Prêts bancaires: on ne remonte pas le temps!  
Une trentaine de milliards de dollars, accordés sous forme de crédit par les banques au secteur privé, ont été remboursés par des chèques tirés sur la Banque du Liban ou sur base d’un dollar à 1.500 livres, depuis le 17/10/2019.

Remonter le temps est un processus impossible. Ce qui est fait est fait. Une trentaine de milliards de dollars, d’un total d’une quarantaine de milliards de dollars accordés sous forme de crédit au secteur privé par les banques, ont été remboursés par le biais de chèques tirés sur la Banque du Liban ou sur base d’un dollar à 1.500 livres.

Sans vouloir se faire l’avocat du diable, il y a eu «des erreurs de parcours» commises par négligence ou manque de perspicacité de la part des autorités monétaires, judiciaires et politiques. Si elles avaient été évitées, cela aurait au moins contribué à adoucir les retombées catastrophiques de la crise multifacette qui secoue le Liban depuis trois ans déjà. Cela dit, une sortie de crise est pressante. Elle s’impose avec acuité aujourd'hui.

Une même monnaie   


Concrètement, les banques ne sont pas des planches à billets. Elles accordent des avances aux agents économiques à partir des dépôts qu’elles reçoivent, moyennant une rémunération représentée par les taux d’intérêts appliqués. Mais, pratiquement, ce qui a eu lieu est différent de ce qui aurait dû être fait. Les banques ont été contraintes, par la force de décisions judiciaires, politiques et monétaires, d’accepter le remboursement des agents du secteur privé en chèques ou en dollars, au taux de 1.500 livres pour un dollar. Dans le même temps, les mêmes autorités les obligeaient à verser les dépôts en dollars, en espèces, à leurs bénéficiaires. Ce qui a eu pour simple conséquence de réduire les chances d'autres déposants de récupérer leurs dépôts en devises étrangères et, surtout, d’enrichir les riches. Et pour cause: dans cette perspective, il aurait été plus pertinent de protéger les bénéficiaires de crédits à la consommation, tels les crédits logements et les crédits autos, et d’imposer un remboursement dans la même devise forte pour les bénéficiaires de crédit à l’investissement. Ces derniers ont remboursé par anticipation leurs prêts d’investissement pour une poignée de livres libanaises ou de lollars.

Désendettement

Les chiffres, plus que les mots, sont parlants. En effet, l’analyse des chiffres du secteur bancaire entre octobre 2019 et décembre 2022 montre une baisse du total des crédits de 34,1 milliards de dollars, le portefeuille de crédits des banques étant passé de 54,2 milliards de dollars à 20,1 milliards de dollars, soit l’équivalent de 62,9%, selon le rapport du 4e trimestre 2022 de Bank Audi.

Le remboursement des crédits a représenté 80% de la contraction des dépôts au cours des trois dernières années. Les crédits en devises se sont contractés de 28 milliards de dollars, tandis que les crédits en livres libanaises ont chuté de 9,3 trillions de livres sur la période. Par conséquent, la dollarisation des crédits est passée de 70,4% en octobre 2019 à 50,7% en décembre 2022.
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