©Banque du Liban
La Banque centrale aura un rôle clé à jouer dans tout projet de sortie de crise, quelle que soit son orientation. Mais pour pouvoir jouer ce rôle, il faut qu’elle acquiert une force qu’elle a partiellement perdue. En voilà une piste pour atteindre cet objectif.
La stratégie envisagée dès le début de la crise par l’Association des banques (ABL) préconise l’établissement d’un fonds regroupant des institutions et biens de l’État, d’une valeur de 40 milliards de dollars, qui demeurerait la propriété de l’État mais émettrait des obligations de dette en faveur de la Banque centrale (BDL). Cela lui permettrait, relève l’ABL, de régler les montants qu’elle doit aux banques. Hormis le fait que je ne pense pas que cette solution soit la meilleure, elle requiert de repenser la BDL. Toute autre solution à travers laquelle la BDL doit jouer un rôle de premier plan nécessite aussi qu’elle soit renflouée et restructurée.
Il s’agit en fait pour la BDL de se réorganiser pour attirer des dollars de l’étranger, et de servir de levier financier pour une reprise de confiance dans le système financier. Le déficit est énorme, car la BDL doit aux banques des dizaines de milliards de dollars (issus des dépôts), et c’est là que réside le plus grand problème.
Pour faire face à ces problèmes et pour que la BDL puisse repayer aux banques ces dizaines de milliards de dollars qu’elle leur doit à échéance, il s’agit de sauver la BDL. Comment le faire ?
1- Convertir sa structure en une ‘’mutualité’’ qui s’inspire de la Banque nationale suisse. La BDL devrait s’orienter dans cette direction à travers l’ouverture de son capital à la diaspora libanaise et aux étrangers qui seraient intéressés par ce placement. Les profits d’un tel placement proviendraient du droit de seigneuriage qui est propre aux banques centrales, par lequel elles se garantissent un profit en émettant la monnaie locale, en prêtant aux banques, en empruntant à un taux plus avantageux, et en gardant des dépôts non rémunérés. Les actions de la BDL seraient cotées en Bourse comme en Suisse, ce qui donne des liquidités aux détenteurs de ces actions. La BDL échangerait aussi une partie de ce qu’elle doit aux banques par des actions préférentielles dans son capital, toujours traitées en Bourse, comme c’est le cas en Suisse. Cela assurerait aux banques qu’elles recevraient les premiers profits de la BDL et améliorerait leur crédibilité vis-à-vis des banques correspondantes.
2- En échange d’une partie des fonds que l’État doit à la BDL (bons du Trésor, eurobons, prêts à l’EDL…), l’État octroierait des biens à la BDL en terrains, en immeubles et une participation dans certaines institutions, qu’elle gérerait mieux que l’État, et qui renflouerait ses pertes, lui permettant de donner des garanties crédibles aux banques centrales et États étrangers amis afin qu’ils déposent auprès d’elle des dollars à moyen terme.
3- En exécutant les deux suggestions ci-dessus, la BDL s’adresserait alors aux institutions étrangères mixtes dont le rôle est de financer et d’encourager les exportations de leur propre pays, telles que la Coface en France, OPIC aux USA, SACE en Italie, pour leur proposer les garanties d’une BDL ainsi renforcée, afin qu’elles financent les exportations de leurs produits vers le Liban, évitant ainsi à la BDL d’utiliser ses propres réserves. Cette formule réduirait de beaucoup son besoin en devises.
4- La BDL ainsi renforcée et crédibilisée assurerait des lignes de crédit de l’étranger en octroyant des garanties sur les biens spécifiques que l’État lui aurait cédées en contrepartie de ses dettes.
5- La BDL soutient activement une loi au Parlement exigeant le rapatriement des fonds transférés ou retirés en cash depuis le 25 octobre. Cela renflouerait les devises étrangères dans le système de quelque 6 milliards de dollars et renforcerait les banques.
6- La BDL, dans sa nouvelle structure, arrêterait de financer les déficits de l’État et tous les secteurs économiques, réduisant ses risques de pertes supplémentaires.
7- La BDL doit s’abstenir de tout ‘’mismatching’’ de monnaies qui consiste, par exemple, à recevoir l’argent des banques déposé auprès d’elle en dollars pour les prêter à son tour en livres libanaises à l’État.
8- La BDL devra suivre une gestion prudente, une indépendance sans faille ainsi qu’une habileté à refuser les pressions des politiques, ce qui n’est pas facile au Liban. Elle a besoin d’une première injection de fonds par le FMI ou des projets de BOT ou de la CEDRE. Elle redonnera confiance dans notre système financier et verra une injection dans l’économie de 5 milliards de dollars accumulés dans les foyers des particuliers. Elle stabilisera les banques, une fois partiellement recapitalisées, et protégera les dépôts qui pourront être libérés progressivement dans la monnaie dans laquelle ils ont été déposés. Il y va de l’intérêt du Liban et de son peuple.
(*) Habib Zoghbi est le président honoraire des diplômés de Harvard au Liban ; il est aussi ancien banquier à JPMorgan à Wall Street.
La stratégie envisagée dès le début de la crise par l’Association des banques (ABL) préconise l’établissement d’un fonds regroupant des institutions et biens de l’État, d’une valeur de 40 milliards de dollars, qui demeurerait la propriété de l’État mais émettrait des obligations de dette en faveur de la Banque centrale (BDL). Cela lui permettrait, relève l’ABL, de régler les montants qu’elle doit aux banques. Hormis le fait que je ne pense pas que cette solution soit la meilleure, elle requiert de repenser la BDL. Toute autre solution à travers laquelle la BDL doit jouer un rôle de premier plan nécessite aussi qu’elle soit renflouée et restructurée.
Il s’agit en fait pour la BDL de se réorganiser pour attirer des dollars de l’étranger, et de servir de levier financier pour une reprise de confiance dans le système financier. Le déficit est énorme, car la BDL doit aux banques des dizaines de milliards de dollars (issus des dépôts), et c’est là que réside le plus grand problème.
Pour faire face à ces problèmes et pour que la BDL puisse repayer aux banques ces dizaines de milliards de dollars qu’elle leur doit à échéance, il s’agit de sauver la BDL. Comment le faire ?
1- Convertir sa structure en une ‘’mutualité’’ qui s’inspire de la Banque nationale suisse. La BDL devrait s’orienter dans cette direction à travers l’ouverture de son capital à la diaspora libanaise et aux étrangers qui seraient intéressés par ce placement. Les profits d’un tel placement proviendraient du droit de seigneuriage qui est propre aux banques centrales, par lequel elles se garantissent un profit en émettant la monnaie locale, en prêtant aux banques, en empruntant à un taux plus avantageux, et en gardant des dépôts non rémunérés. Les actions de la BDL seraient cotées en Bourse comme en Suisse, ce qui donne des liquidités aux détenteurs de ces actions. La BDL échangerait aussi une partie de ce qu’elle doit aux banques par des actions préférentielles dans son capital, toujours traitées en Bourse, comme c’est le cas en Suisse. Cela assurerait aux banques qu’elles recevraient les premiers profits de la BDL et améliorerait leur crédibilité vis-à-vis des banques correspondantes.
2- En échange d’une partie des fonds que l’État doit à la BDL (bons du Trésor, eurobons, prêts à l’EDL…), l’État octroierait des biens à la BDL en terrains, en immeubles et une participation dans certaines institutions, qu’elle gérerait mieux que l’État, et qui renflouerait ses pertes, lui permettant de donner des garanties crédibles aux banques centrales et États étrangers amis afin qu’ils déposent auprès d’elle des dollars à moyen terme.
3- En exécutant les deux suggestions ci-dessus, la BDL s’adresserait alors aux institutions étrangères mixtes dont le rôle est de financer et d’encourager les exportations de leur propre pays, telles que la Coface en France, OPIC aux USA, SACE en Italie, pour leur proposer les garanties d’une BDL ainsi renforcée, afin qu’elles financent les exportations de leurs produits vers le Liban, évitant ainsi à la BDL d’utiliser ses propres réserves. Cette formule réduirait de beaucoup son besoin en devises.
4- La BDL ainsi renforcée et crédibilisée assurerait des lignes de crédit de l’étranger en octroyant des garanties sur les biens spécifiques que l’État lui aurait cédées en contrepartie de ses dettes.
5- La BDL soutient activement une loi au Parlement exigeant le rapatriement des fonds transférés ou retirés en cash depuis le 25 octobre. Cela renflouerait les devises étrangères dans le système de quelque 6 milliards de dollars et renforcerait les banques.
6- La BDL, dans sa nouvelle structure, arrêterait de financer les déficits de l’État et tous les secteurs économiques, réduisant ses risques de pertes supplémentaires.
7- La BDL doit s’abstenir de tout ‘’mismatching’’ de monnaies qui consiste, par exemple, à recevoir l’argent des banques déposé auprès d’elle en dollars pour les prêter à son tour en livres libanaises à l’État.
8- La BDL devra suivre une gestion prudente, une indépendance sans faille ainsi qu’une habileté à refuser les pressions des politiques, ce qui n’est pas facile au Liban. Elle a besoin d’une première injection de fonds par le FMI ou des projets de BOT ou de la CEDRE. Elle redonnera confiance dans notre système financier et verra une injection dans l’économie de 5 milliards de dollars accumulés dans les foyers des particuliers. Elle stabilisera les banques, une fois partiellement recapitalisées, et protégera les dépôts qui pourront être libérés progressivement dans la monnaie dans laquelle ils ont été déposés. Il y va de l’intérêt du Liban et de son peuple.
(*) Habib Zoghbi est le président honoraire des diplômés de Harvard au Liban ; il est aussi ancien banquier à JPMorgan à Wall Street.
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