la Constitution, pour éviter tout aventurisme qui mettrait en danger leur histoire, leur présent et leur avenir. Fédéralistes et «nouveaux Phéniciens», n’entraînez pas le Liban vers des chemins de traverses que le pays ne sera pas en mesure d’assumer !

 
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