La “fin de l’occupation iranienne” du Liban, opérée grâce aux armes du Hezbollah, le rétablissement du monopole de la violence légitime aux mains de la légalité, et le désarmement des milices conformément à la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU. Ces revendications devraient constituer la priorité politique, plutôt que la tenue des prochaines législatives, estiment divers milieux politiques, parmi lesquels l’ancien député Farès Souhaid, entre autres forces politiques, personnalités indépendantes et formations issues du mouvement révolutionnaire du 17 Octobre.
Ils n’ont peut-être pas tort.
Selon ces milieux, tout processus de changement véritable de la situation actuelle est impossible à l’ombre de l’hégémonie du Hezbollah sur le pouvoir décisionnel. Le parti chiite est capable de bloquer l’État lorsqu’il le souhaite au profit de l’agenda iranien dans la région, dont il est le maître d'œuvre.
En octobre 2016, le président des Forces libanaises Samir Geagea et le chef du courant du Futur, Saad Hariri, avaient rallié le candidature du chef du Courant patriotique libre Michel Aoun, soutenu par le Hezbollah. Le compromis présidentiel qui en avait découlé et qui avait porté M. Aoun à la présidence, misait sur un “recentrage” de ce dernier par rapport à l’accord de Mar Mikhaël avec le parti chiite, à même de renforcer l’État libanais et de susciter un processus de changement et, par transitivité, à inciter le Hezbollah à se “désiraniser”et se “relibaniser”.
À neuf mois de la fin du mandat Aoun, force est de constater que rien de tout cela ne s’est produit, comme le reconnaissent des sources proches des FL. Et le dernier discours à la nation du chef de l’État, le 27 décembre dernier, prouve que le pari Geagea-Hariri sur un “Aoun nouveau” a lamentablement échoué, ajoutent ces sources.
M. Aoun a appelé à un dialogue sur la décentralisation administrative et financière, la stratégie de défense et la relance économique, ce qu’il a évité de faire durant l’ensemble de son mandat. Il n’a même pas mentionné dans son discours les armes du Hezbollah et sa participation dans les différents conflits de la région, source de la rupture des relations entre le Liban et les pays du Golfe.
Le Premier ministre Nagib Mikati s’est empressé de répondre, adoptant le principe du dialogue, mais en inversant les priorités. M. Mikati a ainsi placé la politique étrangère et la fin des ingérences dans les affaires arabes la priorité, compte tenu des retombées négatives sur le Liban de cette attitude et la nécessité de retourner à la politique de distanciation vis-à-vis des conflits de la région.
Les deux hommes ont basculé dans l’interdit à une période particulièrement délicate de l’histoire du Liban. Le président Aoun a rappelé le funestement célèbre triptyque “peuple-armée-résistance”, alors même que la formule avait disparu de la rhétorique du Hezbollah et des déclarations ministérielles récentes, surtout depuis que les armes du parti chiite sont au service de l’Internationale iranienne sur tous les fronts de la région, dans une occultation totale de l’État et du peuple libanais, et un cavalier seul méprisant vis-à-vis de l’armée libanaise. Ce triptyque n’existe plus, de l’avis de plusieurs sources politiques concordantes, notamment proches du Hezbollah. Quant à M. Mikati, il est lui aussi tombé dans un piège lors de sa conférence de presse du 28 décembre, lorsqu’ interrogé sur “l’occupation iranienne”, il a réfuté l’idée d’une influence prépondérante de la part d’un pays étranger sur le Liban.
Dans sa défense du Hezbollah en tant que “parti politique libanais parmi d’autres”, le président du Conseil a fait mine d’oublier que le parti chiite n’a jamais déclaré son existence légale au ministère de l’Intérieur comme les autres formations politiques, soulignent des sources de l’opposition souverainiste. Le Hezbollah considère qu’il est investi d’une mission divine, autrement plus importante que le commun des mortels, et qui le place donc au-dessus de toutes les contingences: celle de la “résistance”, ajoutent ces sources. Dans la réalité, il est donc une formation paramilitaire dogmatique et sectaire qui est une émanation des Gardiens de la révolution iranienne, ce qui justifie son engagement sur tous les fronts de la région en fonction de l’agenda iranien. L’éclosion “d’icônes” révolutionnaires à la gloire du général iranien Kassem Suleimani sur la route de l’aéroport de Beyrouth, pour mieux marquer le statut de province occupée du pays du Cèdre, n’a pas semblé gêner le Premier ministre outre mesure.
Y a-t-il signe plus ostentatoire de l’hégémonie iranienne ? Faut-il également faire fi des déclarations des responsables iraniens, qui se réjouissent de rappeler depuis 2016, et à chaque fois que l’occasion se présente, que le Liban est une terre occupée, que Beyrouth est l’une des capitales arabes sous le contrôle de Téhéran et que la majorité parlementaire est pro-iranienne ? Le Liban officiel pratique la politique de l’autruche pour complaire au pouvoir de fait du Hezbollah, ce qui n’est pas sans provoquer le courroux des pays du Golfe. Les élections changeront-elles quelque chose à ce fait accompli ?
Les propos tenus en décembre dernier par le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, semblent présager du contraire. Le cheikh Kassem avait appelé, non sans arrogance, à ne pas accorder trop d’importance au concept de majorité ou de minorité parlementaire, qui “ne sera absolument pas un critère, quelle que soit l’identité de la majorité et de la minorité”. Selon lui, le seul critère à retenir pour espérer accéder au gouvernail et façonner l’avenir du Liban est “d’avoir une vision au service de la protection des gens grâce au soutien populaire”.
Pour les milieux de l’opposition précités, les propos de Naïm Kassem torpillent d’ores et déjà la logique démocratique et toute reconnaissance des résultats du scrutin. C’est le Hezbollah qui déterminera sur le terrain les rapports de force sans aucune considération pour la volonté populaire, comme l’ont prouvé les expériences des législatives de 2005 et 2009, où les victoires du 14 Mars ont été annulées de facto. Les moyens utilisés par la milice ont été nombreux à l’époque: la création du concept de “majorité populaire” pour délégitimer la “majorité parlementaire”, primauté du consensualisme dans la formation des gouvernements et insistance sur les cabinets “d’union nationale” pour diluer la majorité et l’empêcher de gouverner. Sans oublier le recours à la menace, à l’intimidation, aux armes et à la violence. Les biceps du Hezbollah lui ont permis à deux reprises d’inverser les résultats des urnes, jusqu’à imposer sa propre loi électorale à la faveur des rapports de force en 2018 et de s’assurer la majorité parlementaire.
Partant, soulignent ces sources, loin de se préoccuper du prochain scrutin, les Libanais qui souhaitent voir enfin le bout du tunnel devraient avoir les yeux rivés sur une seule priorité: la libération du pays de l’occupation iranienne, par le biais de la fin des armes illégales au Liban. D’autant que les propos du cheikh Kassem signifient sans doute que le Hezbollah et le CPL torpilleront l’échéance s’il s’avère qu’ils n’en ressortiront pas victorieux. Du reste, aucun État ne peut être édifié sans souveraineté interne, ce qui signifie qu’il faudra inéluctablement que cette hérésie qui consiste à des parties proiraniennes, prosyriennes, palestiniennes ou autres à porter les armes cesse d’exister.
Priorité, partant, au rétablissement du monopole de la violence légitime, martèlent les sources souverainistes, aucun changement réel n’étant possible à l’ombre des armes, d’autant plus qu’elles servent une stratégie iranienne. Toute stratégie défensive servirait actuellement à légaliser les armes du Hezbollah, comme en Irak, à l’heure où l’ONU, la France et les pays du Golfe soulignent la nécessité d’appliquer les résolutions 1559, 1680 et 1701.
L’idée d’une conférence internationale sur le Liban, pour annoncer un statut de neutralité positive à ce pays, et jeter les bases d’un État juste, équitable et souverain, comme l’a réclamé samedi le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, dans son homélie du Nouvel An, fait son chemin. De même que l’émergence d’une nouvelle résolution internationale qui octroierait une force d’appoint internationale à l’armée libanaise pour qu’elle puisse étendre son autorité sur l’ensemble du territoire libanaise, ramasser les armes illégales, contrôler les frontières, fermer les points de passage illégaux et mettre fin à la contrebande d’armes et au passage de combattants entre le Liban et la Syrie, en coordination avec le régime Assad. Il s’agirait là d’une des missions assignées au président syrien sous contrôle international, et russe en particulier, pour couper l’approvisionnement du Hezbollah en armes iraniennes.
Ils n’ont peut-être pas tort.
Selon ces milieux, tout processus de changement véritable de la situation actuelle est impossible à l’ombre de l’hégémonie du Hezbollah sur le pouvoir décisionnel. Le parti chiite est capable de bloquer l’État lorsqu’il le souhaite au profit de l’agenda iranien dans la région, dont il est le maître d'œuvre.
En octobre 2016, le président des Forces libanaises Samir Geagea et le chef du courant du Futur, Saad Hariri, avaient rallié le candidature du chef du Courant patriotique libre Michel Aoun, soutenu par le Hezbollah. Le compromis présidentiel qui en avait découlé et qui avait porté M. Aoun à la présidence, misait sur un “recentrage” de ce dernier par rapport à l’accord de Mar Mikhaël avec le parti chiite, à même de renforcer l’État libanais et de susciter un processus de changement et, par transitivité, à inciter le Hezbollah à se “désiraniser”et se “relibaniser”.
À neuf mois de la fin du mandat Aoun, force est de constater que rien de tout cela ne s’est produit, comme le reconnaissent des sources proches des FL. Et le dernier discours à la nation du chef de l’État, le 27 décembre dernier, prouve que le pari Geagea-Hariri sur un “Aoun nouveau” a lamentablement échoué, ajoutent ces sources.
M. Aoun a appelé à un dialogue sur la décentralisation administrative et financière, la stratégie de défense et la relance économique, ce qu’il a évité de faire durant l’ensemble de son mandat. Il n’a même pas mentionné dans son discours les armes du Hezbollah et sa participation dans les différents conflits de la région, source de la rupture des relations entre le Liban et les pays du Golfe.
Le Premier ministre Nagib Mikati s’est empressé de répondre, adoptant le principe du dialogue, mais en inversant les priorités. M. Mikati a ainsi placé la politique étrangère et la fin des ingérences dans les affaires arabes la priorité, compte tenu des retombées négatives sur le Liban de cette attitude et la nécessité de retourner à la politique de distanciation vis-à-vis des conflits de la région.
Les deux hommes ont basculé dans l’interdit à une période particulièrement délicate de l’histoire du Liban. Le président Aoun a rappelé le funestement célèbre triptyque “peuple-armée-résistance”, alors même que la formule avait disparu de la rhétorique du Hezbollah et des déclarations ministérielles récentes, surtout depuis que les armes du parti chiite sont au service de l’Internationale iranienne sur tous les fronts de la région, dans une occultation totale de l’État et du peuple libanais, et un cavalier seul méprisant vis-à-vis de l’armée libanaise. Ce triptyque n’existe plus, de l’avis de plusieurs sources politiques concordantes, notamment proches du Hezbollah. Quant à M. Mikati, il est lui aussi tombé dans un piège lors de sa conférence de presse du 28 décembre, lorsqu’ interrogé sur “l’occupation iranienne”, il a réfuté l’idée d’une influence prépondérante de la part d’un pays étranger sur le Liban.
Dans sa défense du Hezbollah en tant que “parti politique libanais parmi d’autres”, le président du Conseil a fait mine d’oublier que le parti chiite n’a jamais déclaré son existence légale au ministère de l’Intérieur comme les autres formations politiques, soulignent des sources de l’opposition souverainiste. Le Hezbollah considère qu’il est investi d’une mission divine, autrement plus importante que le commun des mortels, et qui le place donc au-dessus de toutes les contingences: celle de la “résistance”, ajoutent ces sources. Dans la réalité, il est donc une formation paramilitaire dogmatique et sectaire qui est une émanation des Gardiens de la révolution iranienne, ce qui justifie son engagement sur tous les fronts de la région en fonction de l’agenda iranien. L’éclosion “d’icônes” révolutionnaires à la gloire du général iranien Kassem Suleimani sur la route de l’aéroport de Beyrouth, pour mieux marquer le statut de province occupée du pays du Cèdre, n’a pas semblé gêner le Premier ministre outre mesure.
Y a-t-il signe plus ostentatoire de l’hégémonie iranienne ? Faut-il également faire fi des déclarations des responsables iraniens, qui se réjouissent de rappeler depuis 2016, et à chaque fois que l’occasion se présente, que le Liban est une terre occupée, que Beyrouth est l’une des capitales arabes sous le contrôle de Téhéran et que la majorité parlementaire est pro-iranienne ? Le Liban officiel pratique la politique de l’autruche pour complaire au pouvoir de fait du Hezbollah, ce qui n’est pas sans provoquer le courroux des pays du Golfe. Les élections changeront-elles quelque chose à ce fait accompli ?
Les propos tenus en décembre dernier par le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, semblent présager du contraire. Le cheikh Kassem avait appelé, non sans arrogance, à ne pas accorder trop d’importance au concept de majorité ou de minorité parlementaire, qui “ne sera absolument pas un critère, quelle que soit l’identité de la majorité et de la minorité”. Selon lui, le seul critère à retenir pour espérer accéder au gouvernail et façonner l’avenir du Liban est “d’avoir une vision au service de la protection des gens grâce au soutien populaire”.
Pour les milieux de l’opposition précités, les propos de Naïm Kassem torpillent d’ores et déjà la logique démocratique et toute reconnaissance des résultats du scrutin. C’est le Hezbollah qui déterminera sur le terrain les rapports de force sans aucune considération pour la volonté populaire, comme l’ont prouvé les expériences des législatives de 2005 et 2009, où les victoires du 14 Mars ont été annulées de facto. Les moyens utilisés par la milice ont été nombreux à l’époque: la création du concept de “majorité populaire” pour délégitimer la “majorité parlementaire”, primauté du consensualisme dans la formation des gouvernements et insistance sur les cabinets “d’union nationale” pour diluer la majorité et l’empêcher de gouverner. Sans oublier le recours à la menace, à l’intimidation, aux armes et à la violence. Les biceps du Hezbollah lui ont permis à deux reprises d’inverser les résultats des urnes, jusqu’à imposer sa propre loi électorale à la faveur des rapports de force en 2018 et de s’assurer la majorité parlementaire.
Partant, soulignent ces sources, loin de se préoccuper du prochain scrutin, les Libanais qui souhaitent voir enfin le bout du tunnel devraient avoir les yeux rivés sur une seule priorité: la libération du pays de l’occupation iranienne, par le biais de la fin des armes illégales au Liban. D’autant que les propos du cheikh Kassem signifient sans doute que le Hezbollah et le CPL torpilleront l’échéance s’il s’avère qu’ils n’en ressortiront pas victorieux. Du reste, aucun État ne peut être édifié sans souveraineté interne, ce qui signifie qu’il faudra inéluctablement que cette hérésie qui consiste à des parties proiraniennes, prosyriennes, palestiniennes ou autres à porter les armes cesse d’exister.
Priorité, partant, au rétablissement du monopole de la violence légitime, martèlent les sources souverainistes, aucun changement réel n’étant possible à l’ombre des armes, d’autant plus qu’elles servent une stratégie iranienne. Toute stratégie défensive servirait actuellement à légaliser les armes du Hezbollah, comme en Irak, à l’heure où l’ONU, la France et les pays du Golfe soulignent la nécessité d’appliquer les résolutions 1559, 1680 et 1701.
L’idée d’une conférence internationale sur le Liban, pour annoncer un statut de neutralité positive à ce pays, et jeter les bases d’un État juste, équitable et souverain, comme l’a réclamé samedi le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, dans son homélie du Nouvel An, fait son chemin. De même que l’émergence d’une nouvelle résolution internationale qui octroierait une force d’appoint internationale à l’armée libanaise pour qu’elle puisse étendre son autorité sur l’ensemble du territoire libanaise, ramasser les armes illégales, contrôler les frontières, fermer les points de passage illégaux et mettre fin à la contrebande d’armes et au passage de combattants entre le Liban et la Syrie, en coordination avec le régime Assad. Il s’agirait là d’une des missions assignées au président syrien sous contrôle international, et russe en particulier, pour couper l’approvisionnement du Hezbollah en armes iraniennes.
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