©Dalati et Nohra
Saad Hariri, qui envisage de ne pas se présenter aux législatives de mai 2022, tiendra aujourd'hui une série de réunions avec son bloc parlementaire et des cadres de son parti.
En politique, on le sait, rien n'est immuable. Aux dernières nouvelles jeudi soir, le chef du Courant du futur, Saad Hariri, arrivé dans la nuit de mercredi à jeudi à Beyrouth, envisage de ne pas s'engager dans la bataille électorale en prévision des législatives de 2022 et laisserait aux cadres et aux personnalités de son parti le choix de décider s'ils souhaitent ou non prendre part au scrutin. Une décision de principe qui ne semble toutefois pas définitive et qui serait fonction des résultats des consultations qu'il mène au Liban et des développements régionaux.
A l'origine de cette décision, une série de facteurs qui font que l'ancien Premier ministre préfère pour le moment mettre une sourdine à son activité parlementaire sans que cela n'implique forcément son retrait de la vie politique. Parmi ces facteurs, une volonté de faire écho aux revendications d'une majorité populaire qui désavoue la classe politique traditionnelle depuis le soulèvement du 17 octobre 2019. Saad Hariri et ses collègues au sein de ce qu'on appelle désormais le club des anciens Premiers ministres, auraient décidé de ne pas s'engager dans la bataille électorale. On parle de Fouad Siniora, Najib Mikati (Premier ministre actuel) et de Tammam Salam.
Ce dernier a donné le la en annonçant jeudi matin qu'il ne se porte pas candidat à sa propre succession à l’un des sièges sunnites de Beyrouth. Le timing choisi par M. Salam n'est pas anodin. L'ancien Premier ministre a justifié sa décision par « le respect pour les revendications du soulèvement populaire et pour permettre un changement sérieux à la Chambre, en donnant une chance à du sang neuf », au sein d'un Parlement amené à valider des mesures excessivement impopulaires dans le cadre du processus qui devrait être lancé pour sortir le Liban de sa crise financière et économique. Ce qui fait dire à des sources politiques proches de la Maison du centre, que le chef du Courant du futur est favorable à l'entrée au Parlement de technocrates qui représenteront son courant et qui seront susceptibles d'accompagner le plan de redressement que l'Assemblée serait amener à entériner.
Mais d'autres raisons autrement plus importantes motivent la décision haririenne et se rapportent au sentiment de frustration qui s'est emparée du leadership sunnite au fur et à mesure que l'Arabie saoudite prenait ses distances par rapport au Liban, concentrant ses contacts avec notamment les Forces libanaises, dont les relations avec le Futur s'étaient d'ailleurs détériorées depuis que le parti de Samir Geagea s'était abstenu de désigner Saad Hariri pour former le gouvernement en octobre 2020.
Face à la montée en puissance d'un Hezbollah parrainé par l'Iran et qui bénéficie de la couverture chrétienne du camp présidentiel, le leadership sunnite espérait un appui soutenu de ses alliés régionaux traditionnels pour contrer le pouvoir grandissant de la formation pro-iranienne. Vue sous cette angle, la décision des leaders traditionnels sunnites de se retirer de la course parlementaire pourrait être interprétée comme un appel de phare à l'Arabie saoudite avec qui les rapports de Saad Hariri sont pratiquement rompus depuis qu'il s'est rapproché du camp présidentiel, avant sa démission en novembre 2019.
Tout ce tableau peut bien sûr changer dans les deux prochains mois en fonction des développements qui interviendraient au double plan local et régional. Dans ce contexte, une source politique de l'opposition estime qu'en dépit du froid au niveau de ses rapports avec Saad Hariri, l'Arabie saoudite n'accepterait pas un affaiblissement des sunnites au Liban au profit d'une hégémonie totale du camp pro-iranien sur le Liban. De mêmes sources, on n'exclut pas que Riyad pousse vers la constitution d'un front souverainiste dans la perspective des législatives. Celui-ci serait constitué du Courant du futur, des Forces libanaises et du PSP de Walid Joumblatt et engloberait des figures indépendantes de l'opposition. Il y a quelques temps, des informations avaient d'ailleurs circulé sur une médiation menée pour rapprocher le Courant du Futur et les FL.
Quoi qu'il en soit, l'arrivée à Beyrouth de Saad Hariri, est scrutée avec intérêt par l'ensemble de la classe politique. La décision que l'ancien Premier ministre devrait prendre au sujet de sa participation ou non aux prochaines législatives doit normalement inaugurer la saison électorale et permettre aux différentes forces politiques de pouvoir se positionner stratégiquement en fonction des choix qu’il fera.
Le Courant du futur reste la principale force sunnite et ses choix détermineront ainsi de facto ceux des autres partis, notamment de ses adversaires politiques qui n’ont toujours pas scellé leurs alliances, à moins de quatre mois de la date des élections. ( Hariri sous peu à Beyrouth : une nouvelle page politique ? )
Saad Hariri semble toutefois décidé à entretenir le suspense. Selon des sources proches de la Maison du centre, le leader sunnite ne fera pas connaître sa décision avant de se concerter avec les personnalités qui lui sont proches. Dès son arrivée à Beyrouth, il a lancé une batterie de contacts politiques, s’entretenant tour à tour avec le Premier ministre, Najib Mikati, le mufti de la République, Abdel Latif Deriane et le président de la Chambre, Nabih Berry. Selon les mêmes sources, M. Hariri a expliqué à ses interlocuteurs les raisons qui le pousseraient à ne pas se présenter aux prochaines élections.
Le chef du Courant du futur n’a pas fait de déclarations à sa sortie de ses entretiens avec le Premier ministre et le mufti. Son retour était attendu et annoncé depuis plusieurs semaines Un retour considéré déterminant pour son avenir politique et celui de son parti, s’accordait-t-on à souligner de diverses sources concordantes, alors que son absence, depuis qu’il a renoncé à former un gouvernement -en juillet 2021, à cause de l’importance de son conflit avec le président Michel Aoun, et son gendre, Gebran Bassil, chef du CPL, qui l’empêchaient de former un cabinet de technocrates- a alimenté les spéculations à ce sujet. Saad Hariri observait entre-temps un mutisme absolu. Les différents cadres et personnalités de son parti maintenaient à leur tour le flou au sujet de ses plans d’avenir.
Selon certaines informations obtenues par Ici Beyrouth Saad Hariri n’annoncerait ses choix qu’à la veille de la clôture du délai fixé pour le dépôt des candidatures, soit à la fin de mars. Un tel choix s’expliquerait par une volonté de perturber ses adversaires politiques et de prendre le temps d'évaluer à leur juste valeur avec les alliés et les cadres du parti, l’opportunité d’un engagement dans la bataille électorale, ou au contraire, d’un retrait ponctuel et de son impact sur la rue sunnite. Le chef du Courant du futur doit présider à cet effet aujourd'hui, une série de réunions internes pour discuter de l'échéance électorale.
En politique, on le sait, rien n'est immuable. Aux dernières nouvelles jeudi soir, le chef du Courant du futur, Saad Hariri, arrivé dans la nuit de mercredi à jeudi à Beyrouth, envisage de ne pas s'engager dans la bataille électorale en prévision des législatives de 2022 et laisserait aux cadres et aux personnalités de son parti le choix de décider s'ils souhaitent ou non prendre part au scrutin. Une décision de principe qui ne semble toutefois pas définitive et qui serait fonction des résultats des consultations qu'il mène au Liban et des développements régionaux.
A l'origine de cette décision, une série de facteurs qui font que l'ancien Premier ministre préfère pour le moment mettre une sourdine à son activité parlementaire sans que cela n'implique forcément son retrait de la vie politique. Parmi ces facteurs, une volonté de faire écho aux revendications d'une majorité populaire qui désavoue la classe politique traditionnelle depuis le soulèvement du 17 octobre 2019. Saad Hariri et ses collègues au sein de ce qu'on appelle désormais le club des anciens Premiers ministres, auraient décidé de ne pas s'engager dans la bataille électorale. On parle de Fouad Siniora, Najib Mikati (Premier ministre actuel) et de Tammam Salam.
Ce dernier a donné le la en annonçant jeudi matin qu'il ne se porte pas candidat à sa propre succession à l’un des sièges sunnites de Beyrouth. Le timing choisi par M. Salam n'est pas anodin. L'ancien Premier ministre a justifié sa décision par « le respect pour les revendications du soulèvement populaire et pour permettre un changement sérieux à la Chambre, en donnant une chance à du sang neuf », au sein d'un Parlement amené à valider des mesures excessivement impopulaires dans le cadre du processus qui devrait être lancé pour sortir le Liban de sa crise financière et économique. Ce qui fait dire à des sources politiques proches de la Maison du centre, que le chef du Courant du futur est favorable à l'entrée au Parlement de technocrates qui représenteront son courant et qui seront susceptibles d'accompagner le plan de redressement que l'Assemblée serait amener à entériner.
Mais d'autres raisons autrement plus importantes motivent la décision haririenne et se rapportent au sentiment de frustration qui s'est emparée du leadership sunnite au fur et à mesure que l'Arabie saoudite prenait ses distances par rapport au Liban, concentrant ses contacts avec notamment les Forces libanaises, dont les relations avec le Futur s'étaient d'ailleurs détériorées depuis que le parti de Samir Geagea s'était abstenu de désigner Saad Hariri pour former le gouvernement en octobre 2020.
Face à la montée en puissance d'un Hezbollah parrainé par l'Iran et qui bénéficie de la couverture chrétienne du camp présidentiel, le leadership sunnite espérait un appui soutenu de ses alliés régionaux traditionnels pour contrer le pouvoir grandissant de la formation pro-iranienne. Vue sous cette angle, la décision des leaders traditionnels sunnites de se retirer de la course parlementaire pourrait être interprétée comme un appel de phare à l'Arabie saoudite avec qui les rapports de Saad Hariri sont pratiquement rompus depuis qu'il s'est rapproché du camp présidentiel, avant sa démission en novembre 2019.
Tout ce tableau peut bien sûr changer dans les deux prochains mois en fonction des développements qui interviendraient au double plan local et régional. Dans ce contexte, une source politique de l'opposition estime qu'en dépit du froid au niveau de ses rapports avec Saad Hariri, l'Arabie saoudite n'accepterait pas un affaiblissement des sunnites au Liban au profit d'une hégémonie totale du camp pro-iranien sur le Liban. De mêmes sources, on n'exclut pas que Riyad pousse vers la constitution d'un front souverainiste dans la perspective des législatives. Celui-ci serait constitué du Courant du futur, des Forces libanaises et du PSP de Walid Joumblatt et engloberait des figures indépendantes de l'opposition. Il y a quelques temps, des informations avaient d'ailleurs circulé sur une médiation menée pour rapprocher le Courant du Futur et les FL.
Quoi qu'il en soit, l'arrivée à Beyrouth de Saad Hariri, est scrutée avec intérêt par l'ensemble de la classe politique. La décision que l'ancien Premier ministre devrait prendre au sujet de sa participation ou non aux prochaines législatives doit normalement inaugurer la saison électorale et permettre aux différentes forces politiques de pouvoir se positionner stratégiquement en fonction des choix qu’il fera.
Le Courant du futur reste la principale force sunnite et ses choix détermineront ainsi de facto ceux des autres partis, notamment de ses adversaires politiques qui n’ont toujours pas scellé leurs alliances, à moins de quatre mois de la date des élections. ( Hariri sous peu à Beyrouth : une nouvelle page politique ? )
Saad Hariri semble toutefois décidé à entretenir le suspense. Selon des sources proches de la Maison du centre, le leader sunnite ne fera pas connaître sa décision avant de se concerter avec les personnalités qui lui sont proches. Dès son arrivée à Beyrouth, il a lancé une batterie de contacts politiques, s’entretenant tour à tour avec le Premier ministre, Najib Mikati, le mufti de la République, Abdel Latif Deriane et le président de la Chambre, Nabih Berry. Selon les mêmes sources, M. Hariri a expliqué à ses interlocuteurs les raisons qui le pousseraient à ne pas se présenter aux prochaines élections.
Le chef du Courant du futur n’a pas fait de déclarations à sa sortie de ses entretiens avec le Premier ministre et le mufti. Son retour était attendu et annoncé depuis plusieurs semaines Un retour considéré déterminant pour son avenir politique et celui de son parti, s’accordait-t-on à souligner de diverses sources concordantes, alors que son absence, depuis qu’il a renoncé à former un gouvernement -en juillet 2021, à cause de l’importance de son conflit avec le président Michel Aoun, et son gendre, Gebran Bassil, chef du CPL, qui l’empêchaient de former un cabinet de technocrates- a alimenté les spéculations à ce sujet. Saad Hariri observait entre-temps un mutisme absolu. Les différents cadres et personnalités de son parti maintenaient à leur tour le flou au sujet de ses plans d’avenir.
Selon certaines informations obtenues par Ici Beyrouth Saad Hariri n’annoncerait ses choix qu’à la veille de la clôture du délai fixé pour le dépôt des candidatures, soit à la fin de mars. Un tel choix s’expliquerait par une volonté de perturber ses adversaires politiques et de prendre le temps d'évaluer à leur juste valeur avec les alliés et les cadres du parti, l’opportunité d’un engagement dans la bataille électorale, ou au contraire, d’un retrait ponctuel et de son impact sur la rue sunnite. Le chef du Courant du futur doit présider à cet effet aujourd'hui, une série de réunions internes pour discuter de l'échéance électorale.
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