Le football espagnol rattrapé par le vieux démon du racisme
©Dimanche Vinicius – l'attaquant brésilien du Real Madrid – s'est plaint d'avoir été qualifié de "singe" par des supporteurs de Valence. Francisco Macia/Quality Sport Images via Getty Images/AFP
Au lendemain de nouvelles insultes proférées à Valence contre Vinicius, l'attaquant brésilien du Real Madrid, le patron de la RFEF, Luis Rubiales, admet que la Liga a "un problème" qui "entache toute une équipe, tous les supporteurs, tout un pays".

Au lendemain de nouvelles insultes proférées contre Vinicius, l'attaquant brésilien du Real Madrid, le championnat d'Espagne est de nouveau confronté au fléau du racisme dans ses stades.

Devant la presse, le président de la Fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, a reconnu que le foot espagnol avait "un problème" avec "le racisme", qui, a-t-il ajouté, "entache toute une équipe, tous les supporteurs, tout un pays". La RFEF a également demandé l'adoption de "mesures plus vigoureuses", qui pourraient aller jusqu'à la fermeture de tribunes, voire de stades en cas de récidive, ainsi que la saisine de la Commission d'État contre la violence, la xénophobie et le racisme dans le sport.

Quelques minutes avant la prise de parole de Rubiales, le Real et l'AFE, principal syndicat des joueurs en Espagne, avaient annoncé avoir déposé plainte auprès du parquet espagnol pour qu'une "enquête soit ouverte" sur ces insultes qui constituent juridiquement, selon le club merengue, un "délit de haine". En Espagne, c'est le comité des compétitions, l'équivalent de la commission de discipline en France, qui est compétent en matière de discriminations dans le football.

Sur un plan plus politique, le gouvernement espagnol a réclamé "une réponse ferme" contre ce phénomène qui "montre que le racisme est très ancré chez certains groupes spécifiques de supporteurs (...)".

"Singe"

Ces propos et ces actes s'ajoutent aux nombreux soutiens reçus depuis dimanche soir par Vinicius, à l'exception notable du puissant et sulfureux patron de la Liga, Javier Tebas.


Dimanche, à Valence, lors de la défaite du Real (1-0), l'attaquant merengue, régulièrement ciblé, s'est plaint d'avoir été qualifié de "singe" par des supporteurs adverses. "Ce n'était pas la première fois, ni la deuxième ni la troisième. Le racisme est normal en Liga", a réagi sur Instagram le jeune joueur brésilien, exclu en fin de rencontre à l'issue d'une échauffourée qui a vu son adversaire échapper à une sanction similaire. L'Espagne, a-t-il ajouté, est "une belle nation, qui m'a accueilli et que j'aime, mais qui a accepté d'exporter l'image au monde d'un pays raciste. Désolé pour les Espagnols qui ne sont pas d'accord, mais aujourd'hui, au Brésil, l'Espagne est connue comme un pays de racistes".

Ses propos n'ont toutefois pas été du goût de Javier Tebas. "Avant de critiquer et d'insulter la Liga, il serait nécessaire que vous vous informiez correctement", a-t-il cinglé, réfutant toute inaction de son instance. Celle-ci, qui a mis en avant sa "réactivité" dans un communiqué, a assuré avoir transmis huit plaintes cette saison pour des incidents subis par Vinicius, dont une seule a débouché sur une sanction (pour des incidents à Valladolid à la mi-décembre). Elle s'est engagée à transmettre à la justice le résultat de son enquête si un nouveau délit de haine était avéré. "Nous ne pouvons pas permettre que soit ainsi entachée l'image d'une compétition qui est surtout un symbole d'union entre les peuples, où plus de 200 joueurs de race noire (sic) dans 42 clubs reçoivent chaque jour le respect et l'affection de tous les supporteurs, et où le racisme est un cas extrêmement ponctuel (neuf plaintes) que nous allons éradiquer", a encore détaillé Tebas lundi sur Twitter.

"Impunité, complicité"

Insuffisant, a néanmoins jugé Carlo Ancelotti, l'entraîneur italien du Real : "Que s'est-il passé jusque-là ? Des rapports qui n'ont abouti à rien (...). La solution, c'est d'arrêter le match."

Outre l'Italien, les soutiens ont afflué du monde entier. À commencer par le Brésil, où le président de la fédération Ednaldo Rodrigues a assuré sur les réseaux sociaux que Vinicius avait "l'amour de tous les Brésiliens". "Nouvel épisode de racisme en Liga et une fois de plus Vini est la victime", a également déploré Ronaldo, la légende de la Seleção. "Cela durera tant que l'impunité et la complicité (perdureront)", a-t-il ajouté. "Avec toi", a posté pour sa part Neymar. Depuis Hiroshima, au Japon, le président Luis Inazio Lula da Silva a lui aussi dénoncé le "racisme" subi par son jeune compatriote. Hors du pays, la vedette du PSG Kylian Mbappé et l'ancien international anglais Rio Ferdinand ont également soutenu le Brésilien.

Le club de Valence, lui, a assuré lundi qu'il avait d'ores et déjà identifié un supporteur ayant proféré des insultes racistes, et qu'il en cherchait d'autres. Le club a également promis qu'il allait "exclure à vie" les supporteurs identifiés. Dans la foulée de cette annonce, le parquet de Valence a ouvert une enquête pour un "délit de haine" présumé, ont indiqué des sources judiciaires.
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