La réalisatrice Caroline Vignal, souhaitant illustrer la manière dont les hommes peuvent s'immiscer dans la vie des femmes après 45 ans, présente son œuvre près de trois ans après le triomphe d'Antoinette dans les Cévennes. Elle revient avec une protagoniste résolue à revigorer sa vie intime. Iris et les hommes, troisième long-métrage de Vignal, fut dévoilé en compétition lors du Festival du film francophone d'Angoulême qui se déroule jusqu'au dimanche 27 août.
L'intrigue centre sur Iris – interprétée par Laure Calamy, qui avait également interprété Antoinette dans Antoinette dans les Cévennes –, mère de deux enfants et épouse, dont la vie semble harmonieuse, n'était-ce l'absence de toute intimité au sein de son union.
Se percevant comme «une femme gelée» – en référence au titre d'une œuvre d'Annie Ernaux, lauréate du prix Nobel 2022, qu'elle parcourt chaque soir –, cette quadragénaire décide de prendre des mesures audacieuses en s'aventurant sur des applications de rencontres. Son dessein est clair: éveiller le désir latent en elle pour revitaliser sa vie conjugale.
Le film s'inspire en partie de faits authentiques. «Il y a quelques années, une amie m'a confié s'être aventurée sur une application de rencontres. Son récit était absolument sidérant, évoquant un univers parallèle où les hommes abondaient», confie la réalisatrice lors d'un entretien avec l'AFP.
La gestation du film fut longue, car, selon Vignal, «il était essentiel que le public adhère à cette femme qui, sans éprouver d'amour pour ses partenaires, s'unit à eux par pure envie, un sujet rarement exploré à l'écran».
Grâce à Laure Calamy, figure emblématique de la série Dix pour cent, Vignal espère avoir surmonté ce défi. «Laure possède cette authenticité, ce charme de “la fille d'à côté”. Cela peut sembler banal, mais c'est précisément ce qui permet au public de s'identifier à elle», affirme la réalisatrice.
L'œuvre, rythmée et humoristique, est ponctuée de séquences de comédies musicales. Notamment une scène où Iris entonne It's raining men, chanson rendue de nouveau populaire par l'ex-Spice Girl, Geri Halliwell, au début des années 2000.
Vincent Elbaz, qui incarne le mari mystérieux d'Iris, commente: «Ce qui m'a séduit dans le scénario, c'est cette inversion des rôles. Attitude habituellement réservée aux personnages masculins, c'est ici une femme qui vit librement son désir.»
Pour Caroline Vignal, mettre en lumière des héroïnes, de leurs désirs à leurs préoccupations quotidiennes, a toujours été central. Toutefois, elle évoque un premier film, Les autres filles, comme une expérience «traumatisante», qui l'a éloignée de la réalisation pendant 20 ans, jusqu'à Antoinette dans les Cévennes.
À Angoulême, sur les onze films en compétition, sept sont l'œuvre de réalisatrices. «Les paradigmes évoluent, néanmoins je ressens toujours la présence d'un plafond de verre pour les femmes», déclare Vignal. Elle ajoute, avec une pointe d'ironie: «Je m'interroge sur cette apparente progression des femmes dans un domaine où les hommes se tournent peut-être vers d'autres horizons, tels que les jeux vidéo. Ma satisfaction reste donc mesurée.»
Avec AFP.
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