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[audio mp3="https://icibeyrouth.com/wp-content/uploads/2023/06/La-transparence-est-un-art-du-mystere-un-theme-explore-de-facon-eloquente-dans-lexposition-Yves.mp3"][/audio]
La transparence est un art du mystère, un thème exploré de façon éloquente dans l’exposition «Yves Saint Laurent Transparences». Cet événement, qui a débuté hier samedi à la prestigieuse Cité de la dentelle et de la mode de Calais, dépeint comment le couturier de renom a su, avec audace et élégance, dévoiler le corps des femmes.
https://youtu.be/Eewn_Z2nvaI
Dans une atmosphère envoûtante, dominée par des nuances de noir et de blanc, une exposition coorganisée avec le Musée Yves Saint Laurent de Paris accueille les visiteurs sur une note de surprise. Les yeux des amateurs d’art et de mode sont d’abord accrochés par un portrait du couturier dans son plus simple appareil, suivi par l’exposition d’une robe de soirée – un archétype de l’art de Saint Laurent célèbre pour sa maîtrise de la dentelle et de la transparence – datant de l’année 1970.
Ce chef-d’œuvre textile affiche une silhouette sévère, voire monacale, avec ses manches longues, sa rangée de boutons solennels fermant un col haut et sa longueur arrivant juste au-dessus des genoux. Cependant, le dos de la robe offre une révélation inattendue: un décolleté audacieux qui plonge jusqu’à la naissance des fesses. Domitille Eblé, chargée des collections d’arts graphiques au musée Yves Saint Laurent, Paris et co-commissaire de l’exposition, explique: «Toute la virtuosité de cette robe est révélée lorsque le mannequin fait demi-tour au bout du podium, dévoilant un dos entièrement nu, habillé d’une simple dentelle de Chantilly transparente».
L’audace ne s’arrête pas là. Parmi les quelque soixante tenues exposées, une robe en crêpe de laine noire semble sobre avec son col droit et ses épaules prononcées. Cependant, de dos, une ouverture vertigineuse dévoile une large partie du corps. «On peut y voir le côté humoristique de M. Saint Laurent qui, par ses défilés, surprend son public en révélant le corps du mannequin, alors qu’au premier abord, on s’attend à une présentation plus stricte, plus formelle», remarque Mme Eblé.
L’exposition va au-delà des vêtements, présentant également une collection impressionnante de dessins, de photographies et de vidéos. Ouverte jusqu’au 12 novembre, elle se focalise sur l’utilisation innovante et maîtrisée des matières transparentes par Yves Saint Laurent tout au long de sa carrière, avec «la dentelle, la mousseline, la cigaline, l’organza», précise la co-commissaire.
«Saint Laurent est connu pour avoir donné aux femmes le droit de porter des pantalons», ajoute Shazia Boucher, la seconde commissaire et directrice adjointe des musées de la ville de Calais, «mais nous voulions mettre en lumière cet autre aspect de son travail» qui ouvre «une fenêtre sur le corps de la femme».
Parmi les pièces maîtresses de l’exposition, on trouve la «nude dress» de la collection automne-hiver 1968. Cette robe du soir, entièrement transparente, est confectionnée en mousseline de soie noire et ornée «de plumes d’autruche positionnées stratégiquement sur les hanches, préservant la pudeur de celle qui la porte», décrit Mme Eblé. Une ceinture composée de deux têtes de serpent orne la taille.
Ces pièces de haute couture, avant-gardistes, demandent une certaine dose d’audace pour être portées. Elles n’ont donc pas connu un succès commercial retentissant, mais elles ont fait vibrer l’époque par leur impact culturel et esthétique. Dans un contexte de libération des mœurs, «Yves Saint Laurent capture parfaitement l’essence de son époque», commente Mme Eblé.
L’exposition met aussi en lumière l’un des essentiels du vestiaire Yves Saint Laurent: un smoking revisité. Présenté pour la première fois en 1968, ce look iconique se compose d’un bermuda en alpaga, d’une veste de costume traditionnel et d’une blouse en cigaline entièrement transparente, dévoilant audacieusement la poitrine. Domitille Eblé souligne que cette silhouette est «emblématique de l’allure Yves Saint Laurent», marquant une époque où «le vestiaire masculin s’infiltre dans le vestiaire féminin».
Le créateur avait une vision distincte du rôle de la femme dans la société. «Il souhaitait donner le pouvoir aux femmes, qu’elles se sentent aussi à l’aise dans leurs vêtements que le sont les hommes dans leurs costumes».
Dans une démarche délicate pour préserver l’essence féminine de ses créations, Yves Saint Laurent s’est tourné vers l’utilisation de tissus transparents, un choix détaillé avec perspicacité par Shazia Boucher.
Contrairement à l’approche ostentatoire parfois adoptée par ses contemporains, Yves Saint Laurent ne peut être qualifié de couturier enclin aux explosions de créativité imprévisibles. Dans le maelström de la mode des années 60, il a patiemment et méthodiquement établi son propre «vocabulaire stylistique», une palette de pièces de signatures qu’il allait ensuite intégrer régulièrement dans ses collections ultérieures. Shazia Boucher se fait l’écho de la philosophie intemporelle du créateur en rappelant son adage résonnant: «Les modes passent, le style est éternel.»
De plus, les amateurs de mode et de haute couture auront la chance de découvrir un volet supplémentaire de cette exploration de l’œuvre de Saint Laurent. En complément de l’exposition se tenant à Calais, une autre sera accessible au public au Musée Yves Saint Laurent à Paris à partir de février 2024. Ce second volet promet une continuation captivante du voyage à travers l’héritage durable du célèbre couturier.
Avec AFP
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La transparence est un art du mystère, un thème exploré de façon éloquente dans l’exposition «Yves Saint Laurent Transparences». Cet événement, qui a débuté hier samedi à la prestigieuse Cité de la dentelle et de la mode de Calais, dépeint comment le couturier de renom a su, avec audace et élégance, dévoiler le corps des femmes.
https://youtu.be/Eewn_Z2nvaI
Dans une atmosphère envoûtante, dominée par des nuances de noir et de blanc, une exposition coorganisée avec le Musée Yves Saint Laurent de Paris accueille les visiteurs sur une note de surprise. Les yeux des amateurs d’art et de mode sont d’abord accrochés par un portrait du couturier dans son plus simple appareil, suivi par l’exposition d’une robe de soirée – un archétype de l’art de Saint Laurent célèbre pour sa maîtrise de la dentelle et de la transparence – datant de l’année 1970.
Ce chef-d’œuvre textile affiche une silhouette sévère, voire monacale, avec ses manches longues, sa rangée de boutons solennels fermant un col haut et sa longueur arrivant juste au-dessus des genoux. Cependant, le dos de la robe offre une révélation inattendue: un décolleté audacieux qui plonge jusqu’à la naissance des fesses. Domitille Eblé, chargée des collections d’arts graphiques au musée Yves Saint Laurent, Paris et co-commissaire de l’exposition, explique: «Toute la virtuosité de cette robe est révélée lorsque le mannequin fait demi-tour au bout du podium, dévoilant un dos entièrement nu, habillé d’une simple dentelle de Chantilly transparente».
L’audace ne s’arrête pas là. Parmi les quelque soixante tenues exposées, une robe en crêpe de laine noire semble sobre avec son col droit et ses épaules prononcées. Cependant, de dos, une ouverture vertigineuse dévoile une large partie du corps. «On peut y voir le côté humoristique de M. Saint Laurent qui, par ses défilés, surprend son public en révélant le corps du mannequin, alors qu’au premier abord, on s’attend à une présentation plus stricte, plus formelle», remarque Mme Eblé.
L’exposition va au-delà des vêtements, présentant également une collection impressionnante de dessins, de photographies et de vidéos. Ouverte jusqu’au 12 novembre, elle se focalise sur l’utilisation innovante et maîtrisée des matières transparentes par Yves Saint Laurent tout au long de sa carrière, avec «la dentelle, la mousseline, la cigaline, l’organza», précise la co-commissaire.
«Saint Laurent est connu pour avoir donné aux femmes le droit de porter des pantalons», ajoute Shazia Boucher, la seconde commissaire et directrice adjointe des musées de la ville de Calais, «mais nous voulions mettre en lumière cet autre aspect de son travail» qui ouvre «une fenêtre sur le corps de la femme».
Parmi les pièces maîtresses de l’exposition, on trouve la «nude dress» de la collection automne-hiver 1968. Cette robe du soir, entièrement transparente, est confectionnée en mousseline de soie noire et ornée «de plumes d’autruche positionnées stratégiquement sur les hanches, préservant la pudeur de celle qui la porte», décrit Mme Eblé. Une ceinture composée de deux têtes de serpent orne la taille.
Ces pièces de haute couture, avant-gardistes, demandent une certaine dose d’audace pour être portées. Elles n’ont donc pas connu un succès commercial retentissant, mais elles ont fait vibrer l’époque par leur impact culturel et esthétique. Dans un contexte de libération des mœurs, «Yves Saint Laurent capture parfaitement l’essence de son époque», commente Mme Eblé.
L’exposition met aussi en lumière l’un des essentiels du vestiaire Yves Saint Laurent: un smoking revisité. Présenté pour la première fois en 1968, ce look iconique se compose d’un bermuda en alpaga, d’une veste de costume traditionnel et d’une blouse en cigaline entièrement transparente, dévoilant audacieusement la poitrine. Domitille Eblé souligne que cette silhouette est «emblématique de l’allure Yves Saint Laurent», marquant une époque où «le vestiaire masculin s’infiltre dans le vestiaire féminin».
Le créateur avait une vision distincte du rôle de la femme dans la société. «Il souhaitait donner le pouvoir aux femmes, qu’elles se sentent aussi à l’aise dans leurs vêtements que le sont les hommes dans leurs costumes».
Dans une démarche délicate pour préserver l’essence féminine de ses créations, Yves Saint Laurent s’est tourné vers l’utilisation de tissus transparents, un choix détaillé avec perspicacité par Shazia Boucher.
Contrairement à l’approche ostentatoire parfois adoptée par ses contemporains, Yves Saint Laurent ne peut être qualifié de couturier enclin aux explosions de créativité imprévisibles. Dans le maelström de la mode des années 60, il a patiemment et méthodiquement établi son propre «vocabulaire stylistique», une palette de pièces de signatures qu’il allait ensuite intégrer régulièrement dans ses collections ultérieures. Shazia Boucher se fait l’écho de la philosophie intemporelle du créateur en rappelant son adage résonnant: «Les modes passent, le style est éternel.»
De plus, les amateurs de mode et de haute couture auront la chance de découvrir un volet supplémentaire de cette exploration de l’œuvre de Saint Laurent. En complément de l’exposition se tenant à Calais, une autre sera accessible au public au Musée Yves Saint Laurent à Paris à partir de février 2024. Ce second volet promet une continuation captivante du voyage à travers l’héritage durable du célèbre couturier.
Avec AFP
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