Riyad semble vouloir laisser les Libanais décider eux-mêmes de leur avenir, n’opposant, de ce fait, aucun veto et ne soutenant aucun candidat. Selon le Royaume, les Libanais doivent avoir retenu la leçon du passé, agir en fonction de leurs intérêts et savoir quelles sont les politiques à suivre désormais. Ils sont les mieux placés pour choisir un président et un chef de gouvernement adéquats.
Dans ce contexte, tous ceux qui ont rencontré l’ambassadeur saoudien, Walid al-Boukhari, à Beyrouth, ont bien compris que Riyad souhaite que le Liban élise un président dans les plus brefs délais. Ce qui est en phase avec la ligne directrice de la communauté internationale qui pourrait imposer des sanctions sur quiconque tenterait d’entraver l’élection présidentielle. Pour Riyad, un Liban stable et prospère est nécessaire, car tout chaos qui y règnerait aurait des retombées politiques et sociales négatives sur toute la région.
Par ailleurs, il apparait clairement que Riyad a cessé d’offrir ses services et ses fonds gratuitement dans la région. Dans ce cadre, son soutien au Liban à l’ombre de l’effondrement actuel, n’est pas sans prix. Finis les dons comme par le passé. L’Arabie ne s’intéresse aujourd’hui au Liban qu’à travers le prisme d'investissements lucratifs. À supposer qu’un accord soit signé avec le Fonds Monétaire International, il n’en reste pas moins que Riyad demande, en sus, une stabilité politique et sécuritaire en premier lieu, ainsi qu’une indépendance de la justice et une lutte efficace et effective contre la corruption au sein des institutions étatiques.
Il apparait ainsi que Riyad a tiré les leçons de ses expériences passées au Liban et laisse donc aux politiciens et aux dirigeants libanais le soin de décider de leur sort et d’assumer leurs choix. S’ils font preuve d'une maturité politique suffisante, ils seront alors en mesure de faire le meilleur choix. A contrario, ceux qui favorisent le chaos et ceux qui sont animés par la démagogie, la soif du pouvoir et la violence risqueraient de mener le pays à un surcroît d’effondrement et, par transitivité, à son isolement total. C’est l’hypothèse la plus vraisemblable au vu des évènements passés. Ceux qui détiennent les rênes du pouvoir ont fait comprendre qu’ils ne sont pas disposés à changer leurs méthodes, allant même jusqu’à adopter une politique jusqu’au-boutiste qui n’est pas sans rappeler le fameux adage: après moi le déluge. Riyad ayant déjà fait les frais de ces méthodes abusives, a bien compris que rien ne changerait.
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