Qui fête quoi le 6 janvier et le 25 décembre, et surtout quand? La majorité des chrétiens fêtent la Nativité ou Noël avant l’Épiphanie. Nombreux sont les chrétiens orientaux qui célèbrent une seule fête: celle du 6 janvier. À cela s'ajoute la complexité de la différence entre les calendriers julien et grégorien, le premier étant en retard de 13 jours sur le second.
Le monde chrétien de la tradition gréco-latine célèbre deux fêtes: Noël le 25 décembre et l’Épiphanie ou Théophanie le 6 janvier. Certaines Églises orientales (coptes, arméniennes, éthiopiennes) célèbrent une seule fête, celle de la Théophanie du 6 janvier. Certaines Églises orthodoxes de la tradition byzantine continuent à suivre le calendrier julien. Elles célèbrent deux fêtes: la Nativité ou Noël le 25 décembre qui tombe le 7 janvier grégorien, puis l’Épiphanie du 6 janvier, selon le comput julien, qui correspond au 19 janvier du calendrier grégorien. Tel est le cas en Russie par exemple. Les Arméniens du Liban suivent le calendrier grégorien et fêteront leur Théophanie le 6 janvier, alors que certains Arméniens, hors du Liban, suivent encore le comput julien et célèbreront la même fête le 19 janvier. Les coptes, en revanche, suivent le calendrier julien et célèbreront leur Noël le 7 janvier. Il est tout à fait normal de se sentir confus face à ces subtilités des calendriers. Au Liban, le 6 janvier est un jour férié qu’on considère comme le Noël arménien, en tout cas selon le calendrier grégorien.
C’est à partir du IVe siècle que la Nativité a commencé à être célébrée le 25 décembre par l’Église latine. De fait, aucun passage de la Bible ne mentionne la date de naissance du Christ. «Jusqu’au IVe siècle, la plupart des chrétiens célébraient une fête unique, celle de la Théophanie du 6 janvier», explique notre collègue Antoine Courban. Il souligne que Noël puise ses origines dans les saturnales, une fête romaine célébrant la fertilité et le renouveau de la Terre, qui se déroulait aux alentours du solstice d’hiver entre le 17 et le 25 décembre. Aux grands banquets des saturnales, hommes et femmes portaient des guirlandes autour du cou et s’offraient toutes sortes de cadeaux. «La date du 25 décembre était dédiée à la naissance du Sol Invictus ou le Soleil invaincu», précise de son côté Charles Hayek, historien. «Jusqu’à ce jour, l’un des hymnes byzantins de Noël décrit toujours le Christ comme le Soleil de la justice», ajoute-t-il.
Ainsi, afin d’éclipser la fête païenne et unir les deux traditions païenne et chrétienne, l’empereur Théodose ordonne, au IVe siècle, de célébrer une seule fête le 25 décembre: Noël. «Dans un processus de christianisation des Saturnales, différents rituels comme l’échange de présents et les mets fastueux ont été transposés dans la tradition de Noël», souligne A. Courban. «La date du 25 décembre a également été choisie par les premiers auteurs chrétiens qui tentaient de situer les grandes dates de la vie du Christ dans un cadre cosmique, note de son côté M. Hayeck. Le solstice d’hiver tombe neuf mois après le 25 mars, qui coïncide avec l’équinoxe du printemps et la fête de l’Annonciation qui marque l’annonce par l’archange Gabriel à Marie de sa maternité divine.»
Épiphanie et Théophanie
«La date du 25 décembre prend son origine en Occident. Par après, l’Orient byzantin adoptera la fête de Noël avant l’Épiphanie.» Tel n’est pas le cas des coptes et des Arméniens. A. Courban précise que les différences sont «dues au fait que pour certains, la date du 25 décembre n’est pas une fête liturgique mais également à cause de la différence entre calendrier grégorien et calendrier julien». «Ce dernier, promulgué par Jules César, demeure adopté par de nombreuses églises orientales», poursuit-il. Il accuse un retard de 13 jours par rapport au calendrier grégorien introduit au XVIe siècle par le pape Grégoire XIII. En 1923, l’Église grecque-orthodoxe adopte à son tour le calendrier grégorien.
En Orient, Jérusalem illustre à elle seule les particularités de la fête de Noël. Dans cette ville, la Nativité du Christ est en fait célébrée à trois dates différentes: le 25 décembre par les protestants et les catholiques, le 7 janvier par les grecs-orthodoxes et le 19 janvier par les Arméniens de Jérusalem, derniers chrétiens à célébrer la Nativité dans le monde. L’Église orthodoxe arménienne de Jérusalem suit toujours l’ancien calendrier julien.
Selon le calendrier grégorien, la date du 6 janvier correspond à la fête de l’Épiphanie ou «manifestation des cieux» pour les catholiques, et à celle de la Théophanie ou «manifestation de Dieu» pour les orthodoxes. «Dans les rites latins, l’Épiphanie marque la révélation de Jésus comme fils de Dieu aux rois mages et au monde, note A. Courban. Dans les rites orientaux, l’Épiphanie du 6 janvier marque la manifestation de la divinité de Jésus et de la Trinité lors de son baptême dans le Jourdain. Dans l’hymne byzantin de cette fête, la voix du Père proclame Jésus son fils bien-aimé alors que l’Esprit vient sceller cette vérité sous la forme d’une colombe.»
Pour comprendre l’origine de la légende des trois rois mages venus d’Orient guidés par une étoile, il faut se référer à l’évangile de Matthieu, selon M. Hayeck. Il apparaît ainsi que les mages étaient des prêtres zoroastriens, le zoroastrisme étant la religion officielle en Perse jusqu’en 651 et qui croit en un Dieu unique. L’ordre des prêtres zoroastrien était nommé Omagush, d’où l’origine du nom majouss en langue arabe ou mage en français. Ces mages étaient réputés pour observer les astres. Pensant que l’apparition de l’étoile de Noël pointait à la naissance d’une personne importante, ils quittèrent ainsi la Perse pour visiter l’enfant Jésus à Jérusalem et lui présenter des offrandes.
Tradition récente en Orient
Pour l’Orient chrétien, c’est Pâques et non Noël qui fait office de la fête majeure de l’année. Elle était désignée par Eïd el-kbir ou la grande fête. Dans son recueil sur les traditions des villages libanais datant des années 1950, Anis Freyha offre un aperçu des usages locaux. Il précise que Noël ne faisait pas partie du cycle des grandes fêtes et que les traditions suivies dans les milieux urbains libanais à l’occasion de cette fête, telles que la décoration du sapin à l’aide de bougies et la venue du père Noël, ont été importées des pays nordiques et germaniques. Jean Aghadjanian, septuagénaire, se rappelle que dans sa famille, on décorait une large branche de pin avec des rubans et des bougies épinglées à l’aide de pinces à linges, de clémentines, de noix et de friandises.
En Orient, les traditions se rapportant à Noël sont en fait récentes et viennent de l’Occident, essentiellement du monde anglo-germanique, avance le Dr Courban. «Les traditions festives de Noël sont récentes et remontent au milieu du XIXe siècle, note-t-il. C’est la reine Victoria qui inaugura la tradition du sapin décoré et illuminé à la maison. Avant cette date, Noël était demeuré une fête religieuse. Mais vers la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, les traditions non religieuses ont progressivement agrémenté la fête religieuse. Nous devons le sapin aux traditions germaniques. Quant à la crèche, elle nous vient de la tradition franciscaine, de Saint-François d’Assise lui-même.»
Le monde chrétien de la tradition gréco-latine célèbre deux fêtes: Noël le 25 décembre et l’Épiphanie ou Théophanie le 6 janvier. Certaines Églises orientales (coptes, arméniennes, éthiopiennes) célèbrent une seule fête, celle de la Théophanie du 6 janvier. Certaines Églises orthodoxes de la tradition byzantine continuent à suivre le calendrier julien. Elles célèbrent deux fêtes: la Nativité ou Noël le 25 décembre qui tombe le 7 janvier grégorien, puis l’Épiphanie du 6 janvier, selon le comput julien, qui correspond au 19 janvier du calendrier grégorien. Tel est le cas en Russie par exemple. Les Arméniens du Liban suivent le calendrier grégorien et fêteront leur Théophanie le 6 janvier, alors que certains Arméniens, hors du Liban, suivent encore le comput julien et célèbreront la même fête le 19 janvier. Les coptes, en revanche, suivent le calendrier julien et célèbreront leur Noël le 7 janvier. Il est tout à fait normal de se sentir confus face à ces subtilités des calendriers. Au Liban, le 6 janvier est un jour férié qu’on considère comme le Noël arménien, en tout cas selon le calendrier grégorien.
C’est à partir du IVe siècle que la Nativité a commencé à être célébrée le 25 décembre par l’Église latine. De fait, aucun passage de la Bible ne mentionne la date de naissance du Christ. «Jusqu’au IVe siècle, la plupart des chrétiens célébraient une fête unique, celle de la Théophanie du 6 janvier», explique notre collègue Antoine Courban. Il souligne que Noël puise ses origines dans les saturnales, une fête romaine célébrant la fertilité et le renouveau de la Terre, qui se déroulait aux alentours du solstice d’hiver entre le 17 et le 25 décembre. Aux grands banquets des saturnales, hommes et femmes portaient des guirlandes autour du cou et s’offraient toutes sortes de cadeaux. «La date du 25 décembre était dédiée à la naissance du Sol Invictus ou le Soleil invaincu», précise de son côté Charles Hayek, historien. «Jusqu’à ce jour, l’un des hymnes byzantins de Noël décrit toujours le Christ comme le Soleil de la justice», ajoute-t-il.
Ainsi, afin d’éclipser la fête païenne et unir les deux traditions païenne et chrétienne, l’empereur Théodose ordonne, au IVe siècle, de célébrer une seule fête le 25 décembre: Noël. «Dans un processus de christianisation des Saturnales, différents rituels comme l’échange de présents et les mets fastueux ont été transposés dans la tradition de Noël», souligne A. Courban. «La date du 25 décembre a également été choisie par les premiers auteurs chrétiens qui tentaient de situer les grandes dates de la vie du Christ dans un cadre cosmique, note de son côté M. Hayeck. Le solstice d’hiver tombe neuf mois après le 25 mars, qui coïncide avec l’équinoxe du printemps et la fête de l’Annonciation qui marque l’annonce par l’archange Gabriel à Marie de sa maternité divine.»
Épiphanie et Théophanie
«La date du 25 décembre prend son origine en Occident. Par après, l’Orient byzantin adoptera la fête de Noël avant l’Épiphanie.» Tel n’est pas le cas des coptes et des Arméniens. A. Courban précise que les différences sont «dues au fait que pour certains, la date du 25 décembre n’est pas une fête liturgique mais également à cause de la différence entre calendrier grégorien et calendrier julien». «Ce dernier, promulgué par Jules César, demeure adopté par de nombreuses églises orientales», poursuit-il. Il accuse un retard de 13 jours par rapport au calendrier grégorien introduit au XVIe siècle par le pape Grégoire XIII. En 1923, l’Église grecque-orthodoxe adopte à son tour le calendrier grégorien.
En Orient, Jérusalem illustre à elle seule les particularités de la fête de Noël. Dans cette ville, la Nativité du Christ est en fait célébrée à trois dates différentes: le 25 décembre par les protestants et les catholiques, le 7 janvier par les grecs-orthodoxes et le 19 janvier par les Arméniens de Jérusalem, derniers chrétiens à célébrer la Nativité dans le monde. L’Église orthodoxe arménienne de Jérusalem suit toujours l’ancien calendrier julien.
Selon le calendrier grégorien, la date du 6 janvier correspond à la fête de l’Épiphanie ou «manifestation des cieux» pour les catholiques, et à celle de la Théophanie ou «manifestation de Dieu» pour les orthodoxes. «Dans les rites latins, l’Épiphanie marque la révélation de Jésus comme fils de Dieu aux rois mages et au monde, note A. Courban. Dans les rites orientaux, l’Épiphanie du 6 janvier marque la manifestation de la divinité de Jésus et de la Trinité lors de son baptême dans le Jourdain. Dans l’hymne byzantin de cette fête, la voix du Père proclame Jésus son fils bien-aimé alors que l’Esprit vient sceller cette vérité sous la forme d’une colombe.»
Pour comprendre l’origine de la légende des trois rois mages venus d’Orient guidés par une étoile, il faut se référer à l’évangile de Matthieu, selon M. Hayeck. Il apparaît ainsi que les mages étaient des prêtres zoroastriens, le zoroastrisme étant la religion officielle en Perse jusqu’en 651 et qui croit en un Dieu unique. L’ordre des prêtres zoroastrien était nommé Omagush, d’où l’origine du nom majouss en langue arabe ou mage en français. Ces mages étaient réputés pour observer les astres. Pensant que l’apparition de l’étoile de Noël pointait à la naissance d’une personne importante, ils quittèrent ainsi la Perse pour visiter l’enfant Jésus à Jérusalem et lui présenter des offrandes.
Tradition récente en Orient
Pour l’Orient chrétien, c’est Pâques et non Noël qui fait office de la fête majeure de l’année. Elle était désignée par Eïd el-kbir ou la grande fête. Dans son recueil sur les traditions des villages libanais datant des années 1950, Anis Freyha offre un aperçu des usages locaux. Il précise que Noël ne faisait pas partie du cycle des grandes fêtes et que les traditions suivies dans les milieux urbains libanais à l’occasion de cette fête, telles que la décoration du sapin à l’aide de bougies et la venue du père Noël, ont été importées des pays nordiques et germaniques. Jean Aghadjanian, septuagénaire, se rappelle que dans sa famille, on décorait une large branche de pin avec des rubans et des bougies épinglées à l’aide de pinces à linges, de clémentines, de noix et de friandises.
En Orient, les traditions se rapportant à Noël sont en fait récentes et viennent de l’Occident, essentiellement du monde anglo-germanique, avance le Dr Courban. «Les traditions festives de Noël sont récentes et remontent au milieu du XIXe siècle, note-t-il. C’est la reine Victoria qui inaugura la tradition du sapin décoré et illuminé à la maison. Avant cette date, Noël était demeuré une fête religieuse. Mais vers la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, les traditions non religieuses ont progressivement agrémenté la fête religieuse. Nous devons le sapin aux traditions germaniques. Quant à la crèche, elle nous vient de la tradition franciscaine, de Saint-François d’Assise lui-même.»
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