Démissionner de l’humanité inhumaine d'aujourd'hui
Humanité : nom féminin (latin humanitas, -atis, de humanus, humain).
Ensemble des êtres humains, considéré parfois comme un être collectif ou une entité morale : Évolution de l’humanité. Agir par amour de l’humanité.
Disposition à la compréhension, à la compassion envers ses semblables, qui porte à aider ceux qui en ont besoin : Traiter quelqu’un avec humanité.

Synonymes : altruisme - bonté - charité - clémence - compassion - générosité –
indulgence - miséricorde - pitié - sensibilité.
Contraires : bestialité - sauvagerie.
Littéraire. Ensemble des caractères par lesquels un être vivant appartient à l’espèce humaine, ou se distingue d’autres espèces animales : Un forcené qui a perdu toute apparence d’humanité. Source : Larousse.


Que sont devenus les humains de nos jours ? Pourquoi ont-ils perdu leur véritable essence ? Que s’est-il passé pour que la faille soit aussi béante ? Il y a, de plus en plus souvent, de quoi avoir la race humaine en horreur et lui préférer la compagnie de ceux qu’on appelle à juste titre « les meilleurs amis de l’homme ».

Qu’il est légitime de vouloir se distancier d’un monde où le doute est omniprésent, où chaque pas en avant est gommé par un pas en arrière.
La méfiance est devenue une nouvelle religion, un credo quotidien, un hymne national. Les théories du complot fleurissent telles de mauvaises herbes dans un jardin autrefois luxuriant, étouffant toute tentative de dialogue et d’harmonie.

Le moindre espoir, le plus petit élan de solidarité, est systématiquement entaché d’un « mais » omniprésent, un poison insidieux qui corrompt jusqu’aux idéaux les plus nobles. Les voix discordantes, plutôt que de s’unir pour trouver un terrain d’entente, s’affrontent dans un chaos cacophonique, un tumulte où les insultes remplacent les arguments.

Que reste-t-il alors à faire ? Démissionner ! Oui ! Démissionner de l’humanité, de ses erreurs répétées, de sa soif de pouvoir, de son autodestruction. Tourner le dos à ses faux prophètes, à ses charlatans qui prétendent détenir la vérité, à ses instigateurs de conflits. Refuser de cautionner son égoïsme, son incapacité à apprendre de ses erreurs, sa prétention à dominer la nature tout en la détruisant.


Que dire lorsqu’un robot vous demande de prouver que vous n’en êtes pas un vous-même?
On ne peut pas ne pas être glacé d’effroi lorsqu’on se rappelle que le visionnaire qu’est Steven Spielberg l'avait démontré dans son superbe film « A.I ». Un enfant robot programmé pour aimer a été beaucoup plus performant que l’humain. Après avoir été abandonné au bord d’une route par sa mère, il n’a eu de cesse de continuer à la chercher pour la revoir, ne serait-ce qu’une dernière fois, et pleurer comme un humain, voire avec plus de sincérité qu’un être humain. S’il fallait énumérer tous les dangers auxquels l’humanité s’expose actuellement, la liste serait aussi longue qu’un jour sans pain.

Alors oui, ce serait une idée follement séduisante, cette échappatoire à la folie ambiante. Fuir enfin cette humanité qui a perdu de vue ses valeurs essentielles, qui génère la fatigue et l’impuissance. Démissionner de ses batailles incessantes pour le pouvoir, de son égocentrisme effréné ; se distancier d’une société qui semble avoir perdu son âme. Rêver toutes les nuits de pouvoir s’en extraire.

Quelle jouissance que celle d’imaginer un instant ce que ce serait de se délester du poids des conflits, des inégalités et des crises qui déchirent l’humanité. De se libérer de la course effrénée au progrès, du culte de la performance et de la superficialité. De rejeter cette version d’elle pour retrouver une essence plus profonde, celle qui aspire à la bienveillance, à la solidarité et à l’amour.

Démissionner d’un monde qui célèbre l’intolérance et où l’empathie ne s’exprime que par intermittence, en fonction des modes et des intérêts du moment. Quitter cette spirale infernale où l’ambition étouffe la compassion, où la cupidité éclipse la générosité, où l’indifférence écrase la bienveillance.

Dans cette quête de reconnexion à la véritable nature humaine, se tourner vers les choses simples de la vie. Redécouvrir la beauté d’un coucher de soleil, le chant des oiseaux, l’odeur de la terre après la pluie. Se recentrer sur les liens authentiques et sincères qui unissent et tisser des relations nourries de respect, de compréhension et d’écoute.

Seulement, il est impératif de le faire avant que l’intelligence artificielle ne prenne le pas sur l’humain, qui deviendrait ainsi le maillon faible de la vie. Craindre que l’humanité ne perde peu à peu sa place en tant que force dominante est une peur fondée. En se déconnectant de cette humanité qui semble avoir perdu son cap, tenter de préserver l’unicité de l’humain doté de sensibilité et de compassion, avant que la technologie ne vienne s’imposer comme sa nouvelle maîtresse. Car, si l’intelligence artificielle a le potentiel de transformer le monde de manière radicale, il est essentiel de veiller à ce que cette transformation ne se fasse pas au détriment de l’humanité. L’intelligence artificielle devrait demeurer un outil au service de l’humanité, et non l’inverse. C’est un devoir sacré que celui de contribuer à bâtir un avenir où l’humain ne serait pas le maillon faible de la vie, mais le moteur de son évolution et de son épanouissement.

Dans cette démission, nulle place au désespoir. Bien au contraire. S’accorder enfin une chance de renaître, de se reconnecter à l’essence même de ce que signifie être humain. Chercher refuge dans la beauté du monde, dans les liens sincères et les actes de bonté qui subsistent malgré tout.
Démissionner de l’humanité telle qu’elle est aujourd’hui, c’est garder l’espoir qu’un jour, peut-être, elle saura se réinventer, se réconcilier avec elle-même et, enfin, embrasser pleinement son humanité.
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