Il n’est nul besoin d’être un voyant extralucide pour éprouver l’étreinte de l’angoisse face aux dangers qui se profilent en 2022 pour le Liban.
L’année qui commence est celle de tous les périls. Le Liban survivra-t-il à 2022 et sous quelle forme ? Nul ne peut répondre à cette interrogation. On peut imaginer le pays libéré de l’hégémonie des Mollahs de Téhéran. Un Liban sans Hezbollah comme tête de pont des armées de conquête de l’empire iranien ? Serait-ce la solution finale de tous nos problèmes ? Ce n’est pas certain.
Si les Iraniens ont pu faire autant de malfaisance, c’est que la situation interne s’y prêtait. Le Hezbollah, en soi, n’est pas l’unique cause du démantèlement de l’État. Il en est le symptôme le plus spectaculaire. Le Hezbollah parti, resteront toutes les autres chefferies qui, depuis deux siècles, entretiennent le brasier de la discorde permanente et empêchent l’unité politique de se faire. L’État de Droit n’existe presque plus. Le politique, lui-même, n’est plus en mesure de jouer son rôle premier de régulateur des conflits, dans le cadre de la Loi et des procédures. La fonction de régulation centrale de la vie publique est aujourd’hui remplie par les intérêts du Hezbollah, ersatz de l’État défunt mais qui fait néanmoins office de maître de cérémonie du ballet des forces politiques. L’initiative est toujours la sienne. Les autres acteurs et partis ne font que réagir, ou se conformer, aux initiatives du Hezbollah.
Certes, il y a l’initiative du Patriarche Raï de proclamer la neutralité du Liban sous l’une ou l’autre forme de tutelle internationale. On en a beaucoup parlé. On ne voit rien venir. Le monde est occupé par les négociations sur le nucléaire iranien, par les grands bouleversements d’alliances au Moyen Orient, par la guerre économique avec la Chine etc. Le petit Liban passera sans doute par profits et pertes. On peut parier sur une stabilisation, sans doute temporaire, qui renforcerait la mainmise du Hezbollah sur le pays, comme substitut de l’État défunt. Est-ce une telle fatalité qui nous attend en 2022 ? Ce n’est pas impossible, en dépit du scrutin législatif du printemps et des élections présidentielles de l’automne. Il faut se préparer à cette éventualité et organiser les modalités de la résistance, de préférence en dehors de l’interminable bavardage sur WhatsApp.
Résister à la mainmise iranienne d’aujourd’hui, n’a rien à voir avec l’opposition à l’occupation par les factions palestiniennes des années 1970-1990. Se débarrasser de l’occupant iranien ne ramènera pas le Liban à la situation qui prévalait durant la guerre civile et dont les péripéties, plus ou moins romancées, font partie de l’imaginaire collectif, notamment chrétien. Le Hezbollah parti, demeurent tous les autres; ils vont continuer à se chamailler et se disputer conformément à l’antique adage que cite Jules César : "J'aimerais mieux être le premier dans un village, que le second à Rome". Tout le monde rêve de revenir à l’ordre ancien, celui des notabilités de toujours. Nul ne semble être disposé à entamer un face-à-face avec sa propre mémoire, à se livrer à un impitoyable examen critique de certains choix qui ont coûté la vie à des dizaines de milliers d’innocents, qui ont ruiné le pays et l’ont ramené à une époque d’avant le Déluge.
Qui oserait appliquer à la lettre l’article 49 de la Constitution qui stipule : "Le Président de la République est le Chef de l’État et le symbole de l’unité de la Patrie". L’ancien juge du Conseil Constitutionnel, le Professeur Antoine Messarra, s’est dépensé sans compter pour faire comprendre que cela signifie que le Chef de l’État au Liban serait plutôt une sorte de monarque constitutionnel. Au fond d’eux-mêmes, les Chrétiens savent que tel est leur rôle. Sans la monarchie constitutionnelle, il est probable que la Belgique aurait cessé d’exister comme État fédéral. Que dire de la Couronne britannique ? Le but pour les chrétiens c’est la préservation du Liban et non l’accès à la fonction présidentielle pour autant qu’on appartienne à une juridiction confessionnelle donnée.
La crise actuelle qui étouffe le Liban résulte, entre autres, de ces rivalités de compétition entre candidats présidentiables. C’est ce qui facilite le travail de sape du Hezbollah. Ces rivalités nous ont valu l’Accord du Caire (1969) cosigné par le général Boustany qui aliéna la souveraineté de l’État sur une parcelle du sol de la patrie ; les guerres suicidaires interchrétiennes de 1989-1990 déclenchées par le général Aoun, cosignataire en 2006 de l’accord de Mar-Mikhaïl qui transforma la plus grande formation politique chrétienne en simple outil de l’Iran, ainsi que l’accord présidentiel de Meerab (2016) qui éleva le même général Aoun à la présidence de la République. Malgré cela, il n’a pas été en mesure d’éviter à l’État libanais d’être mis sous la tutelle iranienne.
Vu les dangers au milieu desquels tourbillonne le Liban, on ne voit pas très bien ce qui pourrait émerger des cendres de notre pays en 2022, à moins d’une réaction salutaire et violente qui viendrait nettoyer la ménagerie de l’État et le débarrasser de toutes les crasses accumulées depuis la période de l’Émir Béchir II Chehab (1767-1850), gouverneur du Mont-Liban sous la suzeraineté du Sultan ottoman.
L’année qui commence est celle de tous les périls. Le Liban survivra-t-il à 2022 et sous quelle forme ? Nul ne peut répondre à cette interrogation. On peut imaginer le pays libéré de l’hégémonie des Mollahs de Téhéran. Un Liban sans Hezbollah comme tête de pont des armées de conquête de l’empire iranien ? Serait-ce la solution finale de tous nos problèmes ? Ce n’est pas certain.
Si les Iraniens ont pu faire autant de malfaisance, c’est que la situation interne s’y prêtait. Le Hezbollah, en soi, n’est pas l’unique cause du démantèlement de l’État. Il en est le symptôme le plus spectaculaire. Le Hezbollah parti, resteront toutes les autres chefferies qui, depuis deux siècles, entretiennent le brasier de la discorde permanente et empêchent l’unité politique de se faire. L’État de Droit n’existe presque plus. Le politique, lui-même, n’est plus en mesure de jouer son rôle premier de régulateur des conflits, dans le cadre de la Loi et des procédures. La fonction de régulation centrale de la vie publique est aujourd’hui remplie par les intérêts du Hezbollah, ersatz de l’État défunt mais qui fait néanmoins office de maître de cérémonie du ballet des forces politiques. L’initiative est toujours la sienne. Les autres acteurs et partis ne font que réagir, ou se conformer, aux initiatives du Hezbollah.
Certes, il y a l’initiative du Patriarche Raï de proclamer la neutralité du Liban sous l’une ou l’autre forme de tutelle internationale. On en a beaucoup parlé. On ne voit rien venir. Le monde est occupé par les négociations sur le nucléaire iranien, par les grands bouleversements d’alliances au Moyen Orient, par la guerre économique avec la Chine etc. Le petit Liban passera sans doute par profits et pertes. On peut parier sur une stabilisation, sans doute temporaire, qui renforcerait la mainmise du Hezbollah sur le pays, comme substitut de l’État défunt. Est-ce une telle fatalité qui nous attend en 2022 ? Ce n’est pas impossible, en dépit du scrutin législatif du printemps et des élections présidentielles de l’automne. Il faut se préparer à cette éventualité et organiser les modalités de la résistance, de préférence en dehors de l’interminable bavardage sur WhatsApp.
Résister à la mainmise iranienne d’aujourd’hui, n’a rien à voir avec l’opposition à l’occupation par les factions palestiniennes des années 1970-1990. Se débarrasser de l’occupant iranien ne ramènera pas le Liban à la situation qui prévalait durant la guerre civile et dont les péripéties, plus ou moins romancées, font partie de l’imaginaire collectif, notamment chrétien. Le Hezbollah parti, demeurent tous les autres; ils vont continuer à se chamailler et se disputer conformément à l’antique adage que cite Jules César : "J'aimerais mieux être le premier dans un village, que le second à Rome". Tout le monde rêve de revenir à l’ordre ancien, celui des notabilités de toujours. Nul ne semble être disposé à entamer un face-à-face avec sa propre mémoire, à se livrer à un impitoyable examen critique de certains choix qui ont coûté la vie à des dizaines de milliers d’innocents, qui ont ruiné le pays et l’ont ramené à une époque d’avant le Déluge.
Qui oserait appliquer à la lettre l’article 49 de la Constitution qui stipule : "Le Président de la République est le Chef de l’État et le symbole de l’unité de la Patrie". L’ancien juge du Conseil Constitutionnel, le Professeur Antoine Messarra, s’est dépensé sans compter pour faire comprendre que cela signifie que le Chef de l’État au Liban serait plutôt une sorte de monarque constitutionnel. Au fond d’eux-mêmes, les Chrétiens savent que tel est leur rôle. Sans la monarchie constitutionnelle, il est probable que la Belgique aurait cessé d’exister comme État fédéral. Que dire de la Couronne britannique ? Le but pour les chrétiens c’est la préservation du Liban et non l’accès à la fonction présidentielle pour autant qu’on appartienne à une juridiction confessionnelle donnée.
La crise actuelle qui étouffe le Liban résulte, entre autres, de ces rivalités de compétition entre candidats présidentiables. C’est ce qui facilite le travail de sape du Hezbollah. Ces rivalités nous ont valu l’Accord du Caire (1969) cosigné par le général Boustany qui aliéna la souveraineté de l’État sur une parcelle du sol de la patrie ; les guerres suicidaires interchrétiennes de 1989-1990 déclenchées par le général Aoun, cosignataire en 2006 de l’accord de Mar-Mikhaïl qui transforma la plus grande formation politique chrétienne en simple outil de l’Iran, ainsi que l’accord présidentiel de Meerab (2016) qui éleva le même général Aoun à la présidence de la République. Malgré cela, il n’a pas été en mesure d’éviter à l’État libanais d’être mis sous la tutelle iranienne.
Vu les dangers au milieu desquels tourbillonne le Liban, on ne voit pas très bien ce qui pourrait émerger des cendres de notre pays en 2022, à moins d’une réaction salutaire et violente qui viendrait nettoyer la ménagerie de l’État et le débarrasser de toutes les crasses accumulées depuis la période de l’Émir Béchir II Chehab (1767-1850), gouverneur du Mont-Liban sous la suzeraineté du Sultan ottoman.
Lire aussi
Commentaires