Est-ce un mauvais rêve?
Depuis cette horrible maladie… c’est comme si je vivais dans un monde parallèle où toi tu allais mourir et moi je restais là, impuissante, où on t’opérait encore, et moi je te faisais mes adieux… où jour après jour, je sentais que je vivais avec ton spectre qui te ressemblait de moins en moins.
Dans un monde parallèle, horrible et laid, fait de cris et de peines, de douleurs et de souffrances, tu es partie trop tôt, me laissant seule, perdue, désemparée et triste. La vie, la vraie vie, on s’était promises de la croquer à pleines dents. Tous nos voyages, nos fêtes, nos fous rires, resteront gravés dans ma mémoire et dans mes yeux. Je ne garderai que ça ! Quand, au restaurant, il nous arrivait de voir deux vieilles femmes ensemble, on riait, complices, en nous projetant dans l’avenir, nous disant que c’était nous dans quelques années.
Mon amie, ma sœur, ma jumelle! Ta vie a pourtant ressemblé parfois à ce monde parallèle contre lequel tu as lutté de toutes tes forces. Tu as lutté, courageuse et téméraire, contre la maladie qui a aussi emporté ton père puis ton frère, partis tous les deux trop tôt. Tu as lutté contre la puissance des ténèbres qui s'acharnaient sur toi, te volant cette fois l’amour de ta vie, l’épaule qui t'offrait enfin la paix tant recherchée.
Mon amie, ma sœur, ma jumelle! Tu as tant souffert, et je t'ai vu femme de fer et d’airain, lutter avec tes griffes et ta force herculéenne… gagnant toutes les guerres face à l’ennemi et tu en es sortie encore plus grandie, forte et fière.
"Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort", dit le proverbe. Mais que peut-on dire, que peut-on faire, lorsque l’ennemi cette fois n’est plus en face, mais tapi dans un coin de ton corps s’acharnant à te ronger les tripes ? Cette guerre était donc perdue d’avance, car tu ne voyais pas ton adversaire, il était en toi...
Mais la Dame de fer que tu es ne s’est pas laissée faire. Cet ennemi, tu le regardais en face, tu lui faisais sentir tous les jours que tu n’avais pas peur de lui. Pas un seul jour tu as faibli, pas un seul moment tu as baissé les bras et rendu les armes. Je te voyais, t’observais, et j'étais fière de toi, fière d’être ton amie, ta sœur. Mais te voir si forte, si résolue, me déchirait le cœur et l’âme, car mon impuissance devenait encore plus insupportable.
Un jour, la Dame de fer a tiré sa révérence… et voilà que les deux mondes se sont mélangés. Gisèle, ta force, ta volonté, ta puissance n’ont pas pu cette fois terrasser l’ennemi qui était ton propre corps. Il a eu raison de toi, dame de fer, et t'a emportée.
Va! Libre enfin et éthérée.
Va rejoindre tous ceux que tu aimes, qui t’attendent au paradis.
Et surtout ne souffre plus.
Ni dans ta tête, ni dans ton corps.
Et le soir, quand je regarderai le ciel étoilé, malgré mon chagrin et ma solitude, je sourirai...car dans chaque étoile qui brille je verrai ton sourire et entendrai l’éclat de ton rire…
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