L’intrigante visite secrète d’un haut responsable sécuritaire syrien à Riyad
Des concertations sont effectuées loin des feux de la rampe dans la région pour adopter une nouvelle approche vis-à-vis des changements qui s’opèrent sur le plan international, notamment avec la guerre en Ukraine, déclenchée depuis près d’un an. De ces contacts, il serait important de retenir la visite rendue, dans le secret le plus total, par un haut responsable de l’appareil sécuritaire syrien en Arabie Saoudite ce mois-ci.

Selon des informations recueillies par «Ici Beyrouth» auprès d’un ancien ministre proche du régime syrien, en poste à l’époque du président Hafez el-Assad, le responsable ayant visité Riyad récemment serait le général Houssam Louka, chef des renseignements généraux du régime de Bachar el-Assad. M. Luka est le deuxième plus haut responsable à s’être rendu à Ryad après le chef du bureau de la sécurité nationale, Ali Mamlouk.

L’ancien ministre libanais qui a visité la capitale syrienne la semaine dernière s’est réuni avec les généraux Ali Mamlouk et Houssam Louka, ainsi qu’avec le ministre syrien de l’Intérieur, le général Mohammad Rahmoun.

L’ancien ministre libanais a évoqué sa rencontre avec le général Louka, précisant qu’un des accompagnateurs du ministre syrien, un journaliste proche du Hezbollah, a demandé à ce dernier s’il était gêné par la fuite – par le Hezbollah à Beyrouth – de l’information relative à son voyage à Riyad à partir de Beyrouth. Le général Louka a répondu, le sourire aux lèvres : «Effectivement, mon voyage à Riyad s’est fait depuis l’aéroport de Beyrouth, mais l’information est manquante. Je suis retourné de Riyad à Damas à bord d’un avion privé. »

Selon la source libanaise, les pourparlers auxquels a participé le responsable syrien dans la capitale saoudienne étaient «réussis et ne s’arrêteront pas de sitôt». Interrogé par cette même source au sujet d’un éventuel rétablissement des rapports diplomatiques entre l’Arabie saoudite et la Syrie – à l’instar de la normalisation des relations avec le Bahreïn et les Émirats Arabes Unis – il a répondu : «La relance des relations diplomatiques entre les deux pays devra attendre les résultats des négociations entre l’Arabie et les États-Unis qui refusent toujours toute normalisation des relations avec le régime syrien.»


L’ancien ministre libanais ajoute qu’une partie des personnalités syriennes avec lesquelles il s’est réuni ont souligné ne plus s’intéresser aux développements survenus au Liban, comme ils le faisaient auparavant. En contrepartie, ces personnalités syriennes reconnaissent la crise économique qui sévit en Syrie : un des interlocuteurs de l’ancien ministre a lancé une boutade sur ce plan, soulignant que le cadeau idéal qu’un Libanais pourrait offrir à un Syrien est un bidon d’essence. En ce qui concerne l’élection présidentielle au Liban, la Syrie place cette question aux mains du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah.

En ce qui concerne les relations syro-turques – la Turquie bénéficiant actuellement d’un soutien russe – les Syriens, selon la source précitée, estiment que le président turc Recep Tayyip Erdogan désire les améliorer à des fins électorales, étant donné que les Alaouites qui lui sont opposés ont un poids électoral et sont proches de Damas.

À en croire cette même source, «l’année 2023 sera soit celle du règlement de la crise des réfugiés, soit celle de la grande explosion.» Selon elle, le Liban profite actuellement de la crise pour vendre ses hydrocarbures à la Syrie en dollars. Parallèlement, cette dernière observe une fuite de ses devises vers le pays du Cèdre et d’autres pays.

Que faut-il retenir de la visite de l’ancien ministre libanais à Damas ? Celui-ci affirme sur ce plan que des changements majeurs s’opèrent en Syrie et sont susceptibles de donner lieu à des compromis, à l’intérieur comme à l’extérieur. En revanche, lesdits compromis pourraient envenimer les rapports entre la Syrie et l’Iran. Les signes avant-coureurs se font sentir dans le dossier des hydrocarbures ; selon le quotidien américain The Wall Street Journal, Téhéran considère désormais Damas comme un client devant payer, en dollars américains (frais), le prix des ressources énergétiques qui lui sont exportées à partir de l’Iran.

 
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