En ces temps où le pays nous échappe chaque jour un peu plus, il y a comme une urgence de retourner vers nos fondamentaux, retrouver nos nécessaires, se reconnecter avec nos monuments, vestiges, richesses, fiertés nationales, en quelques mots: récupérer notre territoire.
Notre-Dame de la Garde, Saydet el-Mantara… C’est en montant dans le cœur d’une vallée très verte en ce délicieux printemps que là, après un tournant sur la route principale, se niche une grotte qui aurait accueilli la Vierge qui attendait Jésus parti prêcher dans la région. L’histoire ne dit pas si le Christ a foulé de ses pieds cette grotte, mais elle rapporte que Jésus était à Tyr et à Sidon. L’histoire atteste aussi que le Liban est une terre biblique par excellence. L’histoire ne dit pas non plus pourquoi la tradition attribue le mois de mai à Marie, mais c’est certainement en relation avec la multitude de fleurs épanouies qui prennent leurs aises en ce beau mois printanier et dont on aime entourer toutes les statues de cette Mère de tous. Maghdouché est un village très fleuri. Il y règne un calme apaisant comme si les gens d’ici savent qu’il est si bon d’avoir la protection de Marie qui, du fond de sa grotte ou du haut de la colline, enveloppera de son amour les visiteurs, les riverains et les fidèles chrétiens et musulmans.
À Maghdouché, dans le sanctuaire inscrit depuis le 29 mai 2016 sur la carte du tourisme religieux international, il y a d’abord juste devant l’entrée de la grotte une statue blanche et simple de la Vierge assise en attente. Au-dessus de sa tête, une inscription en anglais, arabe et français qui dit si joliment: «J’attends mes enfants.» Une phrase qui résonne étrangement en ces temps de tourments où les familles libanaises sont séparées, amputées de leurs fils et filles, et où ce pays attend les siens et la lumière qui viendra de plus haut que les nuages.
C’est l’empereur Constantin qui, de passage en conquérant dans la région au IVᵉ siècle, découvre une pierre où était gravé le nom de la Vierge. Il édifie un autel sur lequel il pose une icône éclairée de bougies. Le séisme de 551 s’avèrera meurtrier pour la région et ensevelira grottes et autels. Plus tard, le roi Louis IX, Saint-Louis, y aurait bâti un autre sanctuaire, soulignant s’il le fallait encore le caractère sacré des lieux. Il faudra attendre 1721 pour qu’un berger, parti à la recherche de l’une de ses bêtes, redécouvre la grotte et l’icône baignant dans une lumière sacrée. Dégagée, la grotte deviendra alors un lieu de prières et surtout de miracles racontés inlassablement de génération en génération comme une évidence.
Et, la grotte est encore là, éclairée par de doux rayons, sobre et recueillie. Une église en elle-même depuis l’investissement du clergé sur les lieux. Un portique à trois arcades se dressera à cet endroit en 1868, à l’initiative de Jacques Abela, alors consul de Grande-Bretagne à Saïda et qui aurait été guéri d’une maladie après sa visite à la grotte. Un cimetière sera également mis en place, mais aussi une tour de 29 mètres de hauteur sur laquelle a été posée une statue de bronze de 8 mètres représentant la Vierge tenant son fils dans les bras, œuvre de l’artiste italien Pierotti et érigée le 16 mai 1963. Les guides qui vous accueilleront sur les lieux vous diront que lors de l’édification de la tour, les grues ont été bien incapables de hisser sur ce socle monumental la statue qui pesait 6,5 tonnes. Il aura fallu l’intervention divine pour qu’enfin la chose soit rendue possible au milieu des cris, des chants et des prières de la foule de fidèles. Du haut de la tour, la région se dévoile, verte, belle et sereine comme si rien de mal ne pouvait lui arriver, protégée par cette statue qui aime tous ses fils. Au bas de la tour se cache une petite chapelle ornée d’une icône représentant la Vierge assise à l’entrée de la grotte, entourée de Jésus et du berger qui avait retrouvé sa brebis tombée dans la grotte.
Mais, le sanctuaire de Notre-Dame de la Garde révèle d’autres surprises comme un parcours initiatique jalonné de découvertes. Sous le grand sycomore qui date du XVIᵉ siècle, comme le dit la pancarte, un escalier mène au jardin où un chemin est balisé de douze étapes ponctuées par des pierres sculptées qui racontent chacune une histoire biblique au Liban. Terre sacrée offrant à Salomon le bois si précieux du cèdre pour construire son temple à Jérusalem, le passage du prophète Élie à Sarepta (Sarafand), le prophète Jonas dans la région de Jiyeh (Nabi Younès), les noces de Cana, le Christ guérissant la fille de la Cananéenne à Sidon, la grotte devenue sacrée et miraculeuse, Jésus donnant les clés à Saint-Pierre à Banias, la transfiguration sur le mont Hermon, l’apôtre Saint Thomas prêchant à Tyr, Saint Paul à Sidon, les saints libanais et enfin comme un rappel cette phrase de Jean-Paul II pour qui le Liban est bien plus qu’un pays, un message.
Comme une envie de s’arrêter longuement sur chacune de ces stèles, entre les lauriers et les oliviers, approfondir le sujet, aller chercher dans les livres et les témoignages, ouvrir ces parenthèses sacrées et retrouver le sourire d’un pays, étape obligée dans le sacré.
Mais, la basilique nous attend. Car il fallait un vaste lieu à la hauteur de la symbolique du sanctuaire et surtout apte à accueillir les nombreux visiteurs et croyants. C’est l’archevêque Georges Kwaiter qui en prendra l’initiative en 2007 et, aujourd’hui, la basilique peut accueillir plus de mille personnes. Elle est dotée d’une salle de conférence, d’un centre d’écoute et d’une maison pour les prêtres.
En araméen, Maghdouché veut dire sacrée ou sainte. Saydet el-Manatara ou Mantara nous rappelle combien notre pays est une étape précieuse dans le patrimoine mondial religieux. Combien toutes ces années de guerre, de sabotage, d’ignorance et d’obscurantisme n’ont jamais réussi à éteindre la flamme de la foi. Combien de fois le mot Liban est cité dans la Bible. Combien notre pays est riche de plus de 3.000 sites religieux. Combien les pèlerins et les visiteurs et même les conquérants ne se sont jamais trompés sur le caractère sacré de cette terre. De Sainte Hélène à son fils Constantin, de Saint Louis au jeune berger, Saydet el-Mantara réunit toutes les religions. La Vierge attend ses enfants. Tous ses enfants.
Notre-Dame de la Garde, Saydet el-Mantara… C’est en montant dans le cœur d’une vallée très verte en ce délicieux printemps que là, après un tournant sur la route principale, se niche une grotte qui aurait accueilli la Vierge qui attendait Jésus parti prêcher dans la région. L’histoire ne dit pas si le Christ a foulé de ses pieds cette grotte, mais elle rapporte que Jésus était à Tyr et à Sidon. L’histoire atteste aussi que le Liban est une terre biblique par excellence. L’histoire ne dit pas non plus pourquoi la tradition attribue le mois de mai à Marie, mais c’est certainement en relation avec la multitude de fleurs épanouies qui prennent leurs aises en ce beau mois printanier et dont on aime entourer toutes les statues de cette Mère de tous. Maghdouché est un village très fleuri. Il y règne un calme apaisant comme si les gens d’ici savent qu’il est si bon d’avoir la protection de Marie qui, du fond de sa grotte ou du haut de la colline, enveloppera de son amour les visiteurs, les riverains et les fidèles chrétiens et musulmans.
À Maghdouché, dans le sanctuaire inscrit depuis le 29 mai 2016 sur la carte du tourisme religieux international, il y a d’abord juste devant l’entrée de la grotte une statue blanche et simple de la Vierge assise en attente. Au-dessus de sa tête, une inscription en anglais, arabe et français qui dit si joliment: «J’attends mes enfants.» Une phrase qui résonne étrangement en ces temps de tourments où les familles libanaises sont séparées, amputées de leurs fils et filles, et où ce pays attend les siens et la lumière qui viendra de plus haut que les nuages.
C’est l’empereur Constantin qui, de passage en conquérant dans la région au IVᵉ siècle, découvre une pierre où était gravé le nom de la Vierge. Il édifie un autel sur lequel il pose une icône éclairée de bougies. Le séisme de 551 s’avèrera meurtrier pour la région et ensevelira grottes et autels. Plus tard, le roi Louis IX, Saint-Louis, y aurait bâti un autre sanctuaire, soulignant s’il le fallait encore le caractère sacré des lieux. Il faudra attendre 1721 pour qu’un berger, parti à la recherche de l’une de ses bêtes, redécouvre la grotte et l’icône baignant dans une lumière sacrée. Dégagée, la grotte deviendra alors un lieu de prières et surtout de miracles racontés inlassablement de génération en génération comme une évidence.
Et, la grotte est encore là, éclairée par de doux rayons, sobre et recueillie. Une église en elle-même depuis l’investissement du clergé sur les lieux. Un portique à trois arcades se dressera à cet endroit en 1868, à l’initiative de Jacques Abela, alors consul de Grande-Bretagne à Saïda et qui aurait été guéri d’une maladie après sa visite à la grotte. Un cimetière sera également mis en place, mais aussi une tour de 29 mètres de hauteur sur laquelle a été posée une statue de bronze de 8 mètres représentant la Vierge tenant son fils dans les bras, œuvre de l’artiste italien Pierotti et érigée le 16 mai 1963. Les guides qui vous accueilleront sur les lieux vous diront que lors de l’édification de la tour, les grues ont été bien incapables de hisser sur ce socle monumental la statue qui pesait 6,5 tonnes. Il aura fallu l’intervention divine pour qu’enfin la chose soit rendue possible au milieu des cris, des chants et des prières de la foule de fidèles. Du haut de la tour, la région se dévoile, verte, belle et sereine comme si rien de mal ne pouvait lui arriver, protégée par cette statue qui aime tous ses fils. Au bas de la tour se cache une petite chapelle ornée d’une icône représentant la Vierge assise à l’entrée de la grotte, entourée de Jésus et du berger qui avait retrouvé sa brebis tombée dans la grotte.
Mais, le sanctuaire de Notre-Dame de la Garde révèle d’autres surprises comme un parcours initiatique jalonné de découvertes. Sous le grand sycomore qui date du XVIᵉ siècle, comme le dit la pancarte, un escalier mène au jardin où un chemin est balisé de douze étapes ponctuées par des pierres sculptées qui racontent chacune une histoire biblique au Liban. Terre sacrée offrant à Salomon le bois si précieux du cèdre pour construire son temple à Jérusalem, le passage du prophète Élie à Sarepta (Sarafand), le prophète Jonas dans la région de Jiyeh (Nabi Younès), les noces de Cana, le Christ guérissant la fille de la Cananéenne à Sidon, la grotte devenue sacrée et miraculeuse, Jésus donnant les clés à Saint-Pierre à Banias, la transfiguration sur le mont Hermon, l’apôtre Saint Thomas prêchant à Tyr, Saint Paul à Sidon, les saints libanais et enfin comme un rappel cette phrase de Jean-Paul II pour qui le Liban est bien plus qu’un pays, un message.
Comme une envie de s’arrêter longuement sur chacune de ces stèles, entre les lauriers et les oliviers, approfondir le sujet, aller chercher dans les livres et les témoignages, ouvrir ces parenthèses sacrées et retrouver le sourire d’un pays, étape obligée dans le sacré.
Mais, la basilique nous attend. Car il fallait un vaste lieu à la hauteur de la symbolique du sanctuaire et surtout apte à accueillir les nombreux visiteurs et croyants. C’est l’archevêque Georges Kwaiter qui en prendra l’initiative en 2007 et, aujourd’hui, la basilique peut accueillir plus de mille personnes. Elle est dotée d’une salle de conférence, d’un centre d’écoute et d’une maison pour les prêtres.
En araméen, Maghdouché veut dire sacrée ou sainte. Saydet el-Manatara ou Mantara nous rappelle combien notre pays est une étape précieuse dans le patrimoine mondial religieux. Combien toutes ces années de guerre, de sabotage, d’ignorance et d’obscurantisme n’ont jamais réussi à éteindre la flamme de la foi. Combien de fois le mot Liban est cité dans la Bible. Combien notre pays est riche de plus de 3.000 sites religieux. Combien les pèlerins et les visiteurs et même les conquérants ne se sont jamais trompés sur le caractère sacré de cette terre. De Sainte Hélène à son fils Constantin, de Saint Louis au jeune berger, Saydet el-Mantara réunit toutes les religions. La Vierge attend ses enfants. Tous ses enfants.
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