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Une levée de boucliers politique avait suivi le discours, lundi, du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah qui avait attaqué d’une façon virulente l’Arabie saoudite, un des principaux partenaires économiques du Liban et lieux de travail de nombreux Libanais. Dans les milieux économiques libanais, on constate non sans amertume que la politique est privilégiée au détriment de l’économie. C’est sans doute pour ne pas plonger dans les méandres de la politique libanaise et avoir à prendre position que des responsables d’instances économiques n’ont pas souhaité répondre à nos questions au sujet de l’impact à long terme sur l’économie nationale, des diatribes continues du Hezbollah contre l’Arabie saoudite. Celles-ci ont cependant un prix que le Liban a commencé à payer avec la suspension des importations libanaises en avril dernier par Riyad.
La gravité de cette situation a été relevée par Fouad Zmokhol, président du Mouvement international des entreprises libanaises (MIDEL) et doyen de la Faculté de gestion et de management à l’USJ. Dans une interview accordée à _Ici Beyrouth_, M. Zmokhol déplore une politisation à outrance dans un pays « qui fait face à une des crises économiques et financières les plus graves au monde » et met l’accent sur l’importance des échanges commerciaux et économiques avec l’Arabie saoudite. Il explique à _Ici Beyrouth_ pourquoi les attaques contre Riyad sont préjudiciables au plan économique pour le Liban.
« Qu’on le veuille ou pas, je parle d’un point de vue strictement économique sans être partisan de l’un ou de l’autre » camp, souligne-t-il d’emblée avant d’ajouter : « Nous sommes dans un pays qui est carrément dollarisé. Plus de 80 % de notre économie est dollarisée que ce soit pour les produits directs primaires ou pour les matières premières requises pour notre industrie. Le grand souci est donc de se procurer des dollars pour assurer ces besoins, à savoir le minimum vital. Je commence par les besoins les plus spécifiques et primaires qui sont l’essence, le fuel, les médicaments, les équipements hospitaliers, les câbles pour internet, les réseaux télécoms, etc. Nous imprimons des livres libanaises mais nous devons procurer les dollars d’un autre marché. Ces dollars proviennent de deux sources : les Etats-Unis qui les impriment et les pays arabes parce que c’est eux qui vendent du pétrole et qui peuvent générer des dollars ».
« Qu’on le veuille ou pas, qu’on soit pour ou contre, c’est un fait. Si nous insultons tous les jours les deux fournisseurs de billets verts et leur lançons des pierres, il est normal qu’on ait de moins en moins de devises sur le marché. Nous aurons par conséquence un problème avec nos besoins de 80 % », souligne M. Zmokhol qui exprime le souhait que les protagonistes libanais prennent en considération la gravité des conséquences de ce positionnement politique. « Je veux bien que certains fassent le choix d’attaquer les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, mais il faut en contrepartie trouver un moyen pour avoir des devises afin de continuer à financer 80% des besoins de toute une population », lâche-t-il.
« Nos protagonistes politiques se permettent de prendre le pays en bateau », déplore Fouad Zmokhol, en jugeant qu’un pays comme le Liban, « une plateforme ouverte avec 220 pays dans le monde », devrait avoir de « très bonnes relations avec tout le monde, à l’exception évidemment d’Israël avec qui nous sommes officiellement en guerre ». « Je nommerai l’Iran en même temps que l’Arabie saoudite, la Russie ou les Etats-Unis. Il est impensable d’avoir à prendre parti », insiste-t-il.
Les tensions entre le Liban et l’Arabie ont toujours été préoccupantes étant donné l’importance du nombre des Libanais qui travaillent au royaume et les sommes qu’ils transfèrent chaque année au Liban. Selon certaines données, le montant des échanges entre les deux pays est d’environ 600 millions de dollars par an. A noter que l’Arabie est le deuxième pays à importer du Liban après les Émirats arabes unis.

Fouad Zmokhol juge que « dans les milieux économiques, du côté des chefs d’entreprises libanais au Liban et dans le monde, on considère que le Liban est une fois de plus pris dans un piège et dans un engrenage grave et dangereux ». « Le pays est une boîte aux lettres locale, régionale et internationale où divers protagonistes locaux, régionaux ou internationaux se lancent des messages politiques en rapport souvent avec des tractations menées dans la région par des puissances régionales ou internationales », dit-il en allusion aux pourparlers de Vienne sur le nucléaire, entre l’Iran et les Etats-Unis notamment. « C’est l’aspect politique régional qui est ainsi mis en avant par des partis et non pas par les autorités », insiste-t-il, en critiquant le fait qu’une des conséquences de cette situation anormale est que « la crise économique qui est extrêmement grave parce qu’elle pousse vers une pauvreté dramatique avec la dépréciation continue de la livre, est reléguée au deuxième plan ». « Les gens n’ont pas compris que c’est une des crises économiques, sociales et monétaire des plus graves qu’ait connu, non seulement le Liban, mais le monde entier, selon la Banque mondiale », fulmine Fouad Zmokhol.

 

 
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