Dans une série d’articles, Melhem Chaoul, sociologue, évoque les projets de fédéralisme et de décentralisation élargie en passant en revue, d’abord, les origines du concept de fédéralisme et ses modalités pratiques, notamment pour ce qui a trait aux principales caractéristiques des régimes fédéraux. Dans ce deuxième article, M. Chaoul aborde le cas particulier du Liban.
Le modèle « classique » d’une démocratie fédérale est pratiquement impossible au Liban pour les raisons suivantes :
1. Il est clairement décelable dans le discours politique que la fédération à la libanaise se fonde sur les communautés religieuses comme composantes segmentaires principales, avec les régions comme composantes secondaires. Or malgré les transferts de populations dans le sens de l’homogénéisation dus à la guerre, on reste loin d’une adéquation de communautés et de territoires qui permettrait une gestion stable des régions. Les régions libanaises regroupent des « majorités » prépondérantes et de « fortes minorités » pour lesquelles la question de la participation à la chose publique se posera exactement de la même manière en cas de régime fédéral.
2. Les problèmes actuels au niveau du gouvernement, facteurs principaux du blocage institutionnel, concernent précisément la politique étrangère, la défense nationale et les problèmes économico-financiers. Supposées faire partie de la sphère de compétence du gouvernement central (l’espace commun), ces questions ne peuvent faire l’objet d’un veto de la part des segments/communautés dans le cas de leur adoption par le gouvernement fédéral. Donc les problèmes actuels continueront à se poser, l’adoption du système fédéral étant impuissant à les résoudre.
3. L’existence de communautés armées, pour quelle que raison que ce soit, torpille le principe même de la fédération, le port d’armes et les « relations extérieures » dont il émane remettant largement en question le « commun » du gouvernement central.
Cette impossibilité de mettre en place une démocratie fédérale au Liban nous oblige à repenser le système politique libanais à partir de deux paramètres :
• La reconstitution du régime politique selon deux indicateurs : L’État civil comme objectif et la segmentation sociétale comme état de fait.
• La reformulation de la nature de la gouvernance passant de la démocratie de concordance à un système de décentralisation élargie.
Nous avions dans des publications précédentes (cf. L’OLJ du 10/8/2015) défendu l’idée « d’une mise à jour » de la démocratie consociative ou de la démocratie de concordance libanaise. Nous pensons que cela n’est plus possible dans le contexte de la crise politique, économique et sociale actuelle.
Pour faire évoluer le débat sur l’avenir du régime politique au Liban, celui-ci doit s’orienter dans les deux directions précitées, celle de la reconstitution du régime politique et celle des formes de gouvernance sur la base de la décentralisation élargie.
Nous allons tenter une réflexion sur le concept de décentralisation élargie.
Prochain article : De la décentralisation au Liban
Le modèle « classique » d’une démocratie fédérale est pratiquement impossible au Liban pour les raisons suivantes :
1. Il est clairement décelable dans le discours politique que la fédération à la libanaise se fonde sur les communautés religieuses comme composantes segmentaires principales, avec les régions comme composantes secondaires. Or malgré les transferts de populations dans le sens de l’homogénéisation dus à la guerre, on reste loin d’une adéquation de communautés et de territoires qui permettrait une gestion stable des régions. Les régions libanaises regroupent des « majorités » prépondérantes et de « fortes minorités » pour lesquelles la question de la participation à la chose publique se posera exactement de la même manière en cas de régime fédéral.
2. Les problèmes actuels au niveau du gouvernement, facteurs principaux du blocage institutionnel, concernent précisément la politique étrangère, la défense nationale et les problèmes économico-financiers. Supposées faire partie de la sphère de compétence du gouvernement central (l’espace commun), ces questions ne peuvent faire l’objet d’un veto de la part des segments/communautés dans le cas de leur adoption par le gouvernement fédéral. Donc les problèmes actuels continueront à se poser, l’adoption du système fédéral étant impuissant à les résoudre.
3. L’existence de communautés armées, pour quelle que raison que ce soit, torpille le principe même de la fédération, le port d’armes et les « relations extérieures » dont il émane remettant largement en question le « commun » du gouvernement central.
Cette impossibilité de mettre en place une démocratie fédérale au Liban nous oblige à repenser le système politique libanais à partir de deux paramètres :
• La reconstitution du régime politique selon deux indicateurs : L’État civil comme objectif et la segmentation sociétale comme état de fait.
• La reformulation de la nature de la gouvernance passant de la démocratie de concordance à un système de décentralisation élargie.
Nous avions dans des publications précédentes (cf. L’OLJ du 10/8/2015) défendu l’idée « d’une mise à jour » de la démocratie consociative ou de la démocratie de concordance libanaise. Nous pensons que cela n’est plus possible dans le contexte de la crise politique, économique et sociale actuelle.
Pour faire évoluer le débat sur l’avenir du régime politique au Liban, celui-ci doit s’orienter dans les deux directions précitées, celle de la reconstitution du régime politique et celle des formes de gouvernance sur la base de la décentralisation élargie.
Nous allons tenter une réflexion sur le concept de décentralisation élargie.
Prochain article : De la décentralisation au Liban
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