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Fin juin 2006: les leaders et chefs de file politiques du pays sont réunis Place de l’Étoile dans le cadre d’une conférence de dialogue national, sous l’égide du chef du législatif Nabih Berry. Au terme des échanges, le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah prend la parole pour souligner, en substance, ce qui suit: Nous sommes à la veille de la saison d’été; nous devons maintenir le calme au Sud et éviter toute provocation (contre Israël). Deux semaines plus tard, le 12 juillet 2006, la milice du Hezbollah lançait des roquettes contre le territoire israélien et menait une opération de l’autre côté de la frontière pour enlever des soldats, déclenchant ainsi une guerre qui durera 33 jours, faisant près de 1500 tués côté libanais et provoquant des dégâts évalués à plusieurs milliards de dollars. L’on apprendra bien plus tard que celui qui fut le principal responsable sécuritaire des Gardiens de la Révolution iranienne (les pasdaran), Qassem Souleimani, avait dirigé en personne les opérations durant cette guerre de juillet 2006.
Ce conflit de 33 jours débouchera sur des deux situations nouvelles à portée stratégique: le torpillage du processus de réédification de l’État, initié par le courant du 14 Mars dans une optique souverainiste (processus qui était bien avancé); et le renforcement du rôle régional du parti pro-iranien qui réussira le tour de force de présenter comme une «victoire divine» le fait qu’il n’ait pas été totalement défait et liquidé par l’armée israélienne. Il s’en est fallu de peu… Ce second aboutissement explique l’implication directe de Qassem Souleimani dans la direction des opérations militaires.
Faisant suite à la longue série d’assassinats politiques dont le pays avait été le théâtre en 2005, cette guerre de juillet 2006 a constitué sans doute l’un des principaux développements, avec l’invasion de Beyrouth le 7 mai 2008, ayant porté un coup dur, sinon fatal, au projet libaniste du 14 Mars. Dans le sillage de la Révolution du cèdre, lancée après l’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005, un vaste courant populaire transcommunautaire était apparu en appui au projet axé, parallèlement au retrait syrien, sur le rétablissement de la souveraineté, la réhabilitation de l’État et l’instauration d’un climat de stabilité permanente dans le pays. Sauf que ce «projet d’édification de l’État», porté par le 14 Mars, était l’antithèse des objectifs stratégiques du Hezbollah, liés organiquement aux visées régionales du parrain iranien. D’où la nécessité pour l’allié de Téhéran de saper dès le départ la dynamique souverainiste avant qu’elle ne se consolide et se renforce.
La guerre de juillet 2006 aura été ainsi l’un des premiers et l’un des principaux coups de massue assénés au projet du 14 Mars. Il sera suivi de bien d’autres, et non des moindres: la longue occupation du centre-ville, en 2006; l’agression du 7 Mai à Beyrouth et à Moukhtara; le torpillage systématique des échéances constitutionnelles; la violation des termes de l’accord de Doha de 2008 avec la chute du gouvernement de Saad Hariri; les campagnes assidues contre l’Arabie saoudite et les principaux pays du Golfe; la stratégie de déconstruction de l’État et des secteurs vitaux du pays, dont notamment le secteur bancaire, etc. Autant d’actions et d’initiatives orchestrées minutieusement, dont le cumul avait pour but de saper les fondements du projet de l’État.
Le Hezbollah ne peut préserver et renforcer son rôle régional au service des pasdaran que s’il maintient en permanence un climat belliqueux, une atmosphère guerrière. L’instabilité chronique est son oxygène, son fonds de commerce, sans lesquels il ne pourrait survivre et se développer. La prospérité et la stabilité seraient pour lui un élément fatal. Rien d’étonnant par voie de conséquence qu’il ait entrepris, après l’accord irano-saoudien de Pékin, de faire monter subitement, ces derniers jours, la tension dans les secteurs de Chebaa, Kfarchouba et Ghajar où un calme total règne depuis plus de 23 ans. L’accord de Pékin prévoit l’instauration d’une stabilité dans la région? Soit… Mais pour le Hezbollah, il est vital malgré tout de maintenir un foyer de tension – contrôlée – au Liban. La population libanaise en paiera, encore une fois, le prix fort, en dépit de l’effondrement généralisé actuel? Qu’importe… L’important est de sauvegarder les intérêts stratégiques de la République islamique iranienne. Wilayat el-faqih oblige…
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Fin juin 2006: les leaders et chefs de file politiques du pays sont réunis Place de l’Étoile dans le cadre d’une conférence de dialogue national, sous l’égide du chef du législatif Nabih Berry. Au terme des échanges, le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah prend la parole pour souligner, en substance, ce qui suit: Nous sommes à la veille de la saison d’été; nous devons maintenir le calme au Sud et éviter toute provocation (contre Israël). Deux semaines plus tard, le 12 juillet 2006, la milice du Hezbollah lançait des roquettes contre le territoire israélien et menait une opération de l’autre côté de la frontière pour enlever des soldats, déclenchant ainsi une guerre qui durera 33 jours, faisant près de 1500 tués côté libanais et provoquant des dégâts évalués à plusieurs milliards de dollars. L’on apprendra bien plus tard que celui qui fut le principal responsable sécuritaire des Gardiens de la Révolution iranienne (les pasdaran), Qassem Souleimani, avait dirigé en personne les opérations durant cette guerre de juillet 2006.
Ce conflit de 33 jours débouchera sur des deux situations nouvelles à portée stratégique: le torpillage du processus de réédification de l’État, initié par le courant du 14 Mars dans une optique souverainiste (processus qui était bien avancé); et le renforcement du rôle régional du parti pro-iranien qui réussira le tour de force de présenter comme une «victoire divine» le fait qu’il n’ait pas été totalement défait et liquidé par l’armée israélienne. Il s’en est fallu de peu… Ce second aboutissement explique l’implication directe de Qassem Souleimani dans la direction des opérations militaires.
Faisant suite à la longue série d’assassinats politiques dont le pays avait été le théâtre en 2005, cette guerre de juillet 2006 a constitué sans doute l’un des principaux développements, avec l’invasion de Beyrouth le 7 mai 2008, ayant porté un coup dur, sinon fatal, au projet libaniste du 14 Mars. Dans le sillage de la Révolution du cèdre, lancée après l’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005, un vaste courant populaire transcommunautaire était apparu en appui au projet axé, parallèlement au retrait syrien, sur le rétablissement de la souveraineté, la réhabilitation de l’État et l’instauration d’un climat de stabilité permanente dans le pays. Sauf que ce «projet d’édification de l’État», porté par le 14 Mars, était l’antithèse des objectifs stratégiques du Hezbollah, liés organiquement aux visées régionales du parrain iranien. D’où la nécessité pour l’allié de Téhéran de saper dès le départ la dynamique souverainiste avant qu’elle ne se consolide et se renforce.
La guerre de juillet 2006 aura été ainsi l’un des premiers et l’un des principaux coups de massue assénés au projet du 14 Mars. Il sera suivi de bien d’autres, et non des moindres: la longue occupation du centre-ville, en 2006; l’agression du 7 Mai à Beyrouth et à Moukhtara; le torpillage systématique des échéances constitutionnelles; la violation des termes de l’accord de Doha de 2008 avec la chute du gouvernement de Saad Hariri; les campagnes assidues contre l’Arabie saoudite et les principaux pays du Golfe; la stratégie de déconstruction de l’État et des secteurs vitaux du pays, dont notamment le secteur bancaire, etc. Autant d’actions et d’initiatives orchestrées minutieusement, dont le cumul avait pour but de saper les fondements du projet de l’État.
Le Hezbollah ne peut préserver et renforcer son rôle régional au service des pasdaran que s’il maintient en permanence un climat belliqueux, une atmosphère guerrière. L’instabilité chronique est son oxygène, son fonds de commerce, sans lesquels il ne pourrait survivre et se développer. La prospérité et la stabilité seraient pour lui un élément fatal. Rien d’étonnant par voie de conséquence qu’il ait entrepris, après l’accord irano-saoudien de Pékin, de faire monter subitement, ces derniers jours, la tension dans les secteurs de Chebaa, Kfarchouba et Ghajar où un calme total règne depuis plus de 23 ans. L’accord de Pékin prévoit l’instauration d’une stabilité dans la région? Soit… Mais pour le Hezbollah, il est vital malgré tout de maintenir un foyer de tension – contrôlée – au Liban. La population libanaise en paiera, encore une fois, le prix fort, en dépit de l’effondrement généralisé actuel? Qu’importe… L’important est de sauvegarder les intérêts stratégiques de la République islamique iranienne. Wilayat el-faqih oblige…
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