Arrêté à Miami le 8 janvier 2022 pour avoir agressé sexuellement une femme dans sa chambre d’hôtel, le récidiviste fait aussi l’objet de poursuites judiciaires par le parquet de la cour d’appel du Mont-Liban pour des actes similaires.
Le samedi 8 janvier, Marwan Habib, Libanais de 32 ans, est arrêté à son domicile de Miami pour agression sexuelle contre une jeune femme dans sa chambre d’hôtel, alors qu’elle dormait. Il avait réussi, à cet effet, à convaincre un employé d’un hôtel de lui donner la clé de la chambre de la jeune femme. Il s’y était introduit alors qu’elle était plongée dans son sommeil. Il a essayé de l’agresser, mais elle a réussi à se défendre.
La nouvelle de son arrestation a été largement rapportée dans les médias américains et libanais. Elle a surtout suscité une vague de réactions sur les réseaux sociaux notamment parmi les Libanais. C’est que Marwan Habib est un récidiviste bien connu. Les histoires de ses victimes sont nombreuses et certaines d’entre elles remontent à 2009, d’après les témoignages poignants partagés en ligne sur des pages telles que "pervsoflebanon".
Georges connaît bien l’histoire de Marwan. "Toutes les filles de Beyrouth peuvent témoigner du harcèlement qu’il exerçait sur elles : de Hamra, à Zaytouna Bey en passant par Badaro, la rue Bliss, Mar Mikhaël…", raconte-t-il à Ici Beyrouth.
"Il se mettait nu devant la baie vitrée de son appartement", se souvient Nisrine. Marwan avait loué un appartement dans son immeuble. "Un jour, mon mari et moi avons tapé à sa porte pour lui demander de baisser la musique, se souvient-elle. Il nous a ouvert tout nu, avec un sourire sadique aux lèvres. Quand j’y pense, j’ai encore des frissons." Nisrine souligne que "certains voisins entendaient les hurlements et les gémissements de femmes en provenance de son appartement".
Des années après les faits et maintenant que celui dont elles essayaient d’effacer le nom et le visage de leur mémoire est sous les verrous, certaines jeunes femmes acceptent de partager leurs mésaventures avec ce trentenaire. Toutes ne le dépeignent pas cependant comme un monstre, mais comme quelqu’un qui dérange.
Randa a rencontré Marwan Habib à Zaytouna Bey. "Il m’avait poursuivie, quand même j’avais refusé ses avances, raconte-t-elle. C’est un jeune homme attirant. Il insistait, tout en restant poli. Lorsque j’ai accepté de prendre un verre avec lui, en me disant qu’il me laissera tranquille après, j’ai remarqué qu’il y avait quelque chose d’anormal chez lui. Je n’ai plus entendu parler de lui par la suite."
D’autres n’ont pas eu la chance de Randa. En 2019, une personne poste la photo de Marwan Habib sur Twitter avec le commentaire suivant: "Partagez cette photo, rappelez-vous de son visage, cet homme est un violeur, il agresse les femmes au Liban."
"Il m’a suivie jusque dans la douche après mon cours de boxe", "C’est un violeur. Il a caché mes clés. J’ai crié et il n’a pas bougé un muscle! J’ai toute une histoire dont je ne veux pas me souvenir. Il m’a traumatisée", "Il m’a agressée dans l’ascenseur quand j’avais 17 ans. Il m’avait attrapé par le poignet. Heureusement que j’ai réussi à sortir avant que ce ne soit trop tard"… les témoignages sur les agissements de ce récidiviste font légion sur les réseaux sociaux.
Absence de lois
Les victimes des "avances" verbales et physiques de Marwan Habib ont entre 15 et 40 ans. Leurs histoires se multiplient en ligne, notamment sur les plateformes anonymes créées au Liban pour pallier à un système judiciaire défaillant, qui n’assure pas toujours aux femmes la protection dont elles ont besoin, notamment dans des situations pareilles.
Son portrait et son nom figurent sur les pages destinées à dénoncer les harceleurs et les violeurs. Il y a deux ans, une pétition avait été lancée pour que Marwan Habib soit traduit en justice. Cent signatures sont demandées mais seulement 37 ont pu être collectées. C’est dire à quel point les femmes ont peur de sortir de l’anonymat. Pour beaucoup, les agressions sexuelles sont un sujet tabou.
Malgré de nombreux témoignages, des plaintes déposées contre lui, une arrestation de 48 heures dans un poste de gendarmerie à Beyrouth et une tentative de poursuite en justice, Marwan Habib a réussi à éviter la prison au Liban, pour deux raisons principales. Il aurait bénéficié d’une couverture politique, grâce à laquelle il avait pu par exemple sortir du poste de gendarmerie et réussi à éviter la prison, jusqu’à son départ aux États-Unis. Malheureusement, cette information n’a pas pu être vérifiée et reste au stade de rumeur.
Sur le plan judiciaire, Marwan Habib a pu bénéficier de l’absence d’une loi anti-harcèlement sexuel, alors que conformément au code pénal, les atteintes à la pudeur et les agressions, quelles que soient leur nature, sont sanctionnées au Liban. Une loi pénalisant le harcèlement sexuel a été adoptée beaucoup plus tard, en décembre 2020.
Le trentenaire s’était entre-temps installé aux États-Unis. Il avait également changé son pseudo sur les réseaux sociaux, adoptant celui de "Cliff_canyon". Il postait sur Instagram des photos quelque peu exhibitionnistes et érotiques.
Poursuivi au Liban…
Mardi, le bureau du procureur général près la cour de cassation a rejeté dans un communiqué les critiques relayées dans les médias au sujet du laxisme des autorités judiciaires, en dépit des plaintes déposées contre cet homme. Rappelant que le procureur général près la cour d’appel a supervisé l’enquête préliminaire, le texte souligne que "conformément à la loi libanaise, les arrestations provisoires sont interdites pour des crimes de harcèlement sexuel dont la sanction ne dépasse pas un an d’emprisonnement". Le texte rappelle aussi que Marwan Habib avait déjà été "arrêté à Beyrouth 48 heures durant dans le cadre de l’enquête préliminaire, qu’il a fait l’objet d’un mandat d’amener après avoir refusé de se présenter à l’audience fixée dans le cadre de l’enquête, qu’une plainte contre lui est déposée devant le juge unique pénal et qu’il est poursuivi pour des actes similaires par le parquet près la cour d’appel au Mont-Liban".
Toujours est-il que rien n’a été entrepris pour le contraindre à comparaître devant les autorités compétentes. La justice, c’est aux États-Unis, que ses victimes libanaises l’ont trouvé grâce à la procédure lancée contre Marwan Habib par un tribunal de Floride.
Au Liban, cette affaire a surtout mis en relief les failles des lois libanaises, dépassées ou patriarcales, malgré les tentatives de certains de les moderniser, à l’instar de ce que Ghassan Moukheiber avait fait. Ce processus se heurte souvent à des retards, les textes concernant la sécurité ou le statut des femmes n’étant pas considérés comme prioritaires, et impacte le comportement des agents de l’ordre. Plusieurs jeunes filles qui ont appelé la police suite à une agression de Marwan Habib ont reproché à celle-ci de n’avoir pas réagi, du moins pour donner suite aux témoignages de ses victimes qui alertaient sur un comportement "anormal". Le nombre de témoignages selon lesquels M. Habib est "dérangé" et "pas normal" est important. Même les victimes américaines ont pointé du doigt un comportement anormal.
Le samedi 8 janvier, Marwan Habib, Libanais de 32 ans, est arrêté à son domicile de Miami pour agression sexuelle contre une jeune femme dans sa chambre d’hôtel, alors qu’elle dormait. Il avait réussi, à cet effet, à convaincre un employé d’un hôtel de lui donner la clé de la chambre de la jeune femme. Il s’y était introduit alors qu’elle était plongée dans son sommeil. Il a essayé de l’agresser, mais elle a réussi à se défendre.
La nouvelle de son arrestation a été largement rapportée dans les médias américains et libanais. Elle a surtout suscité une vague de réactions sur les réseaux sociaux notamment parmi les Libanais. C’est que Marwan Habib est un récidiviste bien connu. Les histoires de ses victimes sont nombreuses et certaines d’entre elles remontent à 2009, d’après les témoignages poignants partagés en ligne sur des pages telles que "pervsoflebanon".
Georges connaît bien l’histoire de Marwan. "Toutes les filles de Beyrouth peuvent témoigner du harcèlement qu’il exerçait sur elles : de Hamra, à Zaytouna Bey en passant par Badaro, la rue Bliss, Mar Mikhaël…", raconte-t-il à Ici Beyrouth.
"Il se mettait nu devant la baie vitrée de son appartement", se souvient Nisrine. Marwan avait loué un appartement dans son immeuble. "Un jour, mon mari et moi avons tapé à sa porte pour lui demander de baisser la musique, se souvient-elle. Il nous a ouvert tout nu, avec un sourire sadique aux lèvres. Quand j’y pense, j’ai encore des frissons." Nisrine souligne que "certains voisins entendaient les hurlements et les gémissements de femmes en provenance de son appartement".
Des années après les faits et maintenant que celui dont elles essayaient d’effacer le nom et le visage de leur mémoire est sous les verrous, certaines jeunes femmes acceptent de partager leurs mésaventures avec ce trentenaire. Toutes ne le dépeignent pas cependant comme un monstre, mais comme quelqu’un qui dérange.
Randa a rencontré Marwan Habib à Zaytouna Bey. "Il m’avait poursuivie, quand même j’avais refusé ses avances, raconte-t-elle. C’est un jeune homme attirant. Il insistait, tout en restant poli. Lorsque j’ai accepté de prendre un verre avec lui, en me disant qu’il me laissera tranquille après, j’ai remarqué qu’il y avait quelque chose d’anormal chez lui. Je n’ai plus entendu parler de lui par la suite."
D’autres n’ont pas eu la chance de Randa. En 2019, une personne poste la photo de Marwan Habib sur Twitter avec le commentaire suivant: "Partagez cette photo, rappelez-vous de son visage, cet homme est un violeur, il agresse les femmes au Liban."
"Il m’a suivie jusque dans la douche après mon cours de boxe", "C’est un violeur. Il a caché mes clés. J’ai crié et il n’a pas bougé un muscle! J’ai toute une histoire dont je ne veux pas me souvenir. Il m’a traumatisée", "Il m’a agressée dans l’ascenseur quand j’avais 17 ans. Il m’avait attrapé par le poignet. Heureusement que j’ai réussi à sortir avant que ce ne soit trop tard"… les témoignages sur les agissements de ce récidiviste font légion sur les réseaux sociaux.
Absence de lois
Les victimes des "avances" verbales et physiques de Marwan Habib ont entre 15 et 40 ans. Leurs histoires se multiplient en ligne, notamment sur les plateformes anonymes créées au Liban pour pallier à un système judiciaire défaillant, qui n’assure pas toujours aux femmes la protection dont elles ont besoin, notamment dans des situations pareilles.
Son portrait et son nom figurent sur les pages destinées à dénoncer les harceleurs et les violeurs. Il y a deux ans, une pétition avait été lancée pour que Marwan Habib soit traduit en justice. Cent signatures sont demandées mais seulement 37 ont pu être collectées. C’est dire à quel point les femmes ont peur de sortir de l’anonymat. Pour beaucoup, les agressions sexuelles sont un sujet tabou.
Malgré de nombreux témoignages, des plaintes déposées contre lui, une arrestation de 48 heures dans un poste de gendarmerie à Beyrouth et une tentative de poursuite en justice, Marwan Habib a réussi à éviter la prison au Liban, pour deux raisons principales. Il aurait bénéficié d’une couverture politique, grâce à laquelle il avait pu par exemple sortir du poste de gendarmerie et réussi à éviter la prison, jusqu’à son départ aux États-Unis. Malheureusement, cette information n’a pas pu être vérifiée et reste au stade de rumeur.
Sur le plan judiciaire, Marwan Habib a pu bénéficier de l’absence d’une loi anti-harcèlement sexuel, alors que conformément au code pénal, les atteintes à la pudeur et les agressions, quelles que soient leur nature, sont sanctionnées au Liban. Une loi pénalisant le harcèlement sexuel a été adoptée beaucoup plus tard, en décembre 2020.
Le trentenaire s’était entre-temps installé aux États-Unis. Il avait également changé son pseudo sur les réseaux sociaux, adoptant celui de "Cliff_canyon". Il postait sur Instagram des photos quelque peu exhibitionnistes et érotiques.
Poursuivi au Liban…
Mardi, le bureau du procureur général près la cour de cassation a rejeté dans un communiqué les critiques relayées dans les médias au sujet du laxisme des autorités judiciaires, en dépit des plaintes déposées contre cet homme. Rappelant que le procureur général près la cour d’appel a supervisé l’enquête préliminaire, le texte souligne que "conformément à la loi libanaise, les arrestations provisoires sont interdites pour des crimes de harcèlement sexuel dont la sanction ne dépasse pas un an d’emprisonnement". Le texte rappelle aussi que Marwan Habib avait déjà été "arrêté à Beyrouth 48 heures durant dans le cadre de l’enquête préliminaire, qu’il a fait l’objet d’un mandat d’amener après avoir refusé de se présenter à l’audience fixée dans le cadre de l’enquête, qu’une plainte contre lui est déposée devant le juge unique pénal et qu’il est poursuivi pour des actes similaires par le parquet près la cour d’appel au Mont-Liban".
Toujours est-il que rien n’a été entrepris pour le contraindre à comparaître devant les autorités compétentes. La justice, c’est aux États-Unis, que ses victimes libanaises l’ont trouvé grâce à la procédure lancée contre Marwan Habib par un tribunal de Floride.
Au Liban, cette affaire a surtout mis en relief les failles des lois libanaises, dépassées ou patriarcales, malgré les tentatives de certains de les moderniser, à l’instar de ce que Ghassan Moukheiber avait fait. Ce processus se heurte souvent à des retards, les textes concernant la sécurité ou le statut des femmes n’étant pas considérés comme prioritaires, et impacte le comportement des agents de l’ordre. Plusieurs jeunes filles qui ont appelé la police suite à une agression de Marwan Habib ont reproché à celle-ci de n’avoir pas réagi, du moins pour donner suite aux témoignages de ses victimes qui alertaient sur un comportement "anormal". Le nombre de témoignages selon lesquels M. Habib est "dérangé" et "pas normal" est important. Même les victimes américaines ont pointé du doigt un comportement anormal.
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