©Vue générale d’une forêt à Qobeyyate dans le Akkar. ©Anwar Amro/AFP
Dans le nord boisé du Liban, la hausse des températures, les pénuries d’eau et les incendies de forêt récurrents s’ajoutent aux inquiétudes des habitants, déjà aux prises avec une grave crise économique qui éclipsait les problèmes climatiques.
«Je n’ai jamais connu une telle chaleur. (...) Nous avons perdu une partie des récoltes», déclare Abdallah Hammoud, dans sa ferme nichée au milieu de collines verdoyantes. Cet homme de 60 ans cultive de tout, des tomates aux figues, dans les environs de la localité de Qobeyyate, près de la frontière avec la Syrie, dans la région du Akkar. Là-bas, l’État peine à fournir des services de première nécessité, notamment un approvisionnement régulier en eau courante. Ce fermier dépend d’une source voisine pour l’irrigation, mais il affirme que l’eau disponible diminue. «Nous ne pouvons pas (apporter par camion) de l’eau ici tous les jours, ni pour les récoltes ni pour la maison, confie M. Hammoud. Si l’eau venait à manquer, nous devrions partir.»
Les précipitations pour l’année ont été inférieures à la moyenne, indique à l’AFP Mohamad Kanj, du service de météorologie à l’aéroport de Beyrouth. Selon lui, l’épisode caniculaire de 13 jours en août a été «le plus sévère jamais enregistré en termes de nombre de jours, de superficie touchée et de températures».
Un rapport publié l’année dernière par l’Université américaine de Beyrouth a notamment révélé que la région du Akkar, une des plus défavorisées du Liban avant que le pays ne plonge dans une crise économique sans précédent en 2019, avait une résilience faible à modérée au changement climatique.
Abdallah Hammoud travaillant son terrain dans un village du Akkar. ©Anwar Amro/AFP
Pas un luxe
En 2021, des incendies dévastateurs ont fait rage près de Qobeyyate, région densément boisée. Un adolescent de 15 ans qui tentait d’aider à combattre les sinistres a été tué. «Les incendies nous ont beaucoup affectés. On a eu peur pour nos vies», confie Najla Chahine, une ancienne enseignante de 58 ans. «À présent, il y a une plus grande prise de conscience» du risque d’incendie, poursuit-elle, soulignant que les habitants devaient se mobiliser davantage pour l’environnement car «l’État est absent».
Son fils Sami, 13 ans, qui participait avec elle à une randonnée dans le cadre d’un festival local mêlant environnement et cinéma, affirme avoir essayé de «sensibiliser le plus possible» ses amis aux questions environnementales. Les randonneurs ont traversé plusieurs sources locales, l’une réduite à un simple filet, une autre totalement à sec.
Antoine Daher, président du Conseil de l’environnement à Qobeyyate, une ONG, impute le manque d’eau aux pluies insuffisantes et à la forte demande en eau, exhortant la population à réduire sa consommation. Malgré la crise économique, «l’environnement ne doit pas être considéré comme un luxe», déclare M. Daher.
Saison des incendies
Son association a créé la première tour de guet anti-incendie au Liban il y a environ 25 ans. D’autres groupes se mobilisent également dans la région contre les incendies de forêt, comme l’association Akkar Trail. «Nous sommes actuellement au plus fort de la saison des incendies», explique le fondateur de cette association, Khaled Taleb, en formant en pleine nature un groupe de bénévoles à combattre les incendies, récurrents au cours des dernières années.
La région du Akkar est couverte de 200 km2 de forêts et abrite 73 des 76 types d’arbres différents que compte le Liban, selon M. Taleb. Des incendies dévastateurs en 2021, près de Qobeyyate, «ont détruit plus de 1.800 hectares», souligne-t-il, ajoutant que l’accès à l’eau constitue un problème majeur pour son équipe.
Dans le Akkar le flanc d’une colline dévasté par des incendies. ©Anwar Amro/AFP
En octobre 2019, l’incapacité du gouvernement à contenir des incendies de forêt dévastateurs avait été l’un des déclencheurs du mouvement de contestation populaire du 17 octobre.
Le Liban «n’a pas les capacités logistiques pour faire face à un énorme incendie», affirme M. Taleb, dont le groupe travaille en coopération avec la défense civile et d’autres secouristes. Mais il se dit optimiste quant à la mobilisation de la communauté locale: «On n’est pas nés pompiers, mais notre priorité désormais est de protéger la forêt contre tout danger.»
Lisa Golden / AFP
«Je n’ai jamais connu une telle chaleur. (...) Nous avons perdu une partie des récoltes», déclare Abdallah Hammoud, dans sa ferme nichée au milieu de collines verdoyantes. Cet homme de 60 ans cultive de tout, des tomates aux figues, dans les environs de la localité de Qobeyyate, près de la frontière avec la Syrie, dans la région du Akkar. Là-bas, l’État peine à fournir des services de première nécessité, notamment un approvisionnement régulier en eau courante. Ce fermier dépend d’une source voisine pour l’irrigation, mais il affirme que l’eau disponible diminue. «Nous ne pouvons pas (apporter par camion) de l’eau ici tous les jours, ni pour les récoltes ni pour la maison, confie M. Hammoud. Si l’eau venait à manquer, nous devrions partir.»
Les précipitations pour l’année ont été inférieures à la moyenne, indique à l’AFP Mohamad Kanj, du service de météorologie à l’aéroport de Beyrouth. Selon lui, l’épisode caniculaire de 13 jours en août a été «le plus sévère jamais enregistré en termes de nombre de jours, de superficie touchée et de températures».
Un rapport publié l’année dernière par l’Université américaine de Beyrouth a notamment révélé que la région du Akkar, une des plus défavorisées du Liban avant que le pays ne plonge dans une crise économique sans précédent en 2019, avait une résilience faible à modérée au changement climatique.
Abdallah Hammoud travaillant son terrain dans un village du Akkar. ©Anwar Amro/AFP
Pas un luxe
En 2021, des incendies dévastateurs ont fait rage près de Qobeyyate, région densément boisée. Un adolescent de 15 ans qui tentait d’aider à combattre les sinistres a été tué. «Les incendies nous ont beaucoup affectés. On a eu peur pour nos vies», confie Najla Chahine, une ancienne enseignante de 58 ans. «À présent, il y a une plus grande prise de conscience» du risque d’incendie, poursuit-elle, soulignant que les habitants devaient se mobiliser davantage pour l’environnement car «l’État est absent».
Son fils Sami, 13 ans, qui participait avec elle à une randonnée dans le cadre d’un festival local mêlant environnement et cinéma, affirme avoir essayé de «sensibiliser le plus possible» ses amis aux questions environnementales. Les randonneurs ont traversé plusieurs sources locales, l’une réduite à un simple filet, une autre totalement à sec.
Antoine Daher, président du Conseil de l’environnement à Qobeyyate, une ONG, impute le manque d’eau aux pluies insuffisantes et à la forte demande en eau, exhortant la population à réduire sa consommation. Malgré la crise économique, «l’environnement ne doit pas être considéré comme un luxe», déclare M. Daher.
Saison des incendies
Son association a créé la première tour de guet anti-incendie au Liban il y a environ 25 ans. D’autres groupes se mobilisent également dans la région contre les incendies de forêt, comme l’association Akkar Trail. «Nous sommes actuellement au plus fort de la saison des incendies», explique le fondateur de cette association, Khaled Taleb, en formant en pleine nature un groupe de bénévoles à combattre les incendies, récurrents au cours des dernières années.
La région du Akkar est couverte de 200 km2 de forêts et abrite 73 des 76 types d’arbres différents que compte le Liban, selon M. Taleb. Des incendies dévastateurs en 2021, près de Qobeyyate, «ont détruit plus de 1.800 hectares», souligne-t-il, ajoutant que l’accès à l’eau constitue un problème majeur pour son équipe.
Dans le Akkar le flanc d’une colline dévasté par des incendies. ©Anwar Amro/AFP
En octobre 2019, l’incapacité du gouvernement à contenir des incendies de forêt dévastateurs avait été l’un des déclencheurs du mouvement de contestation populaire du 17 octobre.
Le Liban «n’a pas les capacités logistiques pour faire face à un énorme incendie», affirme M. Taleb, dont le groupe travaille en coopération avec la défense civile et d’autres secouristes. Mais il se dit optimiste quant à la mobilisation de la communauté locale: «On n’est pas nés pompiers, mais notre priorité désormais est de protéger la forêt contre tout danger.»
Lisa Golden / AFP
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