Voile: la police iranienne sévit de nouveau
©La police des mœurs a sa propre organisation et ses sinistres véhicules blanc et vert. (Wikimédia Commons)
Pour calmer le mouvement de protestation survenu après la mort de Mahsa Amini, le régime iranien avait accepté de retirer la police des moeurs, les redoutables bassij, assassins de Amini et pourfendeurs de celles qui refusent le port du voile. Dix mois après, ordre a été donné à la police de rétablir ses patrouilles pour lutter contre toute velléité d'émancipation des femmes.



La police iranienne a annoncé dimanche avoir rétabli les patrouilles pour sanctionner les femmes de plus en plus nombreuses à ne pas porter le voile dans les lieux publics, dix mois après la mort de Mahsa Amini.

"A partir d'aujourd'hui, la police va, en menant des patrouilles en voiture et à pied, avertir et sanctionner les personnes qui, malheureusement, désobéissent aux ordres et continuent à ne pas respecter le code vestimentaire", a averti le porte-parole de la police Saïd Montazeralmahdi, cité par l'agence Tasnim.

Cette annonce intervient dix mois après le décès, le 16 septembre 2022, de la Kurde iranienne de 22 ans Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, imposant notamment aux femmes le port du voile en public.



Ces derniers jours, des photos et des vidéos ont été postés sur les réseaux sociaux montrant des policières en tchador admonester et arrêter des femmes ne portant pas le voile.

Le quotidien réformateur Shargh a indiqué dimanche que quatre femmes avaient récemment été condamnées à "suivre des cours de psychologie", "nettoyer les hôpitaux" et avaient été "interdites de conduire durant deux ans", après avoir été reconnues coupables.

Le décès de Mahsa Amini avait déclenché un vaste mouvement de protestation avec des manifestations dans plusieurs villes en octobre et novembre avant de refluer. Plusieurs centaines de personnes, dont des membres des forces de l'ordre, ont été tuées et des milliers arrêtées. Sept hommes ont été exécutés pour leur implication dans ce mouvement.

"La police, suivant les demandes du peuple (...) afin d'étendre la sécurité publique et renforcer les fondements de la famille, (...) et contribuer à la paix mentale de la société": lit-on en persan sur le site de l'agence Tasnim, citant le porte-parole de la police iranienne Saïd Montazeralmahdi. (Capture d'écran du site Tasnim)

Mise en cause par les manifestants, la police des mœurs avait en bonne partie disparu des rues ces derniers mois. Et les femmes étaient de plus en plus nombreuses à sortir la tête non couverte, notamment à Téhéran et dans les grandes villes.

Les autorités ont pris depuis le début de l'année une série d'initiatives, allant de la fermeture de commerces, notamment de restaurants, à l'installation de caméras dans les rues pour traquer celles qui bravent l'interdit.

Parallèlement, le pouvoir judiciaire et le gouvernement ont proposé en mai un projet de loi dénommé "Soutien à la culture du hijab et de la chasteté" afin de "protéger la société" et "renforcer la vie familiale".

Georges Haddad, avec AFP
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