Les derniers tirs de missiles à partir du Liban en direction d’Israël ont laissé planer des doutes quant aux circonstances de l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies qui a mis un terme à la guerre de juillet 2006 entre le Liban et Israël et qui stipule que toute présence armée illégale est interdite au sud du Litani.
Les tirs de missiles vers Israël jeudi soir à partir du territoire libanais et la riposte israélienne le lendemain sous la forme d'un bombardement de positions du Hamas dans la région de Tyr ont remis sur le tapis la question de la présence armée palestinienne au Liban et le rôle du Hamas, et du Hezbollah, sur ce plan. Israël, convient-il de rappeler, a accusé le Hamas d’être à l’origine de ces tirs. Est-il donc vrai que les factions palestiniennes, et plus particulièrement le Hamas, ont regagné leur liberté de mouvement dans les régions méridionales du pays, et dans ce cas, quelle est la position du Hezbollah à cet égard?
Interrogés à ce propos, plusieurs experts en affaires palestiniennes soulignent à l'unisson qu'il est impossible de transporter un lance-missile, à titre d'exemple, dans le Sud-Liban sans l’aval du Hezbollah.
Après l’accord de Taëf, en 1989, rappelle-t-on, les factions palestiniennes présentes dans les camps de réfugiés ont rendu leurs armes lourdes à l’État libanais alors que celui-ci était sous domination syrienne. «Il n’existe pas d’armes lourdes dans les camps, mais des armes légères ou moyennes, explique Anis Mohsen, journaliste palestinien résidant au Liban. Les lance-missiles sont généralement aux mains de factions soutenues par la Syrie, telles que la Saïka ou le Front populaire pour la libération de la Palestine-Commandement général, surtout dans la Békaa-Ouest et à Naamé.»
Il convient de préciser à ce stade que d’après l’Unrwa, 479 000 Palestiniens sont enregistrés au Liban. Près de 45% d’entre eux vivent dans douze camps répartis à travers le Liban. Certains Palestiniens habitent aussi dans les villes ou dans des "groupements", c’est-à-dire des zones d’habitations informelles construites par les réfugiés eux-mêmes et souvent à population mixte (libano-palestinienne). Ces groupements ont un statut juridique différent de celui des camps parce que leur gestion ne relève pas du mandat de l’Unrwa.
Répartition des armes
Selon une source proche de l’opposition, la dernière étude officielle sur la répartition des armes palestiniennes a été effectuée en 2010. Depuis, les choses n’ont pas changé. «C’est le Fateh qui gère les camps, mais les différentes factions palestiniennes se répartissent officieusement dans des camps sur l’ensemble du territoire libanais, d’après la même source. Cette répartition n’est pas documentée et il n’existe pas d’informations sur la prédominance d’une faction sur l’autre. Cela dépend d'ailleurs de l’emplacement du camp. Aucune source, libanaise ou palestinienne, ne peut avancer des données exactes sur le sujet, encore moins sur les armes dont ces factions disposeraient.»
«Le Fateh a toujours une présence très forte, affirme-t-on dans les mêmes milieux. Il reçoit des aides en dollars et continue de vouloir se mettre sur le devant de la scène. Mais il est clair que depuis 2010, le Hamas a largement investi dans les camps au Liban, que ce soit sur les plans militaire ou social, ou même éducatif.»
Le rôle du Hezbollah
Les sources bien informées des affaires palestiniennes, affirment que «le Hamas n’a pas de présence armée dans les camps». «Les armes lourdes ne peuvent être acheminées au Liban-Sud qu’avec l’approbation du Hezbollah, insiste-t-on. Personne ne peut prouver que c’est le Hamas qui a tiré vers Israël. Le Hamas lui-même n’a pas publié de communiqué dans ce sens.»
Pour Anis Mohsen, «les camps du Liban-Sud, comme ceux de Rachidiyé ou Naamé, sont encerclés par l’armée libanaise». «Des barrages ont été érigés à l’entrée et à la sortie de ces camps, poursuit-il. À l’extérieur, c’est le Hezbollah qui contrôle le Liban-Sud.»
M. Mohsen relève sur ce plan que les roquettes ont été lancées par des «experts», puisque «ces armes ont atteint leur objectif, bien qu’elles ne soient pas, pour ainsi dire, intelligentes».
Comment explique-t-on cette tension au Liban-Sud à ce moment précis? «Les bombardements israéliens continus en Syrie, auxquels s’ajoutent les événements à l’intérieur des territoires palestiniens, les problèmes en Israël ainsi que le rapprochement irano-saoudien, ont pour effet de renforcer l’axe obstructionniste (la moumanaa) qui essaie d’unifier Gaza, le Liban, la Syrie et la Cisjordanie en un seul front, constate Anis Mohsen. C’est une sorte de test pour déterminer si Israël est prêt à se lancer dans une guerre. Personne n’a revendiqué les tirs de missiles. Les Israéliens ont accusé le Hamas pour ne pas nommer le Hezbollah et être entraîné de facto dans une guerre qu’ils ne sont pas prêts à mener.»
Appliquer la 1701
Du côté libanais également, aucune autorité officielle n’a dévoilé la partie responsable de ces tirs. «Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a réagi en indiquant que les tirs étaient menés par un groupe non libanais et non organisé», constate Ziad Sayegh, expert en politiques publiques. «Comment est-ce possible que ce soit la version officielle? S’est-il interrogé. Pourquoi les forces intérimaires des Nations unies (FINUL) et l’armée n’assument-elles pas leur rôle pour empêcher le chaos?» Et Ziad Sayegh d'affirmer, fort à propos, que «la seule solution serait d’appliquer la résolution 1701».
Les tirs de missiles vers Israël jeudi soir à partir du territoire libanais et la riposte israélienne le lendemain sous la forme d'un bombardement de positions du Hamas dans la région de Tyr ont remis sur le tapis la question de la présence armée palestinienne au Liban et le rôle du Hamas, et du Hezbollah, sur ce plan. Israël, convient-il de rappeler, a accusé le Hamas d’être à l’origine de ces tirs. Est-il donc vrai que les factions palestiniennes, et plus particulièrement le Hamas, ont regagné leur liberté de mouvement dans les régions méridionales du pays, et dans ce cas, quelle est la position du Hezbollah à cet égard?
Interrogés à ce propos, plusieurs experts en affaires palestiniennes soulignent à l'unisson qu'il est impossible de transporter un lance-missile, à titre d'exemple, dans le Sud-Liban sans l’aval du Hezbollah.
Après l’accord de Taëf, en 1989, rappelle-t-on, les factions palestiniennes présentes dans les camps de réfugiés ont rendu leurs armes lourdes à l’État libanais alors que celui-ci était sous domination syrienne. «Il n’existe pas d’armes lourdes dans les camps, mais des armes légères ou moyennes, explique Anis Mohsen, journaliste palestinien résidant au Liban. Les lance-missiles sont généralement aux mains de factions soutenues par la Syrie, telles que la Saïka ou le Front populaire pour la libération de la Palestine-Commandement général, surtout dans la Békaa-Ouest et à Naamé.»
Il convient de préciser à ce stade que d’après l’Unrwa, 479 000 Palestiniens sont enregistrés au Liban. Près de 45% d’entre eux vivent dans douze camps répartis à travers le Liban. Certains Palestiniens habitent aussi dans les villes ou dans des "groupements", c’est-à-dire des zones d’habitations informelles construites par les réfugiés eux-mêmes et souvent à population mixte (libano-palestinienne). Ces groupements ont un statut juridique différent de celui des camps parce que leur gestion ne relève pas du mandat de l’Unrwa.
Répartition des armes
Selon une source proche de l’opposition, la dernière étude officielle sur la répartition des armes palestiniennes a été effectuée en 2010. Depuis, les choses n’ont pas changé. «C’est le Fateh qui gère les camps, mais les différentes factions palestiniennes se répartissent officieusement dans des camps sur l’ensemble du territoire libanais, d’après la même source. Cette répartition n’est pas documentée et il n’existe pas d’informations sur la prédominance d’une faction sur l’autre. Cela dépend d'ailleurs de l’emplacement du camp. Aucune source, libanaise ou palestinienne, ne peut avancer des données exactes sur le sujet, encore moins sur les armes dont ces factions disposeraient.»
«Le Fateh a toujours une présence très forte, affirme-t-on dans les mêmes milieux. Il reçoit des aides en dollars et continue de vouloir se mettre sur le devant de la scène. Mais il est clair que depuis 2010, le Hamas a largement investi dans les camps au Liban, que ce soit sur les plans militaire ou social, ou même éducatif.»
Le rôle du Hezbollah
Les sources bien informées des affaires palestiniennes, affirment que «le Hamas n’a pas de présence armée dans les camps». «Les armes lourdes ne peuvent être acheminées au Liban-Sud qu’avec l’approbation du Hezbollah, insiste-t-on. Personne ne peut prouver que c’est le Hamas qui a tiré vers Israël. Le Hamas lui-même n’a pas publié de communiqué dans ce sens.»
Pour Anis Mohsen, «les camps du Liban-Sud, comme ceux de Rachidiyé ou Naamé, sont encerclés par l’armée libanaise». «Des barrages ont été érigés à l’entrée et à la sortie de ces camps, poursuit-il. À l’extérieur, c’est le Hezbollah qui contrôle le Liban-Sud.»
M. Mohsen relève sur ce plan que les roquettes ont été lancées par des «experts», puisque «ces armes ont atteint leur objectif, bien qu’elles ne soient pas, pour ainsi dire, intelligentes».
Comment explique-t-on cette tension au Liban-Sud à ce moment précis? «Les bombardements israéliens continus en Syrie, auxquels s’ajoutent les événements à l’intérieur des territoires palestiniens, les problèmes en Israël ainsi que le rapprochement irano-saoudien, ont pour effet de renforcer l’axe obstructionniste (la moumanaa) qui essaie d’unifier Gaza, le Liban, la Syrie et la Cisjordanie en un seul front, constate Anis Mohsen. C’est une sorte de test pour déterminer si Israël est prêt à se lancer dans une guerre. Personne n’a revendiqué les tirs de missiles. Les Israéliens ont accusé le Hamas pour ne pas nommer le Hezbollah et être entraîné de facto dans une guerre qu’ils ne sont pas prêts à mener.»
Appliquer la 1701
Du côté libanais également, aucune autorité officielle n’a dévoilé la partie responsable de ces tirs. «Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a réagi en indiquant que les tirs étaient menés par un groupe non libanais et non organisé», constate Ziad Sayegh, expert en politiques publiques. «Comment est-ce possible que ce soit la version officielle? S’est-il interrogé. Pourquoi les forces intérimaires des Nations unies (FINUL) et l’armée n’assument-elles pas leur rôle pour empêcher le chaos?» Et Ziad Sayegh d'affirmer, fort à propos, que «la seule solution serait d’appliquer la résolution 1701».
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