Les priorités de Azour : redresser le pays et rassembler

L’ancien ministre des Finances et directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds monétaire international, Jihad Azour, a officiellement annoncé lundi sa candidature à la présidence de la République, soulignant ne pas être un candidat de défi mais de mission.
Alors qu’on lui reprochait son silence et de ne s’être toujours pas prononcé au sujet de son projet en tant que candidat, M. Azour a publié un communiqué dans la matinée, dans lequel il a présenté les éléments principaux de son programme politique, deux jours avant la séance parlementaire de mercredi consacrée à l’élection d’un nouveau chef de l’État.
Il a notamment mis l’accent sur « l'indépendance totale vis-à-vis de toute ingérence extérieure, la protection du territoire et de sa souveraineté, le regain du respect de l’État et des institutions, le respect de la Constitution, et la protection du document d’entente nationale », ainsi que sur la nécessité de sauver le pays de la crise socio-économique.
« Je souhaiterais d'abord remercier les partis et blocs politiques, les députés indépendants et ceux du changement, qui m’ont soutenu en tant que candidat modéré et rassembleur, dans un contexte des plus difficiles de l’histoire de notre pays », a-t-il souligné.
« Les Libanais sont conscients des divisions politiques qui sévissent de manière générale, surtout en matière d’élection présidentielle », a-t-il indiqué. Et, de poursuivre : « Je ne veux pas que ma candidature constitue le plus petit dénominateur commun entre les positions et les projets des différentes forces politiques. Je tiens plutôt à ce qu’elle constitue le plus grand dénominateur commun entre tous les Libanais qui rêvent d’une patrie que nous méritons tous, souveraine, libre, indépendante et prospère ».
« Je ne suis pas issu d'une prestigieuse famille politique, avec tout mon respect pour ceux qui le sont. Je ne suis pas non plus partisan, avec toute l’estime que je porte à tous les partis politiques libanais. Je ne suis pas le héros d’une communauté qui s’oppose aux autres communautés. Je suis le fruit des temps de prospérité qui ont permis à ma famille d’investir dans mon éducation. Le long de mon parcours, j’ai appris à assumer mes choix et j’ai acquis les principes d’ouverture et de convergence», peut-on lire dans le communiqué.
Pas un candidat de défi
« Jihad Azour n'est un candidat de défi pour personne », a-t-il, dans ce sens, précisé. « Le seul défi pour nous tous est celui de retrouver ‘l’expérience libanaise’, avec toutes les réformes nécessaires, pour que les générations futures puissent bénéficier des bonnes conditions qui m’ont été accessibles, au lieu de devenir des générations désespérées qui se retournent vers les pays de l’Occident et de l’Orient, dans le cadre d’une des vagues migratoires les plus dangereuses de l’histoire du Liban », a-t-il ajouté.
« Ma candidature est un appel à l'unité et à la recherche de terrains d'entente pour une sortie de crise, afin que nous puissions mettre à profit nos expériences et notre imagination et reprendre le chemin du progrès par notre bonne volonté », a-t-il déclaré.

D’après lui, « les défis économiques auxquels nous sommes confrontés et les graves troubles sociaux que nous connaissons ne se limitent pas aux chiffres et aux statistiques. Ce sont les expériences amères que vivent les Libanais au quotidien, dans la fatigue, l’anxiété et la peur de l’avenir. C’est la lutte dans laquelle se lance chacun d’entre eux pour satisfaire un minimum des conditions nécessaires à la dignité humaine ».
Et, d’insister : « Devant une telle situation, nous n’avons d’autre choix que d’écarter ce qui nous divise et de nous unir autour d’un objectif commun : sauver notre pays de la crise. Les Libanais qui ont souffert, les plus jeunes d’entre eux surtout, méritent que leurs dirigeants œuvrent pour un plan de sauvetage, rassembleur et transcommunautaire ».
« Il est vrai que les difficultés auxquelles fait face Liban ne sont pas faciles à surmonter, mais cela ne veut pas dire qu’elles ne peuvent pas l’être. Du fait de mon expérience, j'ai appris que les problèmes complexes ne se résolvent pas d'eux-mêmes et ne disparaissent pas lorsqu’on choisit de les ignorer. En même temps, j'ai pu constater qu’avec les bonnes stratégies, la bonne volonté, la confiance et l’action, nous pouvons aboutir à de bons résultats ».
Source d’espoir
Sur ce qui est dit au sujet de projets visant à isoler le pays, M. Azour a répondu : « Ne voyez-vous pas qu’alors que nous nous distrayons à écouter les discours qui appellent à la division et à l’intimidation, notre pays entier s’est éloigné de toutes les voies de réconciliation, de rapprochement et de modernisation qui s'opèrent dans la région? ». Il a souhaité que sa candidature « soit une source d'espoir, non un motif de peur, et qu’elle contribue à la solution au lieu d’être un nouvel élément de crise».
Il a, dans ce contexte, affirmé : « J’ai toujours cru au dialogue et en un Liban unifié et diversifié. Je tends ma main à toutes les composantes du pays, parce qu’avec la communication, nous pouvons parvenir à un consensus national et sortir le Liban de sa crise », avant de certifier : « Je suis ici pour une mission simple mais majeure : extraire le Liban de la crise et lui garantir un avenir prospère ».
Il a considéré que « grâce à l’innovation, la tolérance et la flexibilité, nous pouvons ensemble forger notre avenir. L’âme du Liban réside en son peuple qui a exprimé à chaque occasion son désir de cohésion, d’unité et d’une identité commune qui va au-delà de toute affiliation régionale, religieuse ou politique ».
Indépendance et souveraineté
Pour y parvenir concrètement, il faut, selon lui, « un ensemble d'éléments, dont l'indépendance totale vis-à-vis de toute ingérence extérieure, la protection du territoire et de sa souveraineté, le regain du respect de l’État et des institutions, le respect de la Constitution, et la protection du document d’entente nationale (accord de Taëf) par le biais de son application totale, car il constitue la base du vivre-ensemble ». Il a prévu de « rétablir, en coopération avec les autres, ce qui a été coupé avec les pays arabes et d’autres nations dans le monde ».
Et de conclure : « Je suis déterminé à conduire ce changement et je ne peux pas le faire seul. J'ai besoin que chaque Libanaise et Libanais fassent partie de cette aventure, afin que nous puissions travailler main dans la main pour restaurer la gloire du Liban et assurer un avenir prospère pour nous tous. Si j'ai la chance d’être élu, je chercherai à être le pont vers l'avenir, la réconciliation et la garantie d'une coexistence basée sur la confiance, la coopération et l'ouverture. Ensemble, nous pouvons changer notre réalité actuelle, entachée d'échecs et de risques d'effondrement et de désintégration. Ensemble, nous pouvons reconstruire le Liban-fierté et le Liban- miracle».
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