Un an après l'invasion du Capitole qui a fait trembler la démocratie américaine, le président Joe Biden dénoncera jeudi la "responsabilité particulière" de son prédécesseur Donald Trump dans ce "chaos", a fait savoir mercredi sa porte-parole.
Le président démocrate doit s'exprimer dans l'enceinte même du Congrès américain, envahi le 6 janvier 2021 par des milliers de partisans de son rival, une attaque suivie avec stupeur à travers le monde.
Joe Biden "voit dans le 6 janvier le couronnement tragique de ce que quatre années de présidence Trump ont fait à ce pays", a affirmé sa porte-parole Jen Psaki, à la veille de ces remarques.
Elle a dit à la presse s'attendre à ce que "le président Biden expose la portée de ce qui s'est passé au Capitole et la responsabilité particulière du président Trump dans le chaos".
Il va "dénoncer avec force le mensonge que propage l'ancien président", qui clame encore, contre toute évidence, avoir remporté le scrutin, a ajouté Jen Psaki.
Un net durcissement de ton de la part de la Maison Blanche.
Autre signe de la fermeté de l'administration Biden: son ministre de la Justice Merrick Garland a promis mercredi que tous les participants à l'assaut du Capitole seraient bien poursuivis "quel que soit leur statut".
Une façon d'accentuer, peu à peu, la pression sur Donald Trump, qui quelques heures avant l'attaque du 6 janvier, haranguait la foule réunie dans un froid glacial, l'appelant à marcher sur le Congrès.
Le manifestant aux cornes de bison, un jeune homme qui a reconnu avoir volé une bière dans le bureau de la cheffe démocrate Nancy Pelosi... Plus de 725 partisans de l'ex-président qui étaient entrés dans le siège du Congrès ont déjà été arrêtés. Nombre d'autres ont vu le FBI débarquer à leur porte.
En parallèle, une commission parlementaire enquête pour comprendre le rôle précis de Donald Trump et son entourage dans cet assaut.
Volte-face de Trump
L'ancien président a certes fait volte-face: il a renoncé à donner jeudi une conférence de presse depuis sa luxueuse retraite de Floride, une initiative qui avait été vécue comme une provocation chez les démocrates et qui embarrassait visiblement ses partisans républicains.
Mais l'irascible milliardaire n'a en rien adouci son propos. Il s'est à nouveau insurgé cette semaine contre la "fraude" qui a selon lui, et sans qu'il n'en apporte aucune preuve, entaché la dernière présidentielle.
Deux élus très proches de Donald Trump ont aussi prévu de prendre la parole à sa place pour, assurent-ils, apporter la "réponse des républicains" aux commémorations anniversaire.
Mais dans ce parti, sur lequel l'ancien président conserve un immense ascendant, la majorité des élus ont toutefois choisi de faire profil bas.
Mitch McConnell, un ténor du camp républicain et le chef des conservateurs au Sénat, qui quelques jours après l'assaut avait accusé Donald Trump d'avoir "incité" ses partisans à marcher sur le Congrès, a déjà fait savoir qu'il ne serait pas présent aux commémorations organisées à Washington, assurant devoir participer à un enterrement dans le sud des Etats-Unis.
Loin donc du Capitole où les membres du Sénat et de la Chambre des représentants sont invités à se recueillir ensemble jeudi, à 22h30 GMT.
Un an après les images inouïes des affrontements devant le Capitole et des partisans de Donald Trump paradant à l'intérieur de ce bâtiment emblématique de la démocratie, la crispation autour de cet événement se ressent aussi au sein de la population américaine.
Selon un sondage rendu public mercredi par le site d'information Axios, seulement 55% des Américains estiment que Joe Biden est le vainqueur légitime de la dernière élection.
Presque autant pense que des événements tels que ceux du 6 janvier 2021 sont susceptibles de se reproduire dans les années à venir.
"Notre grande nation titube désormais au bord d'un précipice de plus en plus profond", a alerté mercredi l'ancien président Jimmy Carter dans une tribune au New York Times. "Sans action immédiate", prévient-il, "nous risquons sérieusement de connaître un affrontement civil et de perdre notre précieuse démocratie".
AFP
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