Toute demande d’augmentation de salaire est légitime et justifiée dans un pays où l’inflation gagne des points au quotidien. Il reste que le vrai problème est l’efficacité réelle d’une telle mesure, que le salaire soit libellé en dollars ou en livres libanaises. Et pour cause: entre mars 2022 et mars 2023, l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de près de 264% en glissement annuel.
De combien devrait-on augmenter les salaires? Le piège est là. Les pressions inflationnistes affectent les anticipations des prix. Un enchaînement continu de hausse des prix des facteurs de production, en particulier l’électricité et les dérivés pétroliers, affectent l’indice des prix et les salaires. Partant de ce constat, il devient impossible de répondre à la question de la proportion et de l’efficience d’une révision des salaires en toute équité.
Nul doute que les fonctionnaires du secteur public, toutes catégories confondues, sont les employés qui souffrent le plus de l’érosion du pouvoir d’achat. Leurs émoluments et leurs allocations sociales sont versés entièrement en livres libanaises et ne sont indexés sur aucun indice. Les fonctionnaires du secteur public sont à la merci de la plateforme de change de la Banque du Liban, Sayrafa, - dont le taux de change est subventionné – pour survivre et non pour se rendre à leurs lieux de travail. D’ailleurs, le recours à Sayrafa n’est pas définitivement acquis, vu le recul du volume des réserves en devises étrangères de la Banque centrale.
Sayrafa
Les fonctionnaires, actifs et à la retraite, ont retiré fin avril la contrevaleur en dollars de leurs salaires libellés en livres sur base d’un taux de change de Sayrafa d’un dollar à 60 000 LL. Ce taux avantageux a été convenu d’un commun accord entre la Banque du Liban et le ministère des Finances, à condition que ce dernier verse le différentiel entre le taux affiché de Sayrafa, soit 86 700 LL pour un dollar, et celui avantageux de 60 000 LL pour un dollar. Le différentiel serait d’environ 20 millions de dollars sachant que les fonctionnaires actifs ont touché trois salaires et les retraités deux salaires, conformément à la décision du gouvernement adoptée au quatrième trimestre de 2022. L’accord entre la BDL et le ministère des Finances représente un signe avant-coureur d’une Banque centrale qui n’est plus en mesure de soutenir à n’importe quel prix un secteur public surnuméraire et inefficient.
La Ligue des fonctionnaires
Si la Ligue des fonctionnaires a refusé l’augmentation des salaires des employés du secteur public, approuvée le 18 avril dernier par le gouvernement, sa présidente Nawal Naçir a mis de l’eau dans son vin et du coup semble plus raisonnable dans son approche. À la veille de la fête du Travail, elle a évoqué «des négociations fructueuses avec des représentants de l’État et de la Confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL) qui déboucheraient sur une solution au problème de la majoration des salaires tout en préservant l’équilibre financier de l’État». Les résultats de ce tour de table devraient être rendus publics le 5 mai prochain.
Durabilité financière
Il est certain qu’une majoration des salaires chaotique, comme celle accordée en décembre 2022, ne mettra pas l’économie sur la bonne trajectoire d’une sortie de crise. Au contraire, elle l’aggraverait, que cette augmentation soit accordée en livres ou en dollars. A priori, elle pose avec acuité le problème de la durabilité financière, c’est-à-dire la capacité de l’État à assurer des ressources financières suffisantes et stables sur le long terme. D’autant que les chiffres montrent que les importations mensuelles continuent d’être de l’ordre d’un milliard et demi de dollars ce qui, en d’autres termes, démontre une contrebande tous azimuts vers l’hinterland arabe.
85 mille milliards de livres
Le gouvernement a décidé le 18 avril dernier de multiplier par quatre les salaires des fonctionnaires actifs, en plus des deux salaires précédemment augmentés. Il a également décidé d'augmenter l'indemnité de transport par jour de travail à 450 000 livres et de fixer le salaire minimum dans le secteur privé à neuf millions de livres par mois (le salaire pris en compte est celui fixé par l’échelle des salaires des fonctionnaires, approuvée par le Parlement en 2017).
Quant aux retraités, le gouvernement a décidé de multiplier environ par trois les pensions mensuelles, dans tous les services de sécurité et appareils militaires qui bénéficient d'une pension mensuelle. La masse salariale du secteur public augmentera d'environ 58%, tandis que le coût, évalué à près de quatre-vingt-cinq mille milliards de livres, sera imputé soit sur les réserves de la BDL, c'est-à-dire ses pertes, soit sur la masse monétaire en circulation en livres, c'est-à-dire la valeur de la livre.
Scénarios alarmistes
Dans les deux cas, le scénario est alarmiste. De plus, il est difficile de croire que la dernière augmentation en date des salaires du secteur public pourra permettre à ce dernier de jouer à nouveau son rôle sociétal. À titre d’exemple, les fonctionnaires de la deuxième catégorie, dont le salaire de base est de quatre millions et demi livres, deviendrait vingt-sept millions de livres, soit deux-cent-soixante-dix-huit dollars sur base d’un dollar sur le marché parallèle à 97 000 L L.
De combien devrait-on augmenter les salaires? Le piège est là. Les pressions inflationnistes affectent les anticipations des prix. Un enchaînement continu de hausse des prix des facteurs de production, en particulier l’électricité et les dérivés pétroliers, affectent l’indice des prix et les salaires. Partant de ce constat, il devient impossible de répondre à la question de la proportion et de l’efficience d’une révision des salaires en toute équité.
Nul doute que les fonctionnaires du secteur public, toutes catégories confondues, sont les employés qui souffrent le plus de l’érosion du pouvoir d’achat. Leurs émoluments et leurs allocations sociales sont versés entièrement en livres libanaises et ne sont indexés sur aucun indice. Les fonctionnaires du secteur public sont à la merci de la plateforme de change de la Banque du Liban, Sayrafa, - dont le taux de change est subventionné – pour survivre et non pour se rendre à leurs lieux de travail. D’ailleurs, le recours à Sayrafa n’est pas définitivement acquis, vu le recul du volume des réserves en devises étrangères de la Banque centrale.
Sayrafa
Les fonctionnaires, actifs et à la retraite, ont retiré fin avril la contrevaleur en dollars de leurs salaires libellés en livres sur base d’un taux de change de Sayrafa d’un dollar à 60 000 LL. Ce taux avantageux a été convenu d’un commun accord entre la Banque du Liban et le ministère des Finances, à condition que ce dernier verse le différentiel entre le taux affiché de Sayrafa, soit 86 700 LL pour un dollar, et celui avantageux de 60 000 LL pour un dollar. Le différentiel serait d’environ 20 millions de dollars sachant que les fonctionnaires actifs ont touché trois salaires et les retraités deux salaires, conformément à la décision du gouvernement adoptée au quatrième trimestre de 2022. L’accord entre la BDL et le ministère des Finances représente un signe avant-coureur d’une Banque centrale qui n’est plus en mesure de soutenir à n’importe quel prix un secteur public surnuméraire et inefficient.
La Ligue des fonctionnaires
Si la Ligue des fonctionnaires a refusé l’augmentation des salaires des employés du secteur public, approuvée le 18 avril dernier par le gouvernement, sa présidente Nawal Naçir a mis de l’eau dans son vin et du coup semble plus raisonnable dans son approche. À la veille de la fête du Travail, elle a évoqué «des négociations fructueuses avec des représentants de l’État et de la Confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL) qui déboucheraient sur une solution au problème de la majoration des salaires tout en préservant l’équilibre financier de l’État». Les résultats de ce tour de table devraient être rendus publics le 5 mai prochain.
Durabilité financière
Il est certain qu’une majoration des salaires chaotique, comme celle accordée en décembre 2022, ne mettra pas l’économie sur la bonne trajectoire d’une sortie de crise. Au contraire, elle l’aggraverait, que cette augmentation soit accordée en livres ou en dollars. A priori, elle pose avec acuité le problème de la durabilité financière, c’est-à-dire la capacité de l’État à assurer des ressources financières suffisantes et stables sur le long terme. D’autant que les chiffres montrent que les importations mensuelles continuent d’être de l’ordre d’un milliard et demi de dollars ce qui, en d’autres termes, démontre une contrebande tous azimuts vers l’hinterland arabe.
85 mille milliards de livres
Le gouvernement a décidé le 18 avril dernier de multiplier par quatre les salaires des fonctionnaires actifs, en plus des deux salaires précédemment augmentés. Il a également décidé d'augmenter l'indemnité de transport par jour de travail à 450 000 livres et de fixer le salaire minimum dans le secteur privé à neuf millions de livres par mois (le salaire pris en compte est celui fixé par l’échelle des salaires des fonctionnaires, approuvée par le Parlement en 2017).
Quant aux retraités, le gouvernement a décidé de multiplier environ par trois les pensions mensuelles, dans tous les services de sécurité et appareils militaires qui bénéficient d'une pension mensuelle. La masse salariale du secteur public augmentera d'environ 58%, tandis que le coût, évalué à près de quatre-vingt-cinq mille milliards de livres, sera imputé soit sur les réserves de la BDL, c'est-à-dire ses pertes, soit sur la masse monétaire en circulation en livres, c'est-à-dire la valeur de la livre.
Scénarios alarmistes
Dans les deux cas, le scénario est alarmiste. De plus, il est difficile de croire que la dernière augmentation en date des salaires du secteur public pourra permettre à ce dernier de jouer à nouveau son rôle sociétal. À titre d’exemple, les fonctionnaires de la deuxième catégorie, dont le salaire de base est de quatre millions et demi livres, deviendrait vingt-sept millions de livres, soit deux-cent-soixante-dix-huit dollars sur base d’un dollar sur le marché parallèle à 97 000 L L.
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