Le président français Emmanuel Macron, en visite d'État à Pékin, a tenu jeudi une réunion d'une heure et demie avec son homologue chinois Xi Jinping. Il a notamment souligné à l'adresse de M. Xi qu'il comptait sur lui pour "ramener la Russie à la raison" au sujet de l'Ukraine, les deux dirigeants appelant à des pourparlers de paix. "Je sais pouvoir compter sur vous pour ramener la Russie à la raison et tout le monde à la table des négociations", a affirmé le chef de l'État français à M. Xi lors de leur rencontre bilatérale.
Les deux dirigeants ont appelé à des pourparlers de paix et rejeté tout recours à l'arme nucléaire. Il faut "une reprise des discussions au plus vite pour bâtir une paix durable", a affirmé M. Macron, Xi Jinping plaidant de son côté pour "une reprise des discussions de paix le plus tôt.
Le chef d'État chinois a estimé que "les armes nucléaires ne peuvent pas être utilisées" et a condamné toute "attaque contre des civils" ainsi que tout "usage d'armes biologiques et chimiques, sous aucune circonstance".
Même tonalité chez le président Macron. Il a rappelé qu'il fallait "qu'évidemment le nucléaire soit exclu totalement de ce conflit". "A cet égard, chacun doit être rappelé à ses devoirs, en particulier la Russie qui a annoncé l'autre jour vouloir déployer en Biélorussie de telles armes, ce qui est non conforme aux engagements pris à vos égards, à nos égards et au droit international", a ajouté M. Macron.
Auparavant dans la journée de jeudi, le président français s'était entretenu avec le Premier ministre chinois Li Qiang. "La capacité à partager une analyse commune et bâtir un chemin commun est indispensable", a dit le président français au début de cette réunion qui s'est tenue au Palais du peuple, cœur du pouvoir chinois. "Dans ces temps troublés que nous traversons", il a souligné "l'importance" du "dialogue entre la Chine et la France".
Moscou rejette une médiation chinoise
La Russie n'a pas tardé à réagir aux propos du président Macron. Interrogé à ce sujet, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. a exclu la possibilité d'une médiation chinoise pour arrêter les combats en Ukraine, estimant que la Russie, qui a connu une multitude de revers militaires, n'avait d'autre choix que de continuer son assaut.
"Bien sûr que la Chine dispose d'un potentiel formidable et efficace s'agissant de ses services de médiation", a estimé auprès de la presse "Mais la situation avec l'Ukraine est complexe, il n'y a pas de perspective de règlement politique. Et, pour le moment, nous n'avons pas d'autre solution que de continuer l'opération militaire spéciale", a-t-il ajouté, utilisant l'euphémisme des autorités russes pour décrire l'offensive en Ukraine.
Pression internationale
Ces dernières semaines, la pression internationale est montée d'un cran sur la Chine pour l'inciter à s'impliquer pour la paix en Ukraine. Car, si Pékin se dit officiellement neutre, Xi Jinping n'a jamais condamné l'invasion russe ni même parlé au téléphone avec son homologue ukrainien Volodomyr Zelensky.
Je suis convaincu que la Chine a un rôle majeur à jouer dans la construction de la paix. Voilà ce sur quoi je viens échanger, avancer. Avec le Président XI Jinping, nous allons parler aussi de nos entreprises, du climat et de la biodiversité, de la sécurité alimentaire.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron)Je suis convaincu que la Chine a un rôle majeur à jouer dans la construction de la paix. Voilà ce sur quoi je viens échanger, avancer. Avec le Président XI Jinping, nous allons parler aussi de nos entreprises, du climat et de la biodiversité, de la sécurité alimentaire.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 6, 2023
Sévérité européenne
Au premier jour de sa visite d'État de trois jours, le président français avait estimé mercredi que Pékin pouvait jouer un "rôle majeur" pour "trouver un chemin de paix" en Ukraine, invoquant le document en 12 points sur la position chinoise publié en février. Ursula von der Leyen, de son côté, a lancé une mise en garde nettement plus sévère la semaine dernière à Bruxelles: "la manière dont la Chine continuera de réagir face à la guerre de Poutine sera un facteur déterminant de l'avenir des relations entre l'UE et la Chine".
Maxime Pluvinet avec AFP
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