Les limites du rapprochement saoudo-syrien dans sa nouvelle mouture

Un ancien haut responsable gouvernemental affirme que l’esprit de l'entente saoudo-syrienne concernant le Liban qui était apparu en 2009, à l’époque du roi Abdallah ben Abdelaziz, est bel et bien révolu. Ce haut responsable souligne sur ce plan que feu le roi Abdallah avait regretté la confiance qu’il avait placée en Bachar al-Assad après l'accord de Doha en 2008. Le président syrien avait, en effet, menti sur son changement de position vis-à-vis du Liban, sur le sérieux de sa décision de prendre ses distances vis-à-vis de l'Iran, et sur son engagement envers la solidarité arabe.
Selon cette source, Michel Aoun, qui occupait le palais de Baabda comme chef de gouvernement de transition, assume la plus grande responsabilité dans la consolidation de l’hégémonie syrienne sur le Liban après l'accord de Taëf. Et pour cause: Michel Aoun avait rejeté l'accord de Taëf et formé une alliance avec le président irakien Saddam Hussein contre le régime syrien, ce qui avait eu des répercussions directes sur le Liban. Lorsque Saddam Hussein avait envahi le Koweït et que Assad père avait participé à l'opération de sa libération aux côtés des Arabes et des Américains, le président syrien avait alors remporté le «gros lot» en monnayant cette victoire pour asseoir sa mainmise définitive sur le Liban. Aujourd'hui, la donne a changé et le rapprochement entre Riyad et le régime d'Assad concernant le dossier libanais se limite à la lutte contre la production et l’exportation du Captagon ainsi qu'au retour des déplacés.
L’ancien responsable susmentionné souligne dans ce cadre que le suivi de la politique des petits pas adoptée par la Ligue arabe à l’égard du régime Assad constitue une priorité pour l'Arabie saoudite et la majorité des pays arabes. La Ligue arabe prend en charge le suivi de cette politique.

La même source précitée affirme en outre que les tentatives de certaines factions de faire état d’un retour à l’esprit de l’entente saoudo-syrienne de 2009 en prétendant que cette dernière est en phase avec le projet de l’axe obstructionniste sont totalement vouées à l’échec. Dans le même temps, l'exploitation de la crise résultant du dossier des déplacés, telle qu’elle se manifeste aujourd’hui, ne vise qu'à alimenter la haine à l’encontre des déplacés et à polariser une opinion publique déjà en crise, pour des raisons dépassant le problème des réfugiés syriens. Cette polarisation ne mènera, en réalité, qu'à une confrontation entre les pauvres des deux côtés, ce qui sera exploité pour tenter de rétablir des relations «étroites» entre le Liban et le régime Assad au profit du camp obstructionniste. Il va de soi que cela n’aura nullement pour but de faciliter le retour des réfugiés syriens qu’Assad ne souhaite pas à la base. La communauté internationale, quant à elle, tente par tous les moyens d’éviter une quelconque escalade dans ce dossier, craignant une vague de réfugiés qui déferlerait en Europe.
En outre, les affirmations selon lesquelles Riyad approuverait la solution recherchée par le président français Emmanuel Macron et son équipe pour combler la vacance présidentielle au Liban sont effectivement vraies. Cependant, cela reste tributaire des développements satisfaisants suivis de près par Riyad qui se traduisent par les efforts de l'opposition libanaise qui a commencé à s’organiser sérieusement et a trouvé un consensus sur un candidat qui ferait face au candidat du Hezbollah et du mouvement Amal, Sleiman Frangié.
Riyad suit tous ces développements avec calme et dans le silence le plus profond. Il a, par ailleurs, informé les Syriens qu’elle souhaite un président consensuel qui s'engage dans la mise en application d’un plan de réformes afin de sauver le Liban économiquement et le replacer dans le giron de la légalité arabe et internationale.  Ces conditions, si l'on peut les appeler ainsi, sont le maximum que pourrait atteindre le rapprochement saoudo-syrien, dans sa nouvelle formule.
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