Au cœur de la citadelle de Smar Jbeil, dans les montagnes majestueuses de Batroun, est née une idée innovatrice de Khaled Mouzanar: De vin et de musique. Pour la deuxième année consécutive et sous sa direction artistique, un concert enivrant aura lieu, dans le cadre d'un festival exceptionnel, les 28, 29 et 30 juillet 2023, dans un tango fusionnel à trois, «pour l'amour du vin, de la terre et de la musique».
https://youtu.be/VnPKkPa0WE8
Tango Seasons est une rencontre fusionnelle entre le violon de Vivaldi et le bandonéon de Piazzolla. À Smar Jbeil, après s'être délecté des vins de Batroun, le public se laissera emporter par le groupe baroque de renommée internationale Gabetta Consort, sous la direction du violoniste Andrés Gabetta et du bandonéoniste Mario Stefano Pietrodarchi, dans un tourbillon émotionnel au mariage du goût et de l'ouïe. Le soleil se couchera sur The Fifth Season, une composition de Khaled Mouzanar, dont les notes envoûtantes résonneront pour la première fois au monde, au sein d'un Liban de culture et d'espoir.
L'été dernier, Khaled Mouzanar a créé une première «de vin et de musique», comme un chant de résistance, un hymne culturel aux montagnes. Au cœur des splendeurs naturelles de Batroun, la musique fait écho aux rêves d'un peuple avide de vie, et les notes grisantes s'envolent vers les cieux souriants, dans un élan de gratitude. Cette expérience ultime se répète cette année, dans la même fougue artistique et patriotique.
Résidant dans les hauteurs de Batroun depuis quelques années, Khaled Mouzanar vit avec sa famille en parfaite symbiose avec la nature, la ferme et le terroir. «Je vis ici quelque chose de très beau que j'avais envie de partager et de mélanger à la musique. J'ai voulu connecter cette vie agraire à ma vie de musicien, d'artiste et de viticulteur», précise-t-il.
«C'est de là et à partir de ce lieu magnifique, à cinq minutes de là où j'habite, qu'est née l'idée du festival. Je venais me balader dans cette citadelle seul, en rêvant d'y réaliser un projet. Ce concert est né aussi de la rencontre amicale entre Andrés Gabetta et Mario Stefano Pietrodarchi. Andrés a des origines argentines; il habite en Suisse et a une grande sensibilité pour le tango. Les deux artistes ont eu l'idée de jouer les Quatre saisons de Vivaldi et de Piazzolla en introduisant le bandonéon dans celles de Vivaldi et le violon baroque d'Andrés dans celles de Piazzolla. C'est un mélange extraordinaire. Ils ont tourné avec ce concert ces quatre dernières années et nous sommes ravis de les recevoir ici. À chaque fin de concert, ils jouaient un morceau que j'avais composé, un peu partout dans le monde. C'est un grand privilège. Pour ce concert-là, j'ai eu l'idée de composer la cinquième saison, The Fifth Season. C'est une saison un peu apocalyptique, une saison où il n'y a plus de saisons, qu'on présentera en guise de clôture du concert.»
Parlant de sa sensibilité pour le tango, Khaled Mouzanar affirme: «Cela s'entend et s'écoute dans ma musique. C'est notamment dû à ma grande affinité avec la musique sud-américaine, ma mère ayant passé toute son enfance en Amérique du Sud, et à mon amour pour Piazzolla qui a été une grande découverte à l'âge de 17 ans gråce à mon professeur de musique. Pour moi, c'était une révélation musicale, harmonique, artistique énorme qui a marqué mes créations. J'utilise les techniques harmoniques et sonores du tango dans ma musique. Ce sont l'intention, parfois la violence ou encore la sensualité du tango qui m'intéressent plus que le rythme du tango lui-même.»
Évoquant l'inspiration derrière The Fifth Season, Khaled Mouzanar affirme: «On est tous depuis ces trois dernières années – et moi depuis bien plus longtemps –, plongés dans cette ambiance de fin de monde, de civilisation, d'effondrement écologique, économique, culturel et spirituel. Tous ces effondrements coïncident avec notre ère. Quand j'ai voulu écrire ma version des Quatre saisons, il était évident pour moi de me questionner sur le fait de savoir où elles sont passées. On vit un dérèglement climatique. Est-ce qu'on change d'ère glacière, écologique, climatique ou est-ce le résultat de l'activité humaine? Cette dernière y contribue, certes. Cette œuvre est une œuvre d'éveil, de prise de conscience, mais ce n'est pas une œuvre pessimiste, même si le pessimisme est une forme de lucidité... En quelque sorte, j'ai toujours cette âme enfantine d'optimisme en moi. Je ne peux pas me permettre d'être pessimiste, mais l'œuvre est faite de trois mouvements. Le premier mouvement est un mouvement où l'on rentre dans une ère quasi nucléaire. On se demande ce qui se passe. Tout est déréglé. Tout est traumatisant. Le deuxième mouvement est plus 'fou'. La nature devient totalement folle. Lors du troisième mouvement, l'homme seul se retrouve face à la nature. Puis, une sorte de dialogue est établi entre eux et c'est à la fois une réconciliation pour finir sur une touche plutôt positive. C'est une œuvre qui ressemble à mes créations de ces trois dernières années qui s'inscrivent dans une littérature artistique postapocalyptique.»
Khaled Mouzanar croit que les plus belles choses de la vie nous arrivent par accident. «Le piano, ce sont les doigts qui partent des fois seuls sur quelque chose. Même quand on fredonne une mélodie, c’est l'idée d’un air ou d’un texte qui nous vient comme une révélation. C’est après qu’on les travaille. L’inspiration est mystérieuse et il faut savoir la saisir au vol parce qu’elle ne vient pas deux fois de suite.»
Très attaché au Liban, l’artiste rend par ailleurs hommage à La Montagne inspirée de Charles Corm. «Aujourd’hui, le Liban est l’un des endroits où il est intéressant de vivre, dit-il. L'effondrement qu'on vit n'est pas extraordinaire. l’Histoire de l’humanité est faite de civilisations qui s’effondrent. C’est le cours normal des choses. Les civilisations naissent, grandissent et s’effondrent. Puis après, quelque chose renaît. Aujourd’hui, on est dans une époque charnière. Au Liban, on ressent cela avant les autres et de manière plus amplifiée, plus forte et plus violente. Il y a des personnes qui vont vivre ailleurs à l’abri de la violence de ce cataclysme. Une civilisation qui s’effondre est cataclysmique parce que l’effondrement se passe à tous les niveaux: économique, spirituel, écologique, intellectuel… Sur les plans intellectuel et artistique, cela s’avère particulièrement intéressant parce que l’art qui en ressort est un art d’anticipation. Nos enfants seront aussi préparés à cela. À l’avenir, ils pourront avoir les bons réflexes et les bonnes armes pour survivre.»
Ce que pleurent encore nos plus brûlantes larmes,
C’est que tu fus un preux; que tu sus t’oublier
Pour défendre le sol, c’est que tu pris les armes
Contre le Sanglier!

Car nous ne voulons pas qu’une Bête circule,

Toutes griffes dehors, cornes et crocs au vent,
Car nous ne voulons pas que la Grâce recule,
Ni le rêve émouvant!
Qu’hésite l’Idéal, que le Bien capitule,
Que le Courage abdique, et qu’un Monstre maudit
Puisse étendre un instant ses sombres tentacules
Sur notre Paradis!
Charles Corm, La Montagne inspirée
https://youtu.be/czbBCFgLrAI
Au programme:
Dégustations de vin à 19h
Concert à 20h
Bouchées du terroir après le concert
Réservations:

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