Les autorités sont à court de ressources pour garantir une distribution normale de l’eau en été.
Depuis toujours, les Libanais peinent à avoir accès à l’eau, les autorités n’ayant jamais mis en place un plan rationnel de gestion des ressources hydrauliques. Les coupures d’eau sont fréquentes, surtout en été, mais rarement aussi sévères et aussi étendues dans le temps. Et pourtant, le Liban est un pays où l’eau coule en abondance! Avec la crise économico-financière, les pénuries se sont aggravées et aucune solution ne pointe malheureusement à l’horizon.
La majorité des Libanais se débat dans une crise économico-financière qui a entraîné une dégradation considérable des conditions de vie avec des pénuries insupportables d’eau et des coupures insoutenables d’électricité.
Un rapport de l’Unicef révèle que depuis le début de la crise en 2019, les réserves d’eau potable par habitant se sont considérablement réduites et sont passées sous la barre des 35 litres par jour, considérés comme le minimum acceptable.
Un service public en demi-mesure
Les Offices des eaux représentent un service public (autonome) qui n’est pas opérationnel comme il devrait l’être. D’abord, le manque d’électricité affecte les réseaux d’approvisionnement en eau potable, tant au niveau de la distribution que du traitement, car le courant électrique est indispensable au pompage de l’eau et au fonctionnement des stations de traitement. Par voie de conséquence, les pannes sont nombreuses et l’approvisionnement en eau se fait parcimonieusement.
Résultat: de nombreux ménages libanais se sont retrouvés à dépendre de sociétés privées et de camions-citernes pour avoir de l’eau dans leurs réservoirs.
À cela, il faut ajouter le problème du manque d’argent. Le prix des abonnements au réseau public reste dérisoire, ce qui fait que les recettes provenant de ce secteur ne sont pas suffisantes pour couvrir les dépenses des Offices des eaux. Celui de Beyrouth et du Mont-Liban a d’ailleurs prévenu qu’il sera pratiquement impossible d’obtenir les fonds nécessaires pour réparer une station de pompage si celle-ci venait à s’arrêter.
En juin, deux pannes soudaines étaient survenues à la centrale électrique de Zouk et avaient entraîné l’arrêt de la principale station de pompage d’eau de Dbayé, ce qui a empêché l’alimentation en eau de toutes les stations connectées.
Beyrouth et plusieurs régions du Mont-Liban n’ont pas pu être alimentées en eau pendant une semaine la première fois, et pendant trois jours, récemment. Pour dépanner les abonnés, la station de pompage a été reliée à une autre centrale électrique, celle de Baslim. Mais si celle-ci venait à s’arrêter aussi? L’eau ne coulerait plus dans les robinets à Beyrouth et dans le Mont-Liban, surtout que ces stations hydriques ne peuvent pas démarrer avec des générateurs. Leur fonctionnement nécessite du courant à haute tension que les groupes électrogènes ne peuvent pas dispenser.
Il y a quelque temps, l’Office des eaux de Beyrouth et du Mont-Liban avait annoncé qu’il était forcé de soumettre les Libanais à un rationnement sévère de l’eau.
Des ressources abondantes, pourtant
Or le Liban est un pays aux ressources hydriques pour le moins abondantes. Ses montagnes enneigées fournissent 16 rivières pérennes dont le débit annuel varie entre 2,151 et 3,9 milliards de mètres cubes. Mais à cause d’une corruption endémique et de mauvaises politiques de gestion, d’utilisation et de préservation des réserves d’eau, le pays se classait déjà en 2019, avant la crise, à la troisième place sur la liste des pays les plus menacés par la pénurie d’eau potable, selon le World Resources Institute (WRI).
Pour l’instant, les autorités sont à court de ressources pour garantir une distribution normale de l’eau en été, surtout que les centrales électriques vétustes du pays sont soumises – lorsqu’elles fonctionnent bien sûr – à une forte pression, due à la surconsommation de courant durant la saison chaude.
Aucune solution à court terme à cette crise de l’eau ne pointe donc à l’horizon et ses conséquences socio-économiques sont catastrophiques. Pour de nombreuses familles, obtenir de l’eau s’est transformé en une véritable lutte au quotidien.
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