Les hôpitaux de Gaza au bord du gouffre

Face à l’intensification des bombardements et au blocus imposé par Israël, les infrastructures de santé de la bande de Gaza sont sous pression extrême. Un tiers des 35 hôpitaux de la région ont cessé de fonctionner en raison des attaques ou du manque de carburant. Le Président Emmanuel Macron a dépêché un navire-hôpital, le « Tonnerre », un impressionnant bâtiment militaire qui a pour mission principale d’assister les hôpitaux de Gaza.
L’hôpital Al-Shifa, principal centre de santé de Gaza, opère bien au-delà de ses capacités. D’après des témoignages, de nombreux patients sont placés à même le sol, et les soignants sont débordés. Si le carburant n’est pas approvisionné dans les prochaines heures, la majorité des hôpitaux de la bande de Gaza risquent de ne plus avoir d’électricité. Cette situation pourrait entraîner des conséquences tragiques pour les patients nécessitant des soins intensifs ou une dialyse. Les bébés en couveuse seraient, eux aussi, directement impactés…
Le système de santé gazaoui, déjà fragilisé par un blocus de plus de 16 ans, est en état d’effondrement. Avec plus de 90 % des médicaments épuisés, certains médecins se voient contraints de pratiquer des interventions sans anesthésie. Les chirurgiens, quant à eux, sont parfois réduits à opérer en utilisant la lumière de leurs téléphones portables.
Malgré la gravité de la situation, seulement une soixantaine de camions d’aide humanitaire ont pu accéder à la région ces derniers jours. La France a envoyé un navire militaire pour soutenir les hôpitaux de Gaza, tandis que l’Organisation mondiale de la santé appelle à un cessez-le-feu immédiat. Les résolutions visant à instaurer une trêve, présentées par les États-Unis et la Russie, n’ont pas été adoptées. Des ONG internationales, dont Oxfam, tirent la sonnette d’alarme sur l’emploi de la famine comme arme de guerre. Plusieurs établissements fournissant des biens essentiels, tels que des supermarchés et des boulangeries, ont été ciblés par les frappes.
Israël, de son côté, a refusé les livraisons de carburant, craignant que le Hamas n’en détourne l’usage. Cependant, des experts suggèrent que des mécanismes de surveillance pourraient assurer un approvisionnement direct aux hôpitaux.
Avec le risque imminent d’une rupture totale en carburant, la bande de Gaza fait face à une catastrophe humanitaire. Les hôpitaux, les boulangeries et les systèmes d’approvisionnement en eau sont menacés, tout comme la capacité de l’UNRWA à aider les 600 000 déplacés.
Le personnel médical est également en première ligne. Selon l’OMS, 16 d’entre eux ont été tués depuis le début des affrontements. La tension est palpable, comme l’exprime le Dr Mourad Abed de l’hôpital Al-Aqsa : « chaque jour, je vis dans la crainte de voir un de mes proches parmi les victimes »

Crise sanitaire à Gaza : la France intervient

Dans ce contexte géopolitique tendu, la France manifeste sa présence en Méditerranée orientale à travers le déploiement du porte-hélicoptères « Tonnerre ». Sous les directives d’Emmanuel Macron, ce mastodonte maritime, ayant déjà quitté Toulon, a pour mission principale d’assister les hôpitaux de Gaza. Le navire déjà en route apporte une lueur d’espoir dans ce contexte difficile. Le « Tonnerre » est l’un des joyaux polyvalents de la marine nationale française, souvent décrit comme un « couteau suisse » par les hauts gradés. Outre sa capacité de transporter 16 hélicoptères, des véhicules blindés, des barges de débarquement et jusqu’à 900 soldats, le navire est également doté d’une structure hospitalière. Il peut offrir jusqu’à 69 lits et est équipé de deux blocs opératoires, un scanner et une salle de radiologie.
Cependant, l’opération comporte des défis. Il subsiste des préoccupations quant à la faisabilité de transporter des patients à bord du « Tonnerre », malgré ses aptitudes pour les opérations d’évacuation médicale. Par ailleurs, le bâtiment pourrait nécessiter des escales pour recharger son équipement, et certains ajustements demeurent à finaliser. L’interaction avec Israël joue un rôle crucial dans cette opération. Historiquement, la France a toujours informé Israël de ses mouvements maritimes dans la région, comme en témoigne l’évacuation de citoyens français du Liban en 2006. Le blocus maritime actuel sur Gaza implique que toute approche nécessite l’aval israélien. L’option de transférer du matériel par voie terrestre via l’Égypte est actuellement envisagée, nécessitant un accord avec les autorités égyptiennes.
En outre, la présence française en Méditerranée est renforcée par deux frégates, le Surcouf et l’Alsace, garantissant la sécurité du « Tonnerre » dans cette zone sensible. Avec Israël ayant des infrastructures offshore potentiellement cibles et les États-Unis ayant déployé deux porte-avions dans la région, la Méditerranée orientale est devenue un échiquier stratégique. Malgré les enjeux, la France affirme agir en coordination étroite avec les États-Unis pour assurer une intervention harmonieuse.
« Beaucoup de personnes vont mourir »…
Philippe Lazzarini, à la tête de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a averti que le nombre de morts à Gaza pourrait augmenter considérablement en raison du siège total imposé par Israël. Lors d'une conférence de presse tenue à Jérusalem ce vendredi, il a lancé un appel pressant pour une aide humanitaire "significative et continue".
Lazzarini a décrit une situation alarmante : "Des réserves de médicaments, de nourriture et d'eau qui s'épuisent et des égouts qui commencent à inonder les rues de Gaza." Depuis le 21 octobre, les convois d'aide qui parviennent au territoire palestinien sont largement insuffisants face à l'ampleur des besoins.
Il est impératif, selon lui, d'établir "un cessez-le-feu humanitaire" afin que l'assistance puisse atteindre les populations nécessiteuses. Depuis le début de la campagne de bombardements déclenchée par Israël le 7 octobre, à la suite d'une attaque du Hamas, plus de 7 000 Palestiniens ont été tués, dont près de 2 900 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas. Lorsqu'il a été interrogé sur la véracité de ces chiffres, Lazzarini a affirmé que les bilans fournis par le Hamas lors des conflits précédents à Gaza ont généralement été jugés crédibles.
L'agence de l'ONU a également déploré la perte de 57 de ses employés, décrits par Lazzarini comme des "mères, des pères, des personnes dévouées à leur communauté". La récente vague de violence a été déclenchée par des attaques du Hamas en territoire israélien, tuant plus de 1 400 personnes, majoritairement des civils.
 
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