Présidentielle: La France n'a pas vraiment renoncé à l'option Frangié

Les discussions que le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a eues mardi à Paris avec le président français, Emmanuel Macron, n’ont pas débouché sur un changement clair au niveau de la position de la France concernant l'élection présidentielle, bloquée depuis octobre 2022 au Liban.
Selon une source diplomatique française, le chef des Marada, Sleiman Frangié, dont la candidature à la tête de l’État est soutenue par le tandem Amal-Hezbollah reste un choix "réaliste en l'absence d'autres options".
Il n'y a donc pas eu de véritable changement au niveau de la position de Paris qui insiste sur l'urgence d'élire un président qui mettrait en place un plan de réformes économiques et sociales, a-t-on indiqué de même source à Ici Beyrouth.  "À un certain moment, la (seule) solution (au blocage de la présidentielle) semblait être la formule que nous avions proposée pour avancer et sortir de l'impasse. En l'absence d'une nouvelle formule, notre position pragmatique et réaliste demeure inchangée", selon cette source.
Et d’expliquer dans le même temps, qu'"à aucun moment la France n'a cherché à soutenir la candidature de Frangié contre la volonté des chrétiens".
À la question de savoir si la France appuierait la candidature de l'ancien ministre des Finances, Jihad Azour, à la présidence de la République, la source a répondu que "Paris n'a pas de candidat particulier et n'a pas de droit de veto sur aucune personnalité" qui brigue la magistrature suprême. "Elle est prête à travailler avec n'importe quel président" dont l'objectif est de mettre en oeuvre des réformes indispensables, selon la même source.
La rencontre de Mgr Raï avec M. Macron en début de semaine visait à mettre en lumière les efforts déployés par les principales factions chrétiennes, hostiles à la candidature de Sleiman Frangié, pour se mettre d'accord sur un candidat commun et crédible à la présidence de la République.
Selon certaines sources, le patriarche a clairement indiqué à M. Macron que la France ne pouvait pas ignorer la volonté d'une grande majorité de chrétiens et d'une partie importante du peuple libanais qui s'opposent à la candidature du chef des Marada.

"Paris fait montre de diplomatie"
Le porte-parole du parti Kataëb, Patrick Richa, a pour sa part rappelé que les Français ont fait pression en faveur de l’élection de M. Frangié,  au motif qu'il était le "seul candidat sérieux et disponible" à la tête de l’Etat. "Ils reconnaîtront en temps voulu qu'il existe d'autres choix viables et valables", a-t-il ajouté, en référence à l’entente qui se confirme au niveau chrétien notamment, en faveur de la candidature de Jihad Azour, à la présidence de la République.
Le député Sami Gemayel, chef du parti des Kataëb, avait joué un rôle de médiateur, rappelle-t-on, entre les deux principaux partis chrétiens rivaux, les Forces libanaises (FL) et le Courant patriotique libre (CPL), tous deux fermement opposés à M. Frangié.
Les Kataëb ont également coordonné leurs efforts avec le patriarche maronite, ce qui devrait aboutir à un soutien officiel à Jihad Azour, actuel directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI).
Commentant les discussions de Mgr Raï à Paris, M. Richa s’est contenté de déclarer à Ici Beyrouth : "Il est trop tôt pour évaluer les résultats".
"Je crois que les Français font preuve de diplomatie. Ils pourraient être en train de faire montre de bienveillance parce que ce qui compte pour eux, ce sont leurs intérêts, qui ne sont pas en notre faveur pour le moment. Leurs intentions seront mises à l'épreuve lorsque nous aurons annoncé notre soutien officiel au candidat de notre choix", a-t-il déclaré.
"L'autre camp (dirigé par le Hezbollah) se sentait jusqu'à présent à l'aise, pensant que son candidat n'avait pas de concurrent, mais les choses ont changé au cours des dernières semaines", a ajouté le responsable Kataëb.
"Si tout se passe comme prévu, M. Azour devrait recueillir quelque 69 voix sur les 128 au Parlement, sans compter les 10 à 15 voix des députés indécis qui pourraient éventuellement se ranger de notre côté", a affirmé M. Richa.
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