Je ne vous cache pas que l’idée d’écrire dans Ici Beyrouth n’était pas pour me déplaire, moi qui vide si souvent mon sac sur les réseaux sociaux, histoire de décompresser, rigoler, critiquer, admirer, ou simplement partager… Autant le faire «officiellement» donc, avec pour lectorat un public plus critique sans doute, des yeux autres qu’amicaux et un retour moins exclusivement conciliant!
Me voici donc contributrice dans un médium où je me ferai un plaisir de vous faire mes confidences du moment. Pourquoi “confidences”? Parce que c’est exactement ce que c’est! Des réflexions sur tout et sur rien, gaies ou moroses selon l’état d’âme, mais toujours cyniquement transparentes, à l’image de la plume qui les pond!
Pourquoi Beyrouth? Parce que c’est (encore) la ville où je vis, celle où je me réveille le matin, où je m’endors le soir, où j’ai la plupart de mes souvenirs: première poupée en chiffon dont je me rappelle encore des cheveux laineux et pourtant si doux, Noëls en famille chez ma «Yaya» (grand-mère en grec) dont je porte fièrement le mythique prénom, bubble gums au chocolat qui n’existent plus depuis belle lurette mais aussi courses aux abris sous d’impitoyables bombardements, éclats tranchants qui strient nos vies dans tous les sens, et billets d’une livre (oui, je suis vieille!) lentement déposés dans le mièvre panier en velours bordeaux de la quête dominicale… Bref. Beyrouth. Ville pour laquelle je continue à naïvement espérer une miraculeuse renaissance, ou simplement une renaissance… ou simplement un miracle…
Cet amalgame de pensées nostalgiques me vient naturellement, en regardant au-dehors où une majestueuse lune naissante soutient hardiment mon regard, comme pour me demander ce que je vois en elle…
Face(s) cachée(s)
De prime abord, un croissant qui nous inspire (du croustillant et l’eau à la bouche, mais pas que) un sourire que certains qualifieraient de moqueur, une fossette taquine, un grain d’ingénuité qui ne manquerait pourtant pas de piquant… Aussi loin que je m’en souvienne, quand j’avais la chance de «voir cette lune», ma mère s’empressait de s’exclamer: «Vite! Il faut sourire et faire un vœu!», suite à quoi je m’exécutais machinalement – pour le sourire du moins –, sélectionner le vœu le plus urgent du moment nécessitant une profonde réflexion, donc quelques secondes de plus… Je ne m’attarderai pas sur l’efficacité de cette recette chimériquement maternelle, les vœux en question ne s’étant que rarement réalisés, sûrement faute de fiabilité de l’équation: sourire + croissant de lune = vœu réalisé!
Quoi qu’il en soit, je garderai toujours en mémoire le goût enivrant de ces petites choses qui, avec d’autres inventions cendrillonesques, contribuaient à meubler une enfance qui s’entêtait à vouloir être magique, n’en déplaise aux maîtres katiouchas et RPG de l’époque!
Pour en revenir à nos moutons, en l’occurrence la pertinence du mouvement des planètes dans mon humble texte, l’adulte critique – pour ne pas dire inquisitrice – que je suis devenue entretemps, a toujours été intriguée par la partie de la lune que nous autres terriens ne voyons pas. Celle que l’on appelle mystérieusement, en chuchotant parfois pour ne pas déclencher sa colère, «la face cachée». Qu’en est-il donc de ce visage (re)tourné, sournois, j’ai envie de dire énigmatique? Regardez bien le croissant qui vous sourit. Ce n’est qu’ainsi que vous verrez son complément ténébreux…
Pas de conseil maternel dans ce cas de figure! À croire que les mamans ne veulent voir que les allégories du bien! Pas de sourires. Pas de vœux non plus. Observation personnelle, toutefois, que je ne peux m’empêcher de faire – pas parce que je «vois le négatif partout» (raisonnement puéril de détracteurs à bout d’arguments!), mais parce qu’elle me saute aux yeux comme une évidence: cette lune aux deux visages représente chacun de nous! Non, non, il ne s’agit pas de notre «bon côté» qui s’opposerait à son homologue «mauvais». Ce serait trop prévisible! C’est plutôt la face cachée que nous avons tous en nous, celle que l’on ne montre qu’«au besoin» (encore faut-il voir lequel!) ou quand notre masque aux essences de courtoisie et de bonnes manières commence à gratter si fort qu’il nous faut vite l’enlever pour éviter le bobo… Ce que nous ne réalisons pas – ou trop tard –, c’est que c’est à cet instant précis que la lave se met à couler, embrasant tout sur son chemin et ne laissant derrière elle que des plaies béantes dont le pansement, aussi pénible soit-il, nous ramènera fatalement au souvenir de ce croissant de lune altier…
Me voici donc contributrice dans un médium où je me ferai un plaisir de vous faire mes confidences du moment. Pourquoi “confidences”? Parce que c’est exactement ce que c’est! Des réflexions sur tout et sur rien, gaies ou moroses selon l’état d’âme, mais toujours cyniquement transparentes, à l’image de la plume qui les pond!
Pourquoi Beyrouth? Parce que c’est (encore) la ville où je vis, celle où je me réveille le matin, où je m’endors le soir, où j’ai la plupart de mes souvenirs: première poupée en chiffon dont je me rappelle encore des cheveux laineux et pourtant si doux, Noëls en famille chez ma «Yaya» (grand-mère en grec) dont je porte fièrement le mythique prénom, bubble gums au chocolat qui n’existent plus depuis belle lurette mais aussi courses aux abris sous d’impitoyables bombardements, éclats tranchants qui strient nos vies dans tous les sens, et billets d’une livre (oui, je suis vieille!) lentement déposés dans le mièvre panier en velours bordeaux de la quête dominicale… Bref. Beyrouth. Ville pour laquelle je continue à naïvement espérer une miraculeuse renaissance, ou simplement une renaissance… ou simplement un miracle…
Cet amalgame de pensées nostalgiques me vient naturellement, en regardant au-dehors où une majestueuse lune naissante soutient hardiment mon regard, comme pour me demander ce que je vois en elle…
Face(s) cachée(s)
De prime abord, un croissant qui nous inspire (du croustillant et l’eau à la bouche, mais pas que) un sourire que certains qualifieraient de moqueur, une fossette taquine, un grain d’ingénuité qui ne manquerait pourtant pas de piquant… Aussi loin que je m’en souvienne, quand j’avais la chance de «voir cette lune», ma mère s’empressait de s’exclamer: «Vite! Il faut sourire et faire un vœu!», suite à quoi je m’exécutais machinalement – pour le sourire du moins –, sélectionner le vœu le plus urgent du moment nécessitant une profonde réflexion, donc quelques secondes de plus… Je ne m’attarderai pas sur l’efficacité de cette recette chimériquement maternelle, les vœux en question ne s’étant que rarement réalisés, sûrement faute de fiabilité de l’équation: sourire + croissant de lune = vœu réalisé!
Quoi qu’il en soit, je garderai toujours en mémoire le goût enivrant de ces petites choses qui, avec d’autres inventions cendrillonesques, contribuaient à meubler une enfance qui s’entêtait à vouloir être magique, n’en déplaise aux maîtres katiouchas et RPG de l’époque!
Pour en revenir à nos moutons, en l’occurrence la pertinence du mouvement des planètes dans mon humble texte, l’adulte critique – pour ne pas dire inquisitrice – que je suis devenue entretemps, a toujours été intriguée par la partie de la lune que nous autres terriens ne voyons pas. Celle que l’on appelle mystérieusement, en chuchotant parfois pour ne pas déclencher sa colère, «la face cachée». Qu’en est-il donc de ce visage (re)tourné, sournois, j’ai envie de dire énigmatique? Regardez bien le croissant qui vous sourit. Ce n’est qu’ainsi que vous verrez son complément ténébreux…
Pas de conseil maternel dans ce cas de figure! À croire que les mamans ne veulent voir que les allégories du bien! Pas de sourires. Pas de vœux non plus. Observation personnelle, toutefois, que je ne peux m’empêcher de faire – pas parce que je «vois le négatif partout» (raisonnement puéril de détracteurs à bout d’arguments!), mais parce qu’elle me saute aux yeux comme une évidence: cette lune aux deux visages représente chacun de nous! Non, non, il ne s’agit pas de notre «bon côté» qui s’opposerait à son homologue «mauvais». Ce serait trop prévisible! C’est plutôt la face cachée que nous avons tous en nous, celle que l’on ne montre qu’«au besoin» (encore faut-il voir lequel!) ou quand notre masque aux essences de courtoisie et de bonnes manières commence à gratter si fort qu’il nous faut vite l’enlever pour éviter le bobo… Ce que nous ne réalisons pas – ou trop tard –, c’est que c’est à cet instant précis que la lave se met à couler, embrasant tout sur son chemin et ne laissant derrière elle que des plaies béantes dont le pansement, aussi pénible soit-il, nous ramènera fatalement au souvenir de ce croissant de lune altier…
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