Le mardi 4 avril, le guitariste Edy Dorlian, la soprano Ghada Ghanem, et six de leurs étudiants au Conservatoire national supérieur de musique du Liban (CNSML) se sont partagé la scène du théâtre al-Madina, dans un concert visant à soutenir, aussi bien financièrement que moralement, les professeurs de la plus haute référence musicale du pays, visiblement abandonnés par les responsables à leur triste sort. En effet, depuis la nomination par intérim de Hiba Kawas à la tête de ce vivier musical national, on dirait qu'une épée de Damoclès plane au-dessus de la tête des enseignants. Une épée (un sabre, auraient dit certains puristes) que la direction du CNSML, soutenue par le ministère de la Culture et son parti politique tentaculaire, n'hésite nullement, à coup de licenciements ou de retenues sur salaire, à faire peser au-dessus de la tête des grévistes ou tout professeur osant dénoncer «l’humiliation» que subit le corps enseignant.
Le porte-parole de la contestation de ce dernier, Edy Dorlian, l’Étienne Lantier du Conservatoire national, a été le premier à subir «le joug et les représailles» de l’administration qui a procédé, en janvier dernier, à la résiliation de son contrat de travail. Interrogés par Ici Beyrouth, les organisateurs du concert ont indiqué que celui-ci constituera la pierre angulaire d'une série de récitals, mettant en scène des professeurs et leurs étudiants. «La direction du Conservatoire national fait montre d'une incompétence phénoménale, affirme un professeur au CNSML sous couvert d'anonymat. Le gouvernement libanais et la direction devraient avoir honte de nous verser un tel salaire. Quelques dizaines de dollars au plus. Nous n'attendons plus rien d'eux. Nous sommes des artistes, la scène sera dorénavant notre source d'espoir pour gagner notre vie.»
Cela dit, les jeunes musiciens libanais ainsi que leurs mentors se sont donné la réplique dans un concert contrasté, irréprochablement captivant, voire même haletant, dans les œuvres instrumentales, enivrant dans les prestations de la soprano libanaise de renom, mais nettement moins convaincant et perfectible pour le reste. On retrouve notamment une élégance exquise, secondée d'une virtuosité technique impeccable, dans les prestations des guitaristes Rawad Abi Zeid et Farid Chedrawi dont la fluidité interprétative et l'expressivité évocatrice, fruits d'un travail assidu sur les intonations, les harmonies et les textures, confinent à l’immersion. Dans les Variations sur un thème de Fernando Sor op.15, composées par Miguel Llobet (1878-1938), l'un des moments forts de ce concert, Rawad Abi Zeid fait preuve d'une théâtralité suave et d'une netteté cristalline, forçant l'admiration.
Le concert est clôturé par une interprétation poignante, mais indéniablement teintée d'espoir, d'un chef d'œuvre musical de Ziad Rahbani, Fi Amal (Il y a de l'espoir), par la soprano Ghada Ghanem qui enchante l’auditoire par sa grande maîtrise vocale, englobant une plénitude du registre et une émission rayonnante de nuances, faisant de cette pièce le sommet d'émotion de cette production. Il est à noter que cet arrangement, comme la plupart de cette soirée, a été spécialement conçu par Edy Dorlian. Y aurait-il encore de l'espoir? Manifestement, il semblerait que oui.
Affiche du concert du 4 avril
Joug et représailles
Le porte-parole de la contestation de ce dernier, Edy Dorlian, l’Étienne Lantier du Conservatoire national, a été le premier à subir «le joug et les représailles» de l’administration qui a procédé, en janvier dernier, à la résiliation de son contrat de travail. Interrogés par Ici Beyrouth, les organisateurs du concert ont indiqué que celui-ci constituera la pierre angulaire d'une série de récitals, mettant en scène des professeurs et leurs étudiants. «La direction du Conservatoire national fait montre d'une incompétence phénoménale, affirme un professeur au CNSML sous couvert d'anonymat. Le gouvernement libanais et la direction devraient avoir honte de nous verser un tel salaire. Quelques dizaines de dollars au plus. Nous n'attendons plus rien d'eux. Nous sommes des artistes, la scène sera dorénavant notre source d'espoir pour gagner notre vie.»
Concert contrasté
Cela dit, les jeunes musiciens libanais ainsi que leurs mentors se sont donné la réplique dans un concert contrasté, irréprochablement captivant, voire même haletant, dans les œuvres instrumentales, enivrant dans les prestations de la soprano libanaise de renom, mais nettement moins convaincant et perfectible pour le reste. On retrouve notamment une élégance exquise, secondée d'une virtuosité technique impeccable, dans les prestations des guitaristes Rawad Abi Zeid et Farid Chedrawi dont la fluidité interprétative et l'expressivité évocatrice, fruits d'un travail assidu sur les intonations, les harmonies et les textures, confinent à l’immersion. Dans les Variations sur un thème de Fernando Sor op.15, composées par Miguel Llobet (1878-1938), l'un des moments forts de ce concert, Rawad Abi Zeid fait preuve d'une théâtralité suave et d'une netteté cristalline, forçant l'admiration.
Le concert est clôturé par une interprétation poignante, mais indéniablement teintée d'espoir, d'un chef d'œuvre musical de Ziad Rahbani, Fi Amal (Il y a de l'espoir), par la soprano Ghada Ghanem qui enchante l’auditoire par sa grande maîtrise vocale, englobant une plénitude du registre et une émission rayonnante de nuances, faisant de cette pièce le sommet d'émotion de cette production. Il est à noter que cet arrangement, comme la plupart de cette soirée, a été spécialement conçu par Edy Dorlian. Y aurait-il encore de l'espoir? Manifestement, il semblerait que oui.
Affiche du concert du 4 avril
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