Bassil persona non grata à Strasbourg?

La conférence sur le dossier des réfugiés et migrants syriens, qui devait se tenir aujourd’hui mardi au siège du Parlement européen à Strasbourg, en présence de Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL), à l’invitation de Thierry Mariani, député européen français d’extrême-droite, a été annulée.
À travers cette conférence intitulée «Déplacement de la population syrienne: danger existentiel pour le Liban, menace imminente pour l’Europe», organisée par le groupe parlementaire européen Identité et Démocratie, dont fait partie le Rassemblement national – refonte du Front national de Jean-Marie Le Pen – Gebran Bassil voulait tenter de redorer son blason à l’international. M. Bassil ne voulait cependant pas être uniquement invité par un groupe d’extrême-droite, mais par le Parlement européen. Selon des informations obtenues par Ici Beyrouth de sources parlementaires à Strasbourg, le chef orange aurait fait pression sur des députés des différents groupes parlementaires pour qu’ils se joignent à l’invitation de M. Mariani, en vue de renforcer la légitimité de la conférence et de l’invitation envoyée à l’homme le plus honni du pays du Cèdre. Une tentative ratée qui a eu l’effet inverse et qui a antagonisé plusieurs députés, comme Mme. Loiseau.


Un lobbying qui a également jeté un froid entre Gebran Bassil et le Rassemblement national qui ne voulait plus de sa présence. La guerre à Gaza a été un prétexte pour faire annuler cette conférence.
M. Bassil, personnellement au pouvoir entre 2011 et 2019, ne cesse de reprocher à l’État, à l’armée et aux agences sécuritaires, leur «inaction» selon ses termes. Mais le gendre de l’ancien président de la République – de 2016 à 2022 – a «oublié» que lorsque la guerre en Syrie a débuté et que les premières vagues de réfugiés fuyant la barbarie sanguinaire du régime d’Al-Assad, allié de M. Bassil, sont arrivées, le gouvernement du 8 Mars de l’époque dont il faisait lui-même partie, n’ont rien fait pour organiser la réponse humanitaire et sécuritaire. Bien au contraire, depuis 2011, c’est au mieux une politique de l’autruche qui est appliquée en pensant que les millions de Syriens présents sur le territoire s’évaporeront. Au pire, la question des réfugiés est utilisée par le Hezbollah, allié du CPL, pour pousser le Liban à rompre avec sa position de neutralité positive et à retisser des liens avec Damas et l’axe obstructionniste criminel.
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