Emmanuel Macron profitera-t-il de la situation créée par le séisme de lundi dernier pour franchir le pas et renouer avec le régime syrien ?
Selon le journaliste français Georges Malbrunot, du quotidien français Le Figaro, certains conseillers de l’Élysée s’interrogeaient sur l'opportunité du maintien de la position française ferme à l’égard du régime de Bachar el-Assad avant même le séisme qui a frappé la Syrie et la Turquie, faisant plus de 11 000 morts. Une tragédie qui pourrait profiter à Paris et Damas pour rétablir la communication politique bilatérale interrompue depuis 2012 à la suite de la fermeture de l’ambassade de France à Damas décidée par Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, un an après le début du soulèvement populaire réprimé dans le sang.
Toujours selon M.Malbrunot, «certains conseillers s’interrogent, depuis un certain temps déjà, sur la pérennité d’une posture "uniquement fondée sur la morale". Le président et son entourage auraient-ils donc oublié que la France était la patrie des droits de l’Homme ? N’est-ce pas pour une question de morale qu’Emmanuel Macron a affirmé son soutien aux femmes iraniennes «car leur combat est celui des valeurs qui sont la devise, il est celui d’un universalisme de liberté auquel nous croyons » ? Le deux poids deux mesures politiciens aurait été difficilement justifiable. Mais le séisme a ouvert une brèche dans laquelle pourrait s’engouffrer Emmanuel Macron, comme il l’a fait en août 2020 au Liban, suite à l’explosion au port de Beyrouth.
En se posant en sauveur blanc, Emmanuel Macron n’avait fait que renflouer une classe politique libanaise corrompue et incapable de bonne gouvernance et avait indirectement légitimé les armes du Hezbollah et sa mainmise sur le pays, pour des raisons de realpolitik régionale. Renflouerait-il Bachar el-Assad sur la scène internationale ?
Une politique française faible en Syrie
Depuis le rétropédalage de Barack Obama, qui avait empêché le président François Hollande de bombarder le régime syrien en septembre 2013, la France est reléguée au second plan dans le dossier syrien. La position ferme à l’égard du régime et en faveur de l’opposition syrienne a ensuite commencé à s’effriter avec l’apparition du phénomène jihadiste. Les attentats en France à partir de 2015 vont renforcer la lutte contre le terrorisme et vont faire de Bachar el-Assad un moindre mal face aux barbus qui attaquent Paris, Nice, ou Bruxelles. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de M.Hollande, avait laissé entendre fin 2015 la possibilité d'une transition politique en présence de Bachar el-Assad.
Depuis sa première élection à la tête de l’État en mai 2017, le président Macron a donné le ton de sa politique à l’égard de la Syrie : «La destitution de Bachar al-Assad n’est pas un préalable à tout», soulignait-il en juin 2017 à différents quotidiens européens. Et d’ajouter qu’une de ses priorités est la stabilité de la Syrie, car il ne voulait pas d'un État failli. Un aggiornamento reconnu à l’époque par le président qui ressemble plus à un constat que la politique étrangère française n’est plus que de la realpolitik, bien loin des vrais principes que portaient le général De Gaulle et qui faisait de la France à l’époque une puissance écoutée et respectée.
Alors qu’un vent arabe semble rapprocher Damas des autres pays de la région depuis quelques années - les Arabes misant essentiellement sur leur capacité à ramener la Syrie dans leur giron en l’arrachant à son alliance historique avec Téhéran - Paris semble vouloir ne pas louper le coche. Mais ce serait une nouvelle erreur pour la diplomatie française ; erreur déjà commise par Jacques Chirac en 2000 et Nicolas Sarkozy en 2008. Les deux anciens présidents avaient pensé pouvoir profiter d’un changement régional pour rapprocher Damas de l’Occident. C’était sans compter la détermination de Bachar el-Assad à vouloir garder son pouvoir autoritaire à tout prix selon les méthodes apprises de son père Hafez, lui qui n’avait pas hésité à raser des villes pour tuer dans l’œuf toute tentative de soulèvement de la population. Et pour ce faire, les Assad resteront alliés à d’autres pouvoirs autoritaires, comme la Russie ou l’Iran.
La France de Macron commettrait-elle une nouvelle fois la même erreur en renouant avec le régime barbare des Assad ?
Selon le journaliste français Georges Malbrunot, du quotidien français Le Figaro, certains conseillers de l’Élysée s’interrogeaient sur l'opportunité du maintien de la position française ferme à l’égard du régime de Bachar el-Assad avant même le séisme qui a frappé la Syrie et la Turquie, faisant plus de 11 000 morts. Une tragédie qui pourrait profiter à Paris et Damas pour rétablir la communication politique bilatérale interrompue depuis 2012 à la suite de la fermeture de l’ambassade de France à Damas décidée par Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, un an après le début du soulèvement populaire réprimé dans le sang.
Toujours selon M.Malbrunot, «certains conseillers s’interrogent, depuis un certain temps déjà, sur la pérennité d’une posture "uniquement fondée sur la morale". Le président et son entourage auraient-ils donc oublié que la France était la patrie des droits de l’Homme ? N’est-ce pas pour une question de morale qu’Emmanuel Macron a affirmé son soutien aux femmes iraniennes «car leur combat est celui des valeurs qui sont la devise, il est celui d’un universalisme de liberté auquel nous croyons » ? Le deux poids deux mesures politiciens aurait été difficilement justifiable. Mais le séisme a ouvert une brèche dans laquelle pourrait s’engouffrer Emmanuel Macron, comme il l’a fait en août 2020 au Liban, suite à l’explosion au port de Beyrouth.
En se posant en sauveur blanc, Emmanuel Macron n’avait fait que renflouer une classe politique libanaise corrompue et incapable de bonne gouvernance et avait indirectement légitimé les armes du Hezbollah et sa mainmise sur le pays, pour des raisons de realpolitik régionale. Renflouerait-il Bachar el-Assad sur la scène internationale ?
Une politique française faible en Syrie
Depuis le rétropédalage de Barack Obama, qui avait empêché le président François Hollande de bombarder le régime syrien en septembre 2013, la France est reléguée au second plan dans le dossier syrien. La position ferme à l’égard du régime et en faveur de l’opposition syrienne a ensuite commencé à s’effriter avec l’apparition du phénomène jihadiste. Les attentats en France à partir de 2015 vont renforcer la lutte contre le terrorisme et vont faire de Bachar el-Assad un moindre mal face aux barbus qui attaquent Paris, Nice, ou Bruxelles. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de M.Hollande, avait laissé entendre fin 2015 la possibilité d'une transition politique en présence de Bachar el-Assad.
Depuis sa première élection à la tête de l’État en mai 2017, le président Macron a donné le ton de sa politique à l’égard de la Syrie : «La destitution de Bachar al-Assad n’est pas un préalable à tout», soulignait-il en juin 2017 à différents quotidiens européens. Et d’ajouter qu’une de ses priorités est la stabilité de la Syrie, car il ne voulait pas d'un État failli. Un aggiornamento reconnu à l’époque par le président qui ressemble plus à un constat que la politique étrangère française n’est plus que de la realpolitik, bien loin des vrais principes que portaient le général De Gaulle et qui faisait de la France à l’époque une puissance écoutée et respectée.
Alors qu’un vent arabe semble rapprocher Damas des autres pays de la région depuis quelques années - les Arabes misant essentiellement sur leur capacité à ramener la Syrie dans leur giron en l’arrachant à son alliance historique avec Téhéran - Paris semble vouloir ne pas louper le coche. Mais ce serait une nouvelle erreur pour la diplomatie française ; erreur déjà commise par Jacques Chirac en 2000 et Nicolas Sarkozy en 2008. Les deux anciens présidents avaient pensé pouvoir profiter d’un changement régional pour rapprocher Damas de l’Occident. C’était sans compter la détermination de Bachar el-Assad à vouloir garder son pouvoir autoritaire à tout prix selon les méthodes apprises de son père Hafez, lui qui n’avait pas hésité à raser des villes pour tuer dans l’œuf toute tentative de soulèvement de la population. Et pour ce faire, les Assad resteront alliés à d’autres pouvoirs autoritaires, comme la Russie ou l’Iran.
La France de Macron commettrait-elle une nouvelle fois la même erreur en renouant avec le régime barbare des Assad ?
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