La dernière scène d’Aimée Boulos

Je me souviens de son sourire lorsqu’elle m’a reçue la première fois dans son bureau. J’avais 18 ans et je rêvais d’art en Technicolor. Je découvrais grâce à elle le monde du cinéma et du théâtre. J’entrais en scène pour faire partie de cette cinquième promotion de l’IESAV.
Notre directrice avait la bienveillance des femmes qui savent aimer. Aimée était son prénom. Et elle le portait si bien ! Elle a donné vie à nos rêves. Et de nos rêves s’est réalisé tout cet art.
Il fut un temps où la technologie faisait ses preuves et où les grands écrans ne faisaient pas encore compétition avec les tablettes. Nous découvrions le septième art et nous faisions du théâtre, de la télévision, de la photographie, de la mise en scène… et c’était peu dire. À cette époque l’IESAV était encore à la rue Huvelin et Madame Boulos y régnait.
Ce n’est pas pour rien que nous, les anciens, répétons toujours que rien n’est pareil depuis cette époque.
Avec sa grâce et sa finesse, sa gentillesse et son humour, elle surveillait nos projets comme de petits enfants qu’elle protégeait et, mieux encore, elle mettait en scène toutes les folies d’un bâtiment. Entre les coups de foudre (et de théâtre) de nos professeurs, grands artistes de leur espèce, et nos impulsions de jeunes adultes qui découvraient les aléas de ce métier, toute la cinématographie était mise en jeu, dans ce grand spectacle de la vie.
Je revois, 25 ans plus tard, avec nostalgie, ces années si denses et si riches. Les plus belles années de nos vies.

Et puis… même après le diplôme, la belle dame ne nous a jamais quittés. Elle savait être toujours présente durant tous nos parcours personnels et professionnels. Mariages, naissances et carrières d’artistes. Elle était là, discrète et élégante. Sa mémoire ne cessera de nous réunir.
Madame Boulos était ce pilier d’amour et d’encouragement qui lisait tous mes textes, qui admirait toutes mes toiles et qui me souriait encore à travers les années. Elle me disait sa fierté. Je lui disais ma reconnaissance. Cette grande dame du Liban, cette femme humble et solide, officière des insignes des palmes académiques et de l’ordre des arts et des lettres, ce visage si doux, cette maman de l’art.
Aimée Boulos tu es partie vers un monde meilleur, mais nous, tes « habibétés », nous ne t’oublierons pas.
Tu resteras à jamais dans nos cœurs, chère Madame Boulos.
Zeina Nader. IESAV. Promotion 1997
www.zeinanader.com
@zeinanader_art
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