Il ne fait aucun doute que la phase actuelle de décomposition et de régression que traverse le Liban est une période sombre en contraste avec notre grande Histoire. Dans le passé, notre pays a montré qu’il était capable de surmonter des épreuves difficiles en s’unissant autour d’une vision commune et je veux croire que c’est toujours le cas. Pour moi, et la société civile à laquelle j’appartiens, cette vision doit s’appuyer sur les principes et l’éthique du chéhabisme: le respect de la souveraineté nationale, le non-alignement, la bonne gouvernance et la transparence.
En 1963, le Liban, avec son économie florissante et ses relations diplomatiques solides, était classé comme le quatrième pays le plus prospère du monde par habitant. C’est cette image que nous voulons pour le Liban, un pays qui sortira de sa crise pour reprendre son rôle de premier plan sur la scène arabe et internationale. Bien que la situation actuelle semble désespérée pour beaucoup, le pays peut se relever de cette crise à condition de mener une politique déterminée de redressement avec une volonté indéfectible.
L’application des recommandations qui nous ont été proposées par la communauté internationale avec le soutien des pays arabes, de la France et des États-Unis pourraient constituer, à court terme, des solutions adéquates et durables pour le redressement de notre situation socioéconomique.
Ensuite, pour concrétiser cet objectif sur le moyen et long terme, il est indispensable de développer une politique globale, un programme d’action économique, financier, social et éducatif s’articulant autour des 10 points suivants que je propose comme nouveau pacte national. Notre pays le mérite.
1 – La mise en œuvre de l’accord de Taëf
La mise en œuvre de la Constitution libanaise basée sur l’accord de Taëf est urgente, malgré le besoin de certaines modifications constitutionnelles. Le vide politique actuel doit être comblé pour que nos institutions puissent fonctionner correctement. L’échec de la classe politique indique qu’elle n’est pas capable de réaliser les changements nécessaires. De nouvelles lois électorales doivent être instaurées pour établir une classe politique représentative des aspirations des Libanais dans leurs diversités.
2 – Ramener le Liban à sa position politique arabe et lancer un vaste programme de bon voisinage
Le Liban a toujours été un défenseur des droits de l’homme et de la liberté. Le programme de bon voisinage vise à renforcer les relations du Liban avec les pays arabes dans de nombreux domaines comme l’économie, la politique, la santé et l’éducation. Ce programme sera fondé sur des principes de démocratie, de droits de l’homme, d’État de droit, de sécurité et de stabilité.
3 – Proposition d’un système de neutralité
Pour consolider la souveraineté du Liban et garantir son unité et sa stabilité, un système de neutralité doit être mis en place. Cela évitera qu’une faction armée prenne le contrôle de l’État et puisse menacer ses voisins. Cette neutralité permettra également au Liban de jouer un rôle de médiateur dans les conflits régionaux et internationaux, sans être entraîné dans des alliances ou des axes politiques.
4 – Élaboration d’un plan économique et financier intégré
Un groupe de travail national composé d’économistes libanais reconnus pour leurs compétences de premier plan élaborera un plan économique et financier. Ce plan reposera sur un système économique libre et encouragera une privatisation prudente, tout en garantissant l’équité sociale. Le secteur bancaire sera restructuré pour regagner la confiance du peuple libanais. Le but est de créer un environnement propice aux investissements, à la fois libanais et étrangers, tout en mettant à jour les lois et réglementations financières.
5 – Investir dans le potentiel de la jeunesse
Les jeunes représentent l’avenir du Liban. Leur potentiel intellectuel, scientifique et culturel doit être cultivé à travers des initiatives comme des centres de recherche et des incubateurs de start-up technologiques. Leur engagement actif est essentiel pour moderniser l’administration et revitaliser les divers secteurs économiques.
6 – Prioriser l’éducation et la santé
L’éducation doit être accessible à toutes les classes sociales, et le système éducatif doit être revu et amélioré. Dans le secteur de la santé, il est crucial de restaurer la réputation du Liban en tant qu’Hôpital «de l’Orient» et d’améliorer l’accès aux soins médicaux et aux médicaments pour tous.
7 – Soutenir les secteurs productifs
L’industrie, l’agriculture, le tourisme et les services sont les piliers de l’économie libanaise. Les soutenir contribuera à l’augmentation des exportations et des revenus en devises étrangères, et améliorera la qualité de vie. Des projets d’infrastructure, notamment dans les énergies renouvelables, dans la gestion de l’eau, sont nécessaires pour soutenir ces secteurs.
8 – Exploitation des ressources offshore
L’exploitation responsable des ressources pétrolières et gazières peut dynamiser l’économie et créer de nouveaux emplois, à condition qu’un fonds souverain soit établi pour gérer ces ressources de manière durable.
9 – Réajustement des salaires, lutte contre la corruption et amélioration des services publics
Les salaires doivent être ajustés en fonction du coût réel de la vie, alors que les services publics de base comme l’électricité, l’eau, les transports publics et les soins de santé doivent être non seulement améliorés, mais alignés sur les standards internationaux. Ce changement ne sera possible qu’avec la reconstruction d’une administration moderne dans l’esprit direct du chéhabisme, loin de la corruption, pour une administration efficace dans un climat politique stable.
10 – Création d’un fonds souverain
Ce fonds, soutenu par la diaspora libanaise, visera à faire du Liban un pôle scientifique et technologique pour le Moyen-Orient. Il financera des projets technologiques de pointe et favorisera le partenariat avec des projets similaires dans des pays développés.
En conclusion, ces dix points constituent une vision intégrée pour sortir le Liban de sa crise actuelle. Ils visent à rétablir la confiance à différents niveaux: confiance dans l’État et ses institutions, confiance de la communauté internationale et des pays arabes et, surtout, confiance des jeunes Libanais en leur propre pays.
* Président de MEDURABLE
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