4 août: Oueidate rejette les décisions de Bitar
Le procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate a adressé une missive mardi au juge d’instruction Tarek Bitar dans l’affaire de l’explosion du 4 août, prenant soin de préciser qu'il "reste dessaisi de l'enquête, et que jusqu'à présent aucune décision n'a été prise pour accepter ou rejeter les recours en dessaisissement" contre lui. Cette déclaration intervient alors que le juge Bitar a repris en main l'enquête qui était bloquée depuis décembre 2021, malgré les recours de dessaisissement présentés contre lui.

Le parquet a obtenu mardi matin les citations à comparaitre devant le juge Bitar, selon des informations de la chaîne libanaise MTV, et une douzaine de personnes devraient être convoquées, notamment :

  • Hassan Diab, Premier ministre en exercice de janvier à août 2020

  • Ghazi Zeaïter, ministre des Travaux publics de février 2014 à décembre 2016

  • Nouhad el-Machnouk, ministre de l’Intérieur de février 2014 à janvier 2019

  • le général Jean Kahwaji, commandant en chef de l’armée d’août 2008 à mars 2017

  • le général Camille Daher, chef des renseignements de l’armée de mars 2016 à mai 2017

  • Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale depuis juillet 2011

  • Tony Saliba, directeur du service de Sécurité de l’État depuis mars 2017

  •  Assaad Toufaily, président du Conseil supérieur des douanes depuis mars 2017

  • Gracia el-Azzi, membre du Conseil supérieur des douanes depuis mars 2017

  • Un général de la famille Ezzeddine


Des juges seraient également dans le viseur de Tarek Bitar. Les noms du procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate, ainsi que les magistrats Ghassan Khoury, Carla Chawah et Jad Maalouf circulent par ailleurs dans les médias libanais.  Le parquet général près la Cour de cassation a déclaré n’avoir reçu aucune demande relative aux demandes d’interrogatoire des juges, selon notre correspondante au Palais de Justice Natasha Metni Torbey.


Le parquet général près la Cour de cassation prévoit d’adresser aux services de sécurité compétents l’ordre de ne pas exécuter les décisions de remise en liberté de détenus et les citations à comparaitre émises par le juge Bitar. Le parquet considère que le juge Bitar est dessaisi de l'enquête suite aux différents recours présentés contre lui et donc que ces décisions sont "nulles", rapporte à Ici Beyrouth, une source proche des familles des victimes. Selon des informations de la MTV, le parquet justifierait officiellement sa démarche en invoquant ce qu'il estime être une dérogation du juge Bitar à la procédure en vigueur. Les familles des détenus qui devaient relâcher sur base des décisions du juge Bitar ont également appris aujourd'hui qu'ils ne le seront pas.



Le juge Bitar a convoqué pour comparution devant la justice en tant que suspects le 6 et 8 février prochains Nouhad el-Machnouk, Ghazi Zeaïter et Hassan Diab.

Réactions

Alors que les responsables politiques se sont gardés, ou ont très peu, commentés l'initiative de Tarek Bitar lundi en soirée, l'ambassade des États-Unis au Liban a "exhorté les autorités libanaises à mener une enquête rapide et transparente sur l’explosion du port".

Par ailleurs, le mufti jaafarite, Cheikh Ahmad Kabalan, proche du tandem Amal-Hezbollah a vivement critiqué le juge Bitar, apellant les autorités "à sauver la Justice du chantage exercé par le juge Bitar". L'ancien ministre Wi'am Wahab a également attaqué le magistrat l'accusant "d'enfreindre la loi et de semer le chaos"

 
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