Amnesty dénonce la détention d’une activiste LGBT jordanienne au Liban
©Photo d'illustration. (AFP / Ulises RUIZ)
Détentrice d’un visa humanitaire pour rejoindre l’Australie, AOA a été rattrapée par son influente famille qui chercherait à la rapatrier de force.

Une jeune militante jordanienne LGBT, engagée pour la défense des droits des femmes est retenue au Liban contre son gré, selon l’ONG Amnesty International. Réfugiée de Jordanie, la jeune femme âgée de 25 ans et identifiée seulement par ses initiales, AOA, risque d'être rapatriée par la force, relève Amnesty dans un communiqué. Titulaire d’un visa humanitaire australien, AOA allait prendre l'avion pour l'Australie lorsqu'elle a été arrêtée à Beyrouth en raison d'un "abus du système Interpol". « Il existe de sérieuses inquiétudes quant au fait que l’influente famille d'AOA en Jordanie manipule son rapatriement », précise l'ONG internationale. Selon le communiqué, AOA s’identifie comme une femme lesbienne non binaire.
« AOA s'est battue avec acharnement pendant plus de deux ans pour fuir sa famille violente et oppressive, pour dénoncer les sanctions infligées aux apostats et pour défendre les droits des femmes et de la communauté LGBT. AOA doit être sauvée de sa famille extrémiste et être autorisée à vivre dans un pays libre, à l'abri de la persécution », a déclaré Katrina Parker, responsable de Secular Rescue.
Ce dimanche, le ministre jordanien des Affaires étrangères, Haitham Abou el-Foul, a démenti les informations publiées par Amnesty International au sujet de l'arrestation d’AOA. Il a déclaré que l'ambassade de Jordanie à Beyrouth n'avait pas cherché à renvoyer la jeune femme à Amman, expliquant que cette affaire « relevait de la responsabilité des services de sécurité et non des missions diplomatiques ».


Les autorités libanaises appelées à coopérer

« Nous appelons les autorités libanaises à coopérer avec les autorités australiennes et les Nations Unies au Liban pour garantir qu'AOA puisse embarquer dans l'avion pour l'Australie. En tant que réfugiée, AOA est sous protection internationale et son rapatriement constituerait une violation du droit international », a déclaré Veronica Koman, chargée de campagne auprès d'Amnesty International Australie.
L’organisation rapporte que par le passé, AOA a été victime de viol, d'agressions sexuelles, de torture, de mariage forcé, de thérapie de conversion forcée, d'hospitalisation forcée et a été forcée de se voiler. Des mauvais traitements qui remonteraient à l’enfance. Amnesty explique que la famille d'AOA est très influente en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Irak. Des membres de cette famille travailleraient pour le gouvernement jordanien.
En juillet 2020, AOA s’était réfugiée en Turquie, échappant au contrôle de sa famille qui a cependant réussi à la localiser rapidement, la forçant à chercher la sécurité dans un pays tiers. En s’exonérant de frais administratifs auprès de l’administration libanaise, AOA a été arrêtée et placée en garde à vue. Selon les autorités libanaises, une notice rouge d’Interpol à été émise à son encontre. Cette notice a par la suite été révoquée, suite aux pressions d’Amnesty, mais AOA reste détenue à l’heure actuelle.
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